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23 août 2005, Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition

Faire de la traite négrière et de l’esclavage une tragédie de l’humanité tout entière

Message du Directeur général de l’UNESCO Koichiro Matsuura

Soumis à AlterPresse le 22 aout 2005

Par sa Résolution 29 C/40, la Conférence générale de l’UNESCO a proclamé le 23 août de chaque année Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition. Cette date a été choisie en référence à la nuit du 22 au 23 août 1791, alors que commençait à Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti et République dominicaine) l’insurrection qui allait jouer un rôle déterminant dans l’abolition de la traite négrière transatlantique et l’émancipation des peuples d’Amérique latine et des Caraïbes.

La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition vise à inscrire la traite négrière dans la mémoire de tous les peuples. Conformément aux objectifs du projet interculturel « La route de l’esclave », elle nous offre l’occasion d’une réflexion commune non seulement sur les causes historiques, les enjeux et les modalités d’opération de cette tragédie, mais aussi sur ses conséquences durables pour l’Europe, les Amériques, les Caraïbes et l’océan Indien, voir pour le monde entier.

La traite négrière, l’esclavage et ses abolitions appartiennent à l’histoire. Ils n’appartiennent pas au passé. Ils nous permettent de comprendre un présent hélas marqué par le racisme et les discriminations hérités de cette histoire tragique. Ils interrogent également l’avenir et incitent à la réflexion sur la construction de nouvelles citoyennetés respectueuses de nos sociétés, de plus en plus multiethniques et multiculturelles. Enfin, ils nous révèlent comment, en dépit de la persistance des stéréotypes les plus radicaux et de la mise en œuvre de politiques de discrimination les plus brutales, un pas inattendu vers la communication interculturelle a été franchi, offrant ainsi une nouvelle chance au dialogue.

La commémoration de cette Journée du 23 août revêt cette année un caractère particulier ; elle a lieu après les événements qui ont marqué 2004, proclamée par l’Assemblé générale des Nations Unies « Année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de son abolition », dont la célébration a fait l’objet d’une forte mobilisation dans les différents pays et suscité de nombreux espoirs. Elle coïncide également avec le dixième anniversaire du projet « La route de l’esclave », dont l’évaluation a montré l’intérêt et les attentes à travers le monde.

La dynamique créée par l’Année internationale nous invite à redoubler nos efforts pour faire de la traite négrière et de l’esclavage une tragédie de l’humanité tout entière. L’UNESCO n’a pas seulement un devoir de mémoire à accomplir ; elle a également une obligation éthique de vigilance.