Par l’ingénieur-agronome Moïse Charles *
Soumis à AlterPresse le 10 janvier 2025
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti a été l’une des catastrophes naturelles les plus dévastatrices de l’histoire. Il a provoqué la mort d’environ 230,000 personnes et a laissé des millions d’autres sans abris.
En mémoire des victimes, il est essentiel de se souvenir des vies perdues et des souffrances endurées.
Des souffrances générées par le manque d’aménagement du territoire,
Depuis la promulgation de la loi sur la Régionalisation et l’Aménagement du Territoire en 1982 et le vote de la Constitution du 29 mars 1987, le système traditionnel de Planification sectorielle et globale, sans préoccupation spatiale, est mis en question en Haïti, au profit d’une nouvelle approche s’articulant autour de la nécessité d’intégrer la dimension spatiale dans l’élaboration des Plans et Programmes de développement économique et social.
Contrairement aux anciennes pratiques axées sur la centralisation excessive, l’article 81 de la nouvelle Constitution dénote une réelle volonté décentralisatrice : « le Conseil départemental élabore le Plan de développement du département, avec l’appui de l’Administration publique ».
C’est dans ce contexte que s’inscrit la problématique actuelle de la planification en Haïti, dont l’une des exigences réside, sans conteste, dans la participation active des collectivités territoriales et locales aux prises de décisions les concernant.
Somme toute, la planification territoriale en Haïti est confrontée à certains problèmes : la Constitution a établi, depuis 1987, les mécanismes à mettre en place pour favoriser l’émergence de la décentralisation dans le pays. Mais, jusqu’à présent, le nouveau système de planification décentralisée est encore en gestation. Les structures prévues à cet effet, même quand elles existent, ne sont pas fonctionnelles. C’est pourquoi aucun Plan départemental n’a encore vu le jour, malgré les impératifs de la Constitution.
L’événement du mardi 12 janvier 2010 met aussi en évidence un diagnostic de la situation économique et sociale d’Haïti, et passe en revue le cadre méthodologique et les instruments nécessaires à l’élaboration des Plans départementaux en Haïti.
Il convient d’insister sur le fonctionnement adéquat d’un Cadre national de planification (schéma national d’Aménagement du territoire) devant servir de guide à l’élaboration des schémas d’Aménagement départementaux et des Plans départementaux.
Créé en réponse à un constat alarmant et à la nécessité d’actions cohérentes et coordonnées en matière d’aménagement du territoire, le Comité interministériel d’aménagement du territoire (Ciat) est une institution étatique, qui a pour mission de définir la politique du gouvernement en matière d’aménagement du territoire, de protection et de gestion des bassins versants, de gestion de l’eau, de l’assainissement, de l’urbanisme et de l’équipement.
Le tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010 met en évidence l’état d’extrême vulnérabilité d’un territoire, qui s’est déstructuré au fil du temps, dans sa dimension urbaine comme dans sa dimension environnementale.
Dans le cas présent, la notion de faute humaine s’ajoute à celle d’une nature hostile ; ce seul fait nouveau devrait être le support d’un sursaut national permettant de restaurer la confiance de la population.
Les enjeux de la reconstruction
Redonner le goût de l’action collective et du bien-être commun, redonner le goût de l’action collective et du bien commun figurent parmi les enjeux de la reconstruction.
Ce n’est plus l’objet d’un débat mené en vain depuis trop longtemps, c’est maintenant une nécessité vitale.
Sans oublier le décret 2006 sur la gestion de l’environnement et la conduite de chaque citoyenne de chaque citoyen, il faudrait que l’environnement représente Ie support de toute croissance économique et que la qualité de l’environnement influence directement sur la qualité de la vie.
En outre, le décret considère que la dégradation de I’environnement haïtien a atteint des proportions alarmantes, hypothéquant Ie développement durable du pays et qu’il est impératif pour I’État de prendre des mesures appropriées pour la sauvegarde et la protection de I’environnement.
C’est pour cela qu’il est du devoir de l’État de promouvoir I’éducation écologique, en permettant un meilleur accès des citoyennes et citoyens a I’information y relative, afin qu’elles et qu’ils puissent participer et être attentives et attentifs aux décisions, qui ont des incidences sur I’environnement et Ie développement durable.
Ce décret préconise qu’une bonne gouvernance environnementale, avec l’intégration et Ia participation de l’État, des collectivités territoriales et de la société civile, est un important instrument de lutte contre la dégradation du cadre de vie, contre la misère et la pauvreté.
Le tremblement de terre du mardi 12 janvier 2010 a également mis en lumière la résilience du peuple haïtien ainsi que l’importance de l’aide internationale et de la solidarité en cas de crise.
Souvenons-nous de celles et de ceux qui ont perdu la vie, et continuons à soutenir celles et ceux qui, malgré les défis, s’efforcent de reconstruire leur vie.
15 ans de tremblement de terre , 15 ans de séisme , quelle que soit l’appellation, l’urgence est de mise.
* Ingénieur en environnement, spécialiste en droit international de l’eau
Photo : Gotson Pierre