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Haïti-Criminalité : « Jusqu’à la moitié des membres des groupes armés sont des enfants », alerte l’Unicef

P-au-P, 25 nov. 2024 [AlterPresse] --- « A l’heure actuelle, jusqu’à la moitié des membres des groupes armés sont des enfants. Cette hausse sans précédent, enregistrée entre le deuxième trimestre 2023 et le deuxième trimestre 2024, témoigne d’une aggravation de la crise de protection des enfants dans cette île des Caraïbes en proie à la violence », s’inquiète le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), dans un communiqué en date du lundi 25 novembre 2024, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Au cours de l’année 2023, « le nombre d’enfants recrutés par des groupes armés en Haïti a augmenté de 70 % », signale l’Unicef.

Un enfant, membre de gang, a été tué et son cadavre brûlé à Bourdon (Port-au-Prince), lors d’une tentative d’offensive de bandits armés dans la zone, dans la nuit du lundi 18 au mardi 19 novembre 2024.



Plusieurs dizaines de bandits ont été tués et leurs corps brûlés, dans les communes de Pétionville, Delmas, Bourdon, avenue Martin Luther King plus connue sous le nom de Lalue, au niveau de Poste Marchand et Canapé Vert.

Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh) a fait état de 1,223 morts et de 522 blessés dans les violences des gangs dans le pays, entre juillet et septembre 2024.

La directrice générale de l’Unicef et principale défenseure du Comité permanent inter-organisations pour Haïti, l’Américaine Catherine Russell, relève une augmentation sans cesse du nombre d’enfants, recrutés par les groupes armés en Haïti, « qui alimentent leur désespoir ».

Elle appelle à inverser « cette tendance inacceptable », en veillant à ce que la sécurité et le bien-être des enfants soient une priorité pour toutes les parties.

L’escalade des violences, la pauvreté généralisée, le manque d’éducation et le quasi-effondrement des infrastructures et des services sociaux essentiels en Haïti sont à l’origine de l’augmentation du recrutement d’enfants par les groupes armés, explique l’Unicef.

« Les enfants sont souvent contraints de rejoindre les groupes armés, pour soutenir leurs familles ou sous la menace de menaces pour leur sécurité. Beaucoup sont recrutés après avoir été séparés de leurs tuteurs, privés de toute protection et de toute possibilité de survie ».

« Parallèlement, les enfants, qui vivent dans les zones de plus en plus rares qui échappent au contrôle des groupes armés, sont souvent considérés avec suspicion et risquent d’être qualifiés d’espions, voire tués par des groupes d’autodéfense », poursuit l’Unicef.

Des chiffres font état d’1,2 million d’enfants, qui vivent sous la menace des violences armées dans la capitale, Port-au-Prince.

25 % des 703 mille personnes déplacées à l’intérieur du pays – soit 365 mille enfants – vivent actuellement dans la ville Port-au-Prince, dans des conditions très difficiles,et sont exposés à de multiples menaces, selon l’Unicef.

Le nombre d’enfants exposés à la violence sexuelle a décuplé, cette année 2024 seulement en Haïti, où les agressions sexuelles et les viols sont devenus monnaie courante, d’après le Bureau de la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba.

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance exhorte toutes les parties en Haïti, y compris les forces de sécurité et le gouvernement, à donner la priorité à la sécurité et à la protection de tous les enfants et veiller à ce qu’ils soient traités comme des enfants avant tout.

Il demande de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter de nouveaux meurtres et blessures d’enfants, y compris ceux recrutés.

Il préconise de soutenir la libération immédiate des enfants, recrutés par les groupes armés, et leur remise immédiate aux actrices et acteurs civil-e-s de protection de l’enfance pour leur rétablissement et leur réintégration.

L’Unicef exige aussi de veiller à ce que les droits et la protection de tous les enfants en Haïti soient au cœur de tous les programmes présents et futurs, tout en encourageant à protéger les enfants du recrutement, de la violence sexuelle et d’autres formes de violences, et à leur donner un accès sûr aux services de base, notamment l’éducation, la santé, la nutrition et la protection de l’enfance. [emb rc apr 25/11/2024 11:20]