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Haïti-Politique : Luttes intestines au sommet de l’État, confusion et aggravation de la crise

Par Gotson Pierre

P-au-P., 9 nov. 2024 [AlterPresse] --- Des luttes intestines au niveau de l’exécutif haïtien se sont intensifiées ces derniers jours alors que la confusion règne à propos de l’avenir immédiat de la transition, initiée depuis avril dernier, observe AlterPresse.

Des réunions se sont multipliées au cours de la semaine entre le Conseil présidentiel de transition (Cpt) et le premier ministre Garry Conille autour de l’éventualité d’un remaniement ministériel.

Des changements sont exigés depuis quelque temps par la plus haute instance du pouvoir en place, qui met en avant une contre-performance de l’équipe n place.

Mais le premier ministre s’y oppose. Et récemment, il a officiellement demandé au Cpt de faire le ménage en son sein en écartant trois conseillers-présidents éclaboussés dans une affaire de pot-de-vin. Le corps, qui compte neuf membres, dont sept votants, serait ainsi ramené provisoirement à quatre membres votants et deux non-votants.



Durant ce week-end, des informations non confirmées et contradictoires circulent sur les réseaux à propos de l’issue éventuelle du différend entre les deux branches de l’exécutif. La question de la mise à l’écart du chef du gouvernement serait actée, selon certaines informations mises en doute par certains secteurs.

Consultée par AlterPresse, une source au courant du dossier a fait savoir qu’il y aurait « forte chance que le premier ministre soit remplacé, mais la nomination d’un autre PM n’est pas probable pour ce week-end ».

Une autre source proche d’un conseiller-président a pour sa part confié à AlterPresse que les deux options, remaniement ministériel ou renvoi du premier ministre, seraient envisagées. Mais, a-t-elle ajouté, pour l’heure, c’est le remaniement ministériel qui serait sur la table.



Entretemps, la crise multidimensionnelle ne fait que s’aggraver, notamment au niveau de la sécurité. Alors que, selon divers témoignages, une vague de kidnappings serait en train de déferler sur la capitale, les gangs ont étendu leur mainmise sur la zone métropolitaine, occupée à 85% au lieu de 80%, comme c’était le cas à l’initiation de la transition.

De juillet à septembre 2024, plus de 1,200 personnes ont été tuées et 522 autres blessées dans les violences des gangs armés, a indiqué le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), dans un rapport fin octobre 2024.

Parmi les dernières attaques de gangs, figurent celles enregistrées dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 novembre 2024, et au cours de la journée du lundi 4 novembre 2024, dans le quartier de Fort National, au cœur de la capitale. Plusieurs résidentes et résidents ont été blessés par balles et un nombre indéterminé de maisons ont été incendiées, selon des témoignages disponibles.

Beaucoup de familles ont dû abandonner leurs domiciles pour se réfugier dans la rue, notamment à l’avenue John Brown communément appelée Lalue ou chez des proches.

Ces attaques contre Fort national surviennent après celles, enclenchées depuis le jeudi 17 octobre 2024 contre Solino, autre quartier de la capitale, où règne, depuis plusieurs jours, une relative accalmie, après la fuite de milliers de personnes en quelques semaines.

D’autre part, plus de 1,500 personnes ont trouvé refuge sur l’’Île de la Gonâve (en face de la baie de Port-au-Prince), suite aux violences des gangs armés dans la commune de l’Arcahaie (à environ 40 Km, au nord de Port-au-Prince), d’après les données de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim).

Environ 400 écoles publiques et privées ont été contraintes de fermer leurs portes dans les communes de Cabaret et de l’Arcahaie (nord de la capitale, Port-au-Prince), suite aux récentes violences des gangs armés dans ces zones, selon le Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp). [gp apr 09/11/2024 15 :00]