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Haïti-Transition : Me. Samuel Madistin et Jacques Ted Saint-Dic prédisent une catastrophe et proposent d’autres pistes de solutions

Par Charilien Jeanvil

P-au-P., 13 nov. 2024 [AlterPresse] --- Le changement récent, opéré au niveau de l’exécutif, n’augure rien de bon pour Haïti. Il aggravera la crise, ont déclaré Me. Samuel Madistin de la Fondasyon Je Klere (Fjkl) et Jacques Ted Saint-Dic du Bureau de suivi de l’Accord de Montana.

Pour Samuel Madistin et Jacques Ted Saint-Dic, le remplacement de Garry Conille par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé à la primature, plongera le pays davantage dans l’abîme. « C’est alarmant que le secteur privé du pays s’accapare du pouvoir » ont analysé le juriste et l’économiste, lors de leur participation respective le 11 novembre 2024 à l’émission FwoteLide, diffusée sur AlterRadio 106.1 FM et en ligne, et suivie par AlterPresse.

Me. Madistin se veut clair : « les contrebandiers » reprennent le pouvoir.

Pour Ted Saint-Dic, « c’est dangereux de confier l’hégémonie du pouvoir politique au secteur privé ».

Ils ont rappelé un supposé scandale de pots de vin entourant Alix Didier Fils-Aimé lors de sa candidature au poste de premier ministre au mois d’avril 2024.

Il ne fait aucun doute pour eux, cette nouvelle équipe ne peut pas organiser des élections.

Madistin et Saint-Dic exigent de stopper cette perte de temps constante, qui ne fait qu’empirer la situation de la population, en proie à un déferlement de violences des gangs armés.

Ils dénoncent l’avidité et l’attitude des autorités en place, qui ne se sont pas élevées à la hauteur et à la dimension d’hommes et de femmes d’État, dans une période de crise aigüe, qui impose la solidarité et la moralité.

Ils regrettent également que les membres du Conseil présidentiel de transition (Cpt) dédaignent les préoccupations du peuple haïtien, sans prendre conscience de la gravité de la crise.

Ils prônent tous deux un changement de cap.




Une monté de violences des gangs est observée à la capitale depuis la veille de l’installation du nouveau premier ministre, le 11 novembre 2024.

Des détonations d’armes à feu sont entendues et des déploiements de bandits sont constatés dans plusieurs quartiers où des personnes ont été tuées et des maisons pillées et incendiées.

Il en résulte une situation d’incertitudes et d’inquiétudes sur Haïti, aujourd’hui isolée au niveau international après la décision des lignes aériennes de ne pas voyager en Haïti, suite à des tirs ayant touché des avions en vol.

La plupart des écoles et entreprises commerciales ont gardé leurs portes fermées. Les rues sont presque désertes dans plusieurs quartiers du centre-ville de Port-au-Prince.

Me Samuel Madistin plaide pour la formation d’un gouvernement dirigé par un juge de la cour de cassation, sans premier ministre, arguant que l’histoire a prouvé que les acteurs de la cour de cassation ont à plusieurs reprises aidé le pays a sortir de l’impasse.

Jacques Ted Saint-Dic suggère, lui, de reconstituer les secteurs signataires de l’accord du 3 avril 2024 et d’autres entités, pour rediscuter de nouvelles directives à donner à la transition.

Il recommande aussi d’écarter les 3 membres du Cpt, inculpés dans un scandale de pots-de-vin et de procéder à un vetting de la gestion des autres membres du Cpt.



Alix Didier Fils-Aimé a été installé, le lundi 11 novembre 2024, comme nouveau Premier ministre haïtien, succédant à Garry Conille, qui a brillé par son absence lors de la cérémonie.

Fils-Aimé a promis de se mettre rapidement au travail, afin de rétablir la sécurité dans le pays.

« Je prends l’engagement de mettre mon énergie, mes compétences et mon patriotisme au service de la cause nationale », a-t-il déclaré.

L’ancien candidat malheureux aux sénatoriales de 2016 prend les commandes du gouvernement dans un contexte d’aggravation de la crise sécuritaire. [cj gp apr 13/11/2024 15:00]