Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 17 janv. 2025 [AlterPresse] --- L’organisation internationale des droits humains Human Rights Watch demande à la communauté internationale d’apporter d’urgence son soutien à une réponse globale et respectueuse des droits humains à la crise multiforme en Haïti, dans un rapport publié le jeudi 16 janvier 2025, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Tout en répondant aux besoins immédiats de la population, cette réponse globale devrait être axée sur le rétablissement de la sécurité, le maintien de l’état de droit et le retour de la démocratie dans le pays, souligne-t-elle.
Human Rights Watch demande au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) d’autoriser et de déployer rapidement une mission des Nations unies à part entière en Haïti, suite à la demande du gouvernement de transition de transformer en mission onusienne la Mission d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti.
Cette mission devrait s’inscrire dans une stratégie plus large, qui comprend des garanties en matière de droits humains, des mécanismes de surveillance et des mesures de responsabilisation, pour prévenir les préjudices passés et remédier aux séquelles des interventions précédentes, préconise Human Rights Watch.
Réalité catastrophique en Haïti
L’organisation internationale de défense des droits humains relève des niveaux catastrophiques de la crise en Haïti, où les groupes criminels alliés intensifient leurs attaques coordonnées à grande échelle contre la population et les infrastructures clés de l’État.
Cette escalade de violences des gangs armés paralyse également « presque une grande partie du pays et aggravent la situation déjà désastreuse des droits humains et la situation humanitaire ».
« Tout au long de l’année 2024, des groupes criminels ont tué, enlevé et utilisé la violence sexuelle pour contrôler la population d’Haïti, déjà accablée par la pauvreté croissante, la faim et le manque d’accès aux services essentiels », a déclaré la chercheuse senior pour les Amériques à Human Rights Watch, la Colombienne Nathalye Cotrino.
Elle déplore une absence d’amélioration de la sécurité et de rétablissement de l’État de droit, malgré la nomination d’un gouvernement de transition et le déploiement de la Mmas, autorisée en octobre 2023 par l’Onu pour soutenir la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Dirigée par le Kenya, la Mmas, dont les opérations en Haïti ont commencé en juin et juillet 2024 avec le déploiement d’environ 400 agents sur les 2,500 prévus, suivis de l’arrivée, le jeudi 12 septembre 2024, de 24 soldats et policiers jamaïcains ainsi que de 2 soldats béliziens, est confrontée à d’importants défis financiers et logistiques.
Beaucoup critiquent l’efficacité des opérations de lutte de la force multinationale et de la Pnh contre la criminalité en Haïti, notamment à Port-au-Prince où les groupes criminels contrôlent désormais environ 85 % de territoires.
En 2024, les groupes criminels ont tué plus de 5,600 personnes en Haïti, selon les Nations unies.
Le nombre de plus de 700 mille Haïtiennes et Haïtiens déplacé-e-s à l’intérieur du pays à cause des violences des gangs, est passé à plus d’un million de personnes déplacées par la terreur des gangs armés en décembre 2024, d’après l’Organisation internationale pour les migrations (Oim).
Des attaques coordonnées ont été lancées, depuis le 29 février 2024, par les principaux groupes criminels, réunis au sein de la coalition Viv Ansanm contre les principales prisons, commissariats de police, bureaux gouvernementaux et infrastructures clés,telles que les établissements de santé et d’éducation de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, rappelle l’organisation internationale des droits humains Human Rights Watch.
De telles attaques ont quasiment paralysé le pays et l’acheminement de l’aide humanitaire vitale pendant près de trois mois.
Hausse du recrutement d’enfants par les gangs armés
« Les groupes criminels ont accru leur recrutement d’enfants, profitant de la faim et de la pauvreté généralisées. En octobre (2024), au moins 30 % des membres de groupes criminels étaient des enfants », mentionne le rapport de Human Rights Watch.
Sous emprise de gangs, ces enfants ont « participé à des extorsions, des pillages et des actes de violence graves, notamment des meurtres et des enlèvements, mais ont également été victimes d’abus au sein des groupes criminels ».
L’organisation internationale de droits humains critique l’absence de stratégie et de ressources du gouvernement de transition, pour garantir la protection de tous les enfants, « notamment en leur donnant accès à l’éducation et à la justice, et en leur proposant des voies légales pour sortir des groupes criminels ».
En dix mois, près de 4 mille filles et femmes victimes de violences sexuelles
Entre janvier et octobre 2024, près de 4 mille filles et femmes ont signalé des violences sexuelles, notamment des viols collectifs, principalement commises par des membres de groupes criminels, relève l’organisation Human Rights Watch.
Elle signale combien le recours à la violence sexuelle par les groupes criminels est désormais généralisé.
« Les survivantes ont un accès limité aux services de protection et de soins, en raison des ressources institutionnelles limitées et de la perturbation des services essentiels, notamment des soins de santé, causée par la violence ». [emb rc apr 17/01/2025 13:35]