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Haïti-Crise : Détonations d’armes, incertitudes et inquiétudes à Port-au-Prince au lendemain du remplacement de Garry Conille

P-au-P, 11 nov. 2024 [AlterPresse] --- La nuit du dimanche 10 au lundi 11 novembre 2024 a été agitée par plusieurs détonations d’armes à feu dans plusieurs quartiers de la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, selon divers témoignages recueillis par AlterPresse.

Il en résulte une situation d’incertitudes et d’inquiétudes sur Haïti, ce lundi 11 novembre 2024, au lendemain d’une résolution prise par le Conseil présidentiel de transition (Cpt) en vue de remplacer l’actuel chef de gouvernement, Garry Conille, observe l’agence en ligne AlterPresse.

Les ambassades de France et du Canada en Haïti ont annoncé leur fermeture au public, ce lundi 11 novembre 2024.

Des rapports anticipent de possibles manifestations et troubles civils au cours de la semaine à venir, prévient l’ambassade des États-Unis d’Amerique à Port-au-Prince, dans une alerte en date du 11 novembre 2024.

Elle conseille aux personnes en Haïti de surveiller les médias locaux pour être informés des dernières nouvelles et d’éviter les zones, où des violences, des manifestations ou des perturbations sont signalées.

L’ambassade étasunienne informe aussi qu’elle est fermée ce lundi 11 novembre 2024, jour férié aux États-Unis.

Face à l’incertitude politique, beaucoup d’établissements scolaires et d’entreprises commerciales ont décidé de garder leurs portes fermées, le lundi 11 novembre 2024.

Depuis la nuit du dimanche 10 novembre 2024, des détonations incessantes d’armes à feu sont signalées en divers endroits dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, comme à Vivy Mitchell, dans la commune de Pétionville (est de Port-au-Prince), à Tabarre (nord-est), sur la route de l’aéroport international de Port-au-Prince, à l’avenue Martin Luther King communément appelée Nazon ainsi qu’à Solino, qui subit, depuis le jeudi 17 octobre 2024, les attaques des gangs armés de la coalition Viv Ansanm.

Ce lundi 11 novembre 2024, la circulation automobile est fluide dans la plupart des zones dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs chefs de gangs armés ont proféré des menaces de violences contre les citoyennes et citoyens, qui tenteraient de fréquenter les rues.

Depuis dimanche après-midi 10 novembre 2024, les appels téléphoniques fusaient de toutes parts, appelant toutes et tous à observer la prudence, en évitant de s’aventurer dans les rues de la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, ce lundi 11 novembre 2024.

Le contexte socio-politique s’est rapidement détérioré, quelques heures après l’annonce, le dimanche 10 novembre 2024, de préparatifs pour la tenue d’une cérémonie d’investiture d’un nouveau premier ministre, le lundi 11 novembre 2024, selon des informations obtenues par AlterPresse de diverses sources liées au Conseil présidentiel de transition.

Au même moment, une résolution en date du 8 novembre 2024 du Cpt, « faisant choix, par consensus, du citoyen Alix Didier Fils-Aimé comme nouveau premier ministre », a été rendue publique.

La résolution, signée de 8 conseillers-présidents sur 9 (sauf Edgard Leblanc Fils) et accompagnée d’un arrêté de nomination du nouveau premier ministre, est publiée dans le journal officiel « Le Moniteur », daté du lundi 11 novembre 2024, qui a circulé sur les réseaux sociaux dès l’après-midi du dimanche 10 novembre 2024.

Une lettre de Garry Conille, également diffusée sur les réseaux sociaux, conteste la décision du Cpt, la considérant « manifestement entachée d’illégalité ». Conille a enjoint, en vain, la direction du Moniteur de ne pas publier la résolution du Cpt.

Des luttes intestines au niveau de l’exécutif haïtien se sont intensifiées ces derniers jours, alors que la confusion a régné à propos de l’avenir immédiat de la transition, initiée depuis avril 2024.

Des réunions se sont multipliées au cours de la semaine entre le Conseil présidentiel de transition (Cpt) et le premier ministre Garry Conille autour de l’éventualité d’un remaniement ministériel.

Des changements sont exigés, depuis quelque temps, par la plus haute instance du pouvoir en place, le Cpt, qui met en avant une contre-performance de l’équipe en place. Mais le premier ministre sortant s’y est opposé.

Le samedi 2 novembre 2024, Conille a officiellement demandé au Cpt de faire le ménage en son sein, en écartant trois conseillers-présidents, Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, éclaboussés dans une affaire de pots-de-vin.

Le Cpt, qui compte neuf membres, dont sept votants, serait ainsi ramené provisoirement à quatre membres votants et deux non-votants.

Deux options, remaniement ministériel ou renvoi du premier ministre, auraient été envisagées, avait confié une source du Conseil présidentiel à AlterPresse. Mais, jusqu’au samedi 9 novembre 2024, c’est le remaniement ministériel qui aurait été sur la table.

Entre-temps, la crise multidimensionnelle ne fait que s’aggraver, notamment au niveau de la sécurité.

Les gangs armés ont multiplié des menaces ces derniers jours, alors que, selon divers témoignages, une vague de kidnappings serait en train de déferler sur la capitale.

Les gangs ont étendu leur mainmise sur la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, occupée à 85% au lieu de 80%, comme c’était le cas à l’initiation de la transition.

De juillet à septembre 2024, plus de 1,200 personnes ont été tuées et 522 autres blessées dans les violences des gangs armés, portant à 4,900 le nombre de morts enregistrés depuis le début de l’année 2024, selon un bilan dressé par les Nations unies. [emb rc apr 11/11/2024 08:30]

Photo d’archives