Pte. Riv. De l’Artibonite, 24 août 05 [AlterPresse] --- à€ moins de deux mois du premier tour des élections en Haïti, de nombreux citoyens haïtiens vivant en milieu rural n’ont pas accès à un centre d’enregistrement des électeurs et électrices.
Lors d’un rassemblement, le 22 août, à la Petite Rivière de l’Artibonite, des paysans venant des communes et sections communales de six départements d’Haïti ont pour la majeur partie déclaré à AlterPresse qu’aucun bureau d’inscription n’a été installé dans leurs localités respectives.
Sur les quelques 300 délégués d’organisations paysannes présents à cette réunion, seulement 1% a déjà rempli les formalités d’inscription.
Participant à ces assises, l’économiste Camille Chalmers a estimé que ces élections sont totalement contrôlées par des institutions internationales comme l’Organisation des Etats Américains (OEA) et l’Ambassade américaine à Port-au-Prince.
Pour le responsable de la Plate-Forme Haïtienne pour un Développement Alternatif (PAPDA), c’est une infime minorité de paysans qui jusqu’à présent a la possibilité de se faire inscrire. Chalmers a estimé que ces élections ne feront contribuer qu’à l’aggravation de la crise haïtienne et seront contestées comme celles de l’année 2000 ayant porté au pouvoir le régime Lavalas de Jean Bertrand Aristide.
« Haïti ne peut connaître aucun progrès en matière de développement tant que les paysans ne jouent pas leur rôle dans les grandes décisions de la nation », a déclaré Camille Chalmers, qui invite les partis politiques à organiser des débats avec les paysans pour discuter des problèmes concernant la production nationale.
« C’est en renforçant l’économie paysanne que l’on peut arriver à renforcer l’économie nationale (...), et tant que les partis politiques ne seront pas en mesure de répondre à ces questions, ils ne seront pas non plus habilités à mener la barque du pays », a-t-il ajouté.
Outre les critiques émises par le professeur Chalmers, nombre de citoyens de Petite Rivière de l’Artibonite ont exprimé à AlterPresse leur scepticisme quant à la bonne conduite du processus électoral.
« Nous ne pouvons pas comprendre qu’à quelques deux mois de la tenue de ces élections, aucun électeur de notre commune ne dispose de sa carte électorale alors que le CEP avait parlé d’une échéance de deux mois pour la livraison de ces cartes », s’est inquiété un habitant de Petite Rivière de l’Artibonite.
Selon les informations dont dispose AlterPresse, dans certaines régions du pays l’accès aux bureaux d’inscription est refusé à de nombreux paysans pour cause de détérioration d’empreinte digitale. La rudesse des travaux effectués dans les champs a affecté leurs lignes digitales, a-t-on appris de source digne de foi.
Pour la livraison des cartes d’identification nationale, ci-devant carte électorale, le porte-parole du Conseil Electoral Provisoire avait soulevé la question d’empreintes digitales arguant que « tant que les empreintes ne sont pas analysées, c’est-à -dire, tant que la liste ne soit pas épurée, on est dans l’impossibilité de fabriquer les cartes d’identification nationale ».
Le 4 août, le Secrétaire général du CEP, Rosemond Pradel, avait indiqué que l’important pour son institution c’est d’aider les Haïtiens de la ville et des milieux ruraux à « bénéficier d’une pièce d’identité ». [do apr 24/08/05 00:10]