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Criminalité : Michel Martelly, un des associés des gangs armés en Haïti, dénonce Leslie Voltaire du Cpt

P-au-P, 30 janv. 2025 [AlterPresse] --- Sous son administration politique (14 mai 2011 - 7 février 2016), l’ancien président Joseph Michel Martelly a légalisé les gangs armés dans l’objectif de contrôler le pouvoir politique et Haïti, a dénoncé le coordonnateur des actions au Conseil présidentiel de transition (Cpt), Leslie Voltaire, dans une interview accordée, le mercredi 29 janvier 2025, à la chaine de télévision TV5 Monde, suivie par AlterPresse.

Voltaire a été interviewé à l’occasion d’une visite de deux jours, les mardi 28 et mercredi 29 janvier 2025, en France, où il s’est entretenu avec le président français Emmanuel Macron sur la crise en Haïti.

A la question du journaliste de savoir comment Haïti a pu en arriver là, Voltaire évoque l’effondrement de l’État, provoqué par le tremblement de terre dévastateur du mardi 12 janvier 20210, mais aussi par la légitimation ou la légalisation des gangs armés sous l’ancienne administration politique de Joseph Michel Martelly.

Michel Martelly s’est associé aux bandes armées pour contrôler Haïti, avance Voltaire, rappelant combien Martelly a été sanctionné par les Nations unies, le Canada et les États-Unis d’Amérique.

Sanctions contre Martelly pour « trafic de drogue, blanchiment d’argent et parrainage de gangs

Dans un communiqué officiel publié le 20 août 2024, le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (Ofac) du Département du trésor des États-Unis a interdit aux institutions financières américaines d’accorder des prêts ou des crédits à l’ancien président d’Haïti, sanctionné pour « trafic de drogue, blanchiment d’argent et parrainage de gangs.

« Toute transaction de change, soumise à la juridiction des États-Unis d’Amérique et dans laquelle Martelly a un intérêt, est interdite ».

L’Ofac interdit aussi aux personnes américaines d’investir ou d’acheter des quantités importantes d’instruments de capitaux propres ou de dette de Martelly (qui est retourné vivre aux États-Unis depuis l’année 2016).

Martelly est sanctionné « pour avoir participé ou tenté de participer à des activités ou des transactions, qui ont contribué de manière significative, ou présentent un risque significatif de contribuer de manière significative, à la prolifération internationale de drogues illicites ou de leurs moyens de production ».

Il « a abusé de son influence pour faciliter le trafic de drogues dangereuses, notamment de cocaïne, à destination des États-Unis ».

Martelly s’est livré au blanchiment de produits de la drogue illicite, a travaillé avec des trafiquants de drogue haïtiens et a parrainé plusieurs gangs basés en Haïti, a signalé l’Ofac.

Le 17 novembre 2022, l’ex-président haïtien Joseph Michel Martelly et deux anciens premiers ministres, Laurent Salvador Lamothe (16 mai 2012 - 14 décembre 2014) et Jean Henry Céant (17 septembre 2018 - 18 mars 2019), ont été sanctionnés par le gouvernement du Canada, pour leur financement des gangs en Haïti.

Également, les Nations unies avaient déjà ciblé, en 2023, Michel Martelly dans le financement des gangs armés en Haïti, y compris l’ancien sénateur Youri Latortue, ex-président du sénat (2017 à 2018), l’ancien député Prophane Victor (2016 à 2020) et le directeur général du groupe Deka, Reynold Deeb.

Martelly a financé les gangs de la Base 257 (Pétionville) Village de Dieu, Ti Bwa et Gran Ravin (Port-au-Prince), notamment en leur fournissant des fonds ou des armes à feu, avait révélé un groupe d’experts de l’Organisation des Nations unies (Onu) sur Haïti, dans un rapport final rendu public le 18 octobre 2023.

Par l’intermédiaire des fondations ou des membres de sa garde rapprochée, Michel Martelly a établi des relations et négocié avec d’autres gangs ou chefs de gangs, comme Arnel Joseph, ancien chef du gang de Village de Dieu, abattu le vendredi 26 février 2021 à l’Estère (département de l’Artibonite) par la police.

Arnel Joseph a déclaré qu’il s’entretenait régulièrement avec un intermédiaire, travaillant dans l’unité de protection rapprochée de Martelly, lequel intermédiaire lui donnait des armes à feu et d’importantes sommes d’argent, selon le rapport onusien.

« L’ancien président a remis à Tèt kale (ancien chef de Gran Ravin) un fusil Galil 5.56 mm appartenant à la police et un fusil de même type à Christ-roi Chéry (Krisla), chef du gang Ti Bwa. Après l’assassinat de Tet Kale, Renel Destina (Ti Lapli) a récupéré l’arme », a expliqué, dans une vidéo, Ti Lapli, l’un des chefs actuels du gang de Gran Ravin. [emb rc apr 30/01/2025 12:10]

Photo : Capture d’écran