Español English French Kwéyol

Haïti-Criminalité : Risque d’accaparement par les gangs armés de toute la zone métropolitaine de Port-au-Prince, craint l’Onu

Par Emmanuel Marino Bruno

P-au-P, 23 janv. 2025 [AlterPresse] --- Les gangs armés pourraient « s’emparer de l’ensemble de la zone métropolitaine (de la capitale, Port-au-Prince). Ce qui entraînerait l’effondrement complet de l’autorité de l’État et rendrait impossibles les opérations internationales dans le pays, y compris celles visant à aider les communautes dans le besoin ».

Cette alerte est lancée par le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais Antonio Guterres, dans un rapport daté du 13 janvier 2025, rendu public à l’occasion d’une réunion de l’Onu sur la crise en Haïti, le mercredi 22 janvier 2025, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Guterres appelle la communauté internationale et les autorités en Haïti à s’empresser de faire tout ce qui est en leur pouvoir, pour éviter un tel scénario, à travers ce rapport consulté par AlterPresse.

Les gangs armés ont renforcé leur emprise sur Port-au-Prince, en l’encerclant, ainsi que toutes les routes qui y menaient, signale l’Onu.

Ils ont aussi lancé des attaques coordonnées contre l’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, des bâtiments gouvernementaux et d’autres infrastructures.

En 2024, plus de 5,600 personnes ont été assassinées en Haïti dans les actes de terreur et d’autres violences des groupes criminels, ont denombree les Nations unies.

De janvier 2023 à décembre 2024, plus d’un million de personnes sont déplacées par la terreur des gangs armés dans le pays,, d’après l’Organisation internationale pour les migrations (Oim).

Face à cette situation, l’Onu demande au gouvernement haïtien de financer les forces nationales de sécurité, qui conduisent des opérations antigangs, en dépit d’un manque important de ressources humaines, matérielles et financières.

Elle exhorte les autorités nationales à tout mettre en œuvre, pour renforcer les effectifs de la Police nationale d’Haïti (Pnh), à veiller à y consacrer les crédits nécessaires dans le budget du pays.

Elle encourage aussi à renforcer immédiatement la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti en personnels et en matériels.

La mission doit également bénéficier de niveaux de financement pour pouvoir s’acquitter pleinement de son mandat.

En ce sens, Antonio Guterres incite une nouvelle fois la communauté internationale à fournir d’urgence un soutien financier supplémentaire, pour assurer le maintien de la mission multinationale et la réalisation de ses objectifs.

Le fonds d’affectation spéciale pour la mission n’est doté que de 101,1 millions de dollars (Ndlr : US $ 1.00 = 131.00 gourdes ; 1 euro - 137.00 gourdes ; 1 dollar canadien - 91.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes aujourd’hui), fait-il savoir.

« Le temps presse. Tout retard supplémentaire ou toute lacune opérationnelle dans la fourniture d’un soutien international à la Police nationale, que ce soit dans le cadre de la mission multinationale ou de l’assistance bilatérale, fait courir le risque d’un effondrement catastrophique des institutions nationales de sécurité ».

Six mois après l’arrivée du premier contingent, la Mmas n’est toujours pas déployée à pleine capacité, regrette l’Onu.

Le samedi 18 janvier 2025, 218 policières et policiers kenyans (213 hommes et 5 femmes) sont venus renforcer la force multinationale en Haïti, dont les résultats sur le terrain sont vivement critiqués et qui est confrontée à d’importants défis financiers et logistiques. [emb rc apr 23/01/2025 12:35]