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Après la catastrophe aérienne du Venezuela affectant particulièrement la Martinique

La sécurité des vols vers les Caraibes en question

Par le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais

Soumis à AlterPresse le 22 aout 2005

Dans le cadre de la catastrophe aérienne du Venezuela au cours de laquelle la Martinique a payé un lourd tribut, le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais a mandaté officiellement Maître Gilbert COLLARD, pour se constituer " Partie Civile " dans le cadre de l’instruction judiciaire ouverte jeudi par le Procureur de la République de Fort-de-France Serge SAMUEL, pour des chefs d’homicides involontaires, afin que soient garantis les droits des victimes et ceux de leurs familles.

Le Collectif, qui souhaite accéder au dossier afin de s’assurer que toute la lumière sera faite sur le crash, entend également adresser un signal fort aux compagnies aériennes qui, à un titre ou un autre desservent l’Outre-Mer.

Ce drame doit permettre d’ouvrir une vraie réflexion sur les conditions de transport de l’hexagone vers l’Outre-Mer, plusieurs fois dénoncées par le Collectif. Car, ce ne sont pas uniquement les compagnies étrangères ou les charters qui posent le problème de la sécurité des passagers. Les vols entre l’hexagone et l’Outre-Mer ont connu récemment de graves incidents et les compagnies comme les pouvoirs publics, alertés par le Collectif, ont réagi tardivement et dans la plus totale opacité.

1°) Les compagnies aériennes qui desservent l’Outre-Mer, sous couvert de lignes régulières, fonctionnent en réalité comme des charters :

• Les charters utilisent des avions âgés, déjà amortis. C’est aussi le cas pour CORSAIR et AIR FRANCE dont les B 747-300 qui volent vers l’Outre-Mer ont entre 20 et 30 ans. Ceci est d’autant plus scandaleux qu’AIR FRANCE pratique une politique différente suivant les destinations : Pour l’Europe, les Etats-Unis ou le Japon, les avions les plus récents ont entre 6 et 7 ans de moyenne d’âge ...

• Les charters réalisent des économies substantielles en terme de service aux passagers. C’est aussi le cas des deux compagnies européennes qui ont un nombre de personnels réduits en vol et offrent un service à bord de piètre qualité.

• Les charters utilisent des avions réaménagés pour prendre plus de passagers. Les B-747-300 conçus pour 470 passagers sont utilisés en version 507 passagers pour Air France et 580 pour Corsair.

La seule différence réside dans les prix prohibitifs pratiqués vers l’Outre-Mer par les compagnies régulières pendant les périodes de vacances ; près de trois fois un prix charter, soit 1200 à 1500 euros alors que le seuil de rentabilité est autour de 400 euros.

2°) En cas de menace grave sur la sécurité, les compagnies aériennes comme les autorités étatiques font preuve d’opacité totale.

D’octobre 2004 à janvier 2005, des dizaines d’incidents graves et répétés, qui pouvaient présenter un danger pour la sécurité des passagers, ont affecté plusieurs compagnies aériennes, et particulièrement Corsair. Le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais a saisi l’ensemble des ministres concernés, la DGAC, ainsi que tous les parlementaires français en décembre 2004 et janvier 2005.

Plus de 80 interventions politiques, questions écrites ou orales de parlementaires ont reçu des réponses inexactes de Gilles de Robien et de François Goulard en charge du dossier (voir notre dossier sur notre site Internet : www.collectifdom.com, rubrique Continuité et prix des billets). Ces ministres minimisaient les incidents, indiquaient qu’ils n’étaient pas liés à l’âge des avions et affirmaient que jamais ils n’avaient posé le moindre problème de sécurité.

Or la Direction Générale de l’Aviation Civile, qui avait tout d’abord tardé à réagir, fait suite aux pressions fortes du Collectif et pose un ultimatum d’un mois à Corsair pour revenir à des niveaux de sécurité acceptables sous peine de perdre l’habilitation de vol. C’est à dire que Corsair aurait pu voir cloué au sol tous ses appareils qui allaient vers l’Outre-Mer. (Corsair placée sous surveillance étroite se voyait imposer une meilleure coordination entre ses deux ateliers, des embauches de personnels supplémentaires...).

S’il s’agissait d’incidents mineurs comme l’ont prétendu ensuite les ministres, aurait-on utilisé une telle menace exceptionnelle qui n’est dictée que par des considérations de sécurité majeure ?

Il est clair qu’il s’agit de mensonge d’Etat par omission. Le Collectif proteste devant le parti pris des ministres et de la DGAC. En matière de sécurité, les passagers ont un droit naturel à une information objective et non manipulée. Le Collectif rappelle aux responsables en charge des dossiers qu’ils s’exposent à voir engager leur responsabilité personnelle en cas de drame aérien.

Le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais dénonce par ailleurs les conditions de contrôle de la DGAC qui est basé sur la bonne foi des compagnies aériennes. Ces inspections ne peuvent être que succinctes et sans effet significatif car la DGAC se fie aux déclarations de révision sans pouvoir les vérifier.

Le Collectif prône l’adoption de mesures concrètes, plus volontaristes que le dispositif « Label bleu » envisagé par les pouvoirs publics qui paraît de faible impact. Celui-ci n’est en effet assorti d’aucune obligation envers les transporteurs et ne prend pas en compte les politiques différenciées des compagnies aériennes, comme Air France, suivant les destinations.

Contact : Patrick KARAM, président du Collectif : 05 90 83 24 50 / 06 90 41 25 27