P-au-P, 03 déc. 2024 [AlterPresse] --- Le Conseil présidentiel de transition (Cpt) demande à la Police nationale d’Haïti (Pnh) de diligenter une enquête sur le grave incident, survenu, le lundi 11 novembre 2024, à Delmas 33, où plusieurs individus déjà blessés et neutralisés ont été abattus par les forces de l’ordre, alors qu’ils se trouvaient à bord d’une ambulance de l’organisation Médecins sans frontières (Msf).
Cette enquête devrait permettre de renforcer la confiance que la population haïtienne et les institutions internationales ont placée en la Pnh, estime le Cpt, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Il déclare condamner « avec la plus grande fermeté » l’événement du lundi 11 novembre 2024, soulignant combien l’ambulance représente « un espace protégé et sanctuarisé par le droit humanitaire international », et doit demeurer inviolable.
« Un tel acte constitue une violation flagrante du devoir fondamental d’assistance aux personnes en danger, quel que soit leur statut ou leur identité », dénonce le Cpt, tout en rappelant aux forces de l’ordre leur engagement à garantir la sécurité et l’intégrité des institutions et du personnel de santé, tant publics que privés.
L’exécution sommaire de plusieurs patients blessés de Msf est intervenue dans un contexte d’intensification des attaques de gangs armés dans le pays, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
Dans une note d’avertissement en date du mardi 19 novembre 2024, l’organisation Msf a affirmé être contrainte de suspendre ses activités à Port-au-Prince jusqu’à nouvel ordre, suite à de graves menaces proférées à l’encontre de son personnel par des membres des forces de police haïtiennes.
« Le 11 novembre (2024), une ambulance de Msf avait été attaquée, entrainant l’exécution d’au moins deux patients et une agression contre le personnel médical. La semaine qui a suivi, des policiers ont arrêté à plusieurs reprises des véhicules Msf et menacé directement le personnel, incluant des menaces de mort et de viol », déplore-t-elle.
De tels incidents répétés ont forcé l’organisation à interrompre toutes les admissions de patientes et patients, et les transferts vers ses cinq structures médicales dans la capitale haïtienne à compter du 20 novembre (2024), parce qu’ils sont la manifestation d’un ciblage direct du personnel et des patient-e-s de Msf en Haïti, a déclaré Msf.
« Nous restons engagés auprès de la population haïtienne. Mais, nous ne pourrons reprendre les admissions de nouveaux patients dans nos structures à Port-au-Prince qu’à condition de recevoir des garanties de sécurité et de respect de notre mandat médical et humanitaire par les groupes armés, les membres de groupes d’auto-défense et les forces de l’ordre », a affirmé le chef de mission de Msf en Haïti, Christophe Garnier. [emb rc apr 03/12/2024 12:30]