P-au-P, 27 nov. 2024 [AlterPresse] –- Après l’opposition formelle de la Fédération de Russie et la Chine au projet de transformation de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en une opération de maintien de la paix en Haïti, l’accent serait mis sur le développement rapide de la Mmas.
L’opposition de ces deux pays ayant droit de veto au Conseil de sécurité a été exprimée lors d’une réunion au dit-Conseil à propos de la situation en Haïti, le mercredi 20 novembre 2024 et suivie par AlterPresse.
L’accent est actuellement mis au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies sur le développement rapide de la Mmas, a souligné la Chine, estimant que toute discussion sur sa transformation en opération de maintien de la paix « ne ferait qu’interférer avec sa capacité à s’acquitter de son mandat et rendrait son déploiement encore plus difficile ».
La Russie a estimé qu’on ne pouvait parler d’une véritable demande d’Haïti en l’absence d’autorités légitimes et au vu des dissensions qui frappent l’exécutif intérimaire.
Elle a qualifié d’irresponsables les discussions quant à une transformation de la mission multinationale, invitant à débattre sur des problèmes auxquels elle se heurte et des manières de les régler.
« Il y a quelques années, ils (les Etats-Unis) souhaitaient le retrait de l’opération de maintien de la paix, il y a un an, ils avaient promis de garantir le déploiement d’une mission non onusienne, et maintenant ils nous disent qu’il faut y envoyer des Casques bleus », argue le représentant de la Russie.
La situation du terrain, assimilable à une guérilla urbaine, ne convient pas à une mission de maintien de la paix des Nations unies, considère-t-il.
De son côté, la Chine a abondé dans ce sens, précisant que le contexte actuel en Haïti ne remplit pas les conditions de paix nécessaires au déploiement d’une opération de maintien de la paix.
Face à des gangs « armés jusqu’aux dents », une telle opération ne ferait que placer les soldats de l’Onu sur la ligne de front, poursuit-elle.
Le représentant de la Chine fait état d’un bilan sévère des nombreuses missions onusiennes déployées en Haïti, relevant leur coût élevé et la mort de nombreux soldats, avec pour seul résultat « le chaos total et le ressentiment du peuple haïtien ».
Les États-Unis d’Amérique et l’Équateur avaient essuyé un premier revers lié à l’obtention du soutien de la Chine et de la Russie, en vue de la transformation de la Mmas en mission de maintien de la paix de l’Onu, avait révélé fin septembre 2024 le journal floridien Miami Herald, dans un article.
La prorogation de la Mmas a été décidée par le Conseil de sécurité des Nations unies, le lundi 30 septembre 2024, pour un an soit jusqu’en octobre 2025.
Plus de 400 policiers et militaires étrangers, dont un petit contingent de soldats jamaïcains sont présents en Haïti, près de quatre mois après le déploiement, le mardi 25 juin 2024, à Port-au-Prince, du premier contingent de policiers kenyans
Beaucoup de voix en Haïti critiquent l’inefficacité de cette mission multinationale, dirigée par le Kenya, qui vise à aider Haïti à rétablir la sécurité et à créer des conditions propices à la tenue d’élections libres et équitables dans le pays.
Les violences des gangs armés ne cessent d’être intensifiées dans le pays notamment dans le département de l’Ouest, plus précisément dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince et l’Artibonite.
Le vaste quartier de Solino est venu allonger la liste des territoires perdus, au cours du mois de novembre 2024, malgré la présence de la Mmas. [emb apr 27/11/2024 12 :35]