P-au-P., 23 août 05 [AlterPresse] --- L’Institut caraïbéen pour la démocratie (CGID) basé à New York a critiqué l’exigence d’un visa et d’un bond de sécurité de quatre cents dollars américains faite par les autorités de la Dominique aux haïtiens voyageant dans cet Etat du Commonwealth, a rapporté ce 23 août l’agence Caribbean Net News.
Le CGICD assimile cette mesure à « un acte discriminatoire à l’égard du peuple haïtien et une violation flagrante des articles 7, 45 et 46 du Traité modifié de Chaguaramas ».
Cette question doit être portée par devant la Cour caraïbénne de justice (CCJ), a déclaré le Président de l’institut, Rickford Burke.
Le traité de Chaguaramas, qui régit la Communauté des Etats de la Caraïbe (Caricom), a été amendé par les dirigeants de la Caricom en 1989 en vue d’établir une économie et un marché caraïbéens uniques baptisés CSME. Le CSME - qui transforme les territoires de la Caricom en une « unité économique » - prendra effet le 1er janvier 2006.
En janvier 2005, le Premier ministre de la Dominique Roosevelt Skerrit avait indiqué, rappelle Caribbean Net News, que l’affluence constante d’haïtiens constituait une source de préoccupation pour la sécurité nationale de la Dominique et que les nouvelles restrictions visaient à réduire le nombre de visiteurs en provenance d’Haïti.
Skerrit affirme que son administration a adopté cette « disposition audacieuse » après avoir considéré soigneusement la situation des haïtiens. Son gouvernement a ordonné au département de l’Immigration de la Dominique de rapatrier les haïtiens qui arrivent sans les qualifications requises pour entrer à la Dominique.
Le CGID dit comprendre le dilemme de la Dominique face à l’immigration illégale et les risques que celle-ci fait peser sur la sécurité nationale. Cependant, l’Institut souligne que l’adoption d’une posture protectionniste et restrictive - dans une conjoncture où la Dominique s’est engagée dans une course vers l’unification et la libéralisation économique, le libre commerce, la liberté de mouvement et l’harmonisation politique entre les pays de la région - est une décision rétrograde et à courte vue.
Selon des sources diplomatiques et consulaires contactées par AlterPresse, la plupart des haïtiens se rendant à la Dominique ont en fait dans leur plan comme destination finale des territoires français d’Outre mer, en particulier la Guadeloupe. Un véritable réseau fonctionnerait en ce sens et faciliterait ces mouvements.
D’après ces mêmes sources, la décision des autorités de la Dominique - qui seraient au courant de ce réseau - d’exiger quatre cents dollars américains des haïtiens voyageant dans cet Etat, n’aurait au fait que des motivations pécuniaires. [vs apr 23/08/05 14:15]