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Genre/Élections : Appel de la Sofa et de Kay Fanm à une meilleure représentation des femmes dans les espaces de pouvoir en Haïti

P-au-P, 05 nov. 2024 [AlterPresse] --- Les organisations Solidarite fanm ayisyèn (Sofa) et Kay Fanm plaident pour une meilleure représentation des femmes dans les espaces de pouvoir, lors d’interventions à l’émission FwoteLide, diffusée sur AlterRadio 106.1 F.m et suivie par l’agence en ligne AlterPresse.

Cette représentation des femmes doit passer d’abord par l’appropriation des desiderata des femmes par les prétendantes et prétendants aux postes de responsabilités, soulignent la coordinatrice de la Sofa, Mergina Fleurima, et la responsable de Kay Fanm, Danièle Magloire.

AlterRadio, émettant de Port-au-Prince sur le 106.1 FM et en ligne, a lancé le 31 octobre 2024 une série de réflexions sur la question des élections en Haïti. Il s’agit de 8 programmes spéciaux multimédia, réalisés dans le cadre de l’émission-forum « FwoteLide, avec l’appui de l’organisme international Internews.

L’objectif poursuivi est d’ « informer et contribuer à alimenter des échanges et réflexions sur les enjeux cruciaux des prochaines élections en Haïti ».

Sofa et Kay Fanm appellent particulièrement les futures candidates à prendre en compte les revendications sociales des femmes dans leurs campagnes, à l’approche d’éventuelles prochaines élections en Haïti, qui devraient avoir lieu fin 2025.

Un Conseil électoral provisoire (Cep), composé de 7 membres sur 9, a été installé le vendredi 18 octobre 2024, en attendant d’être complété par deux représentants issus des organisations de droits humains et de femmes.

Ce Cep devrait organiser des élections générales pour doter le pays d’élues et d’élus légitimes devant entrer en fonction le 7 février 2026, suivant l’accord politique pour une transition pacifique et ordonnée, signé le 3 avril 2024 par des protagonistes politiques, en vue d’un dénouement à l’impasse politique.

Plaidoyer de la Sofa pour la santé des femmes

Durant l’émission réalisée sur le thème « Revendications des femmes et élections », la Sofa recommande la création d’une unité de santé sexuelle et reproductive dans les centres de santé communautaire, un service de maternité efficace dans les hôpitaux, afin d’aider les femmes à contrôler leur pouvoir de procréation et à accoucher dans de bonnes conditions.


Elle encourage également des actions de sensibilisation des jeunes pour un comportement sexuel responsable, pouvant éviter les grossesses précoces et les maladies sexuellement transmissibles.

Les conseils municipaux ont l’obligation d’établir un système de protection des droits des femmes, notamment à travers leurs directions des affaires sociales, dans le but d’accueillir les femmes victimes de violences et les plus vulnérables, les orienter et les encadrer, affirme la coordinatrice de la Sofa, Mergina Fleurima.

La Sofa préconise la construction d’établissements scolaires pour accueillir les enfants dans les sections communales, devant être dotées de centres de santé adéquats.

La Sofa invite les futur-e-s parlementaires à légiférer sur les questions cruciales touchant les femmes, en votant des lois favorisant l’égalité homme-femme, ainsi que sur l’encadrement médical pour des femmes victimes de violences.

Elle critique la non application des conventions et des lois, signées par Haïti en matière de droit des femmes.

En outre, elle exhorte les actrices et acteurs à défendre les femmes travaillant dans le secteur informel, qui sont exclues du système financier étatique, sans aucun accès aux crédits au sein des organismes déconcentrés et autonomes de l’État, dont l’Office national d’assurance vieillesse (Ona).

Elle suggère aux conseils municipaux d’établir des connexions avec des responsables d’autres secteurs, pour parvenir à des dispositions communales en faveur des femmes.

Les revendications des femmes doivent être insérées dans les programmes des administrations communales, souhaite la Sofa.

Kay Fanm demande aux femmes de se mobiliser pour la défense de leurs droits

De son côté, la sociologue et militante féministe Danièle Magloire de Kay Fanm estime nécessaire que les femmes continuent de se mobiliser, pour revendiquer leurs droits et pouvoir participer au processus de développement de leur pays, comme ce fut le cas pendant la fin des années 1980, période coïncidant à la chute de la dictature des Duvalier et à l’avènement de la démocratie en Haïti.



Kay Fanm continue son plaidoyer pour la participation et l’intégration des femmes dans l’espace politique haïtien et dans la construction de la démocratie.

Beaucoup de chemins ont été parcourus depuis 40 ans (depuis 1984), reconnait-elle, tout en réclamant une présence significative des femmes dans les espaces politiques.

Kay Fanm condamne les violences et les actes de discrimination à l’égard des femmes dans les périodes électorales, appelant les partis politiques à combattre ces pratiques.

Elle déplore un manque d’intérêt pour les préoccupations des femmes, une logique s’inscrivant dans un souci d’instrumentalisation.

L’organisation féministe Kay Fanm interpelle l’État à résoudre le problème de la sécurité, pour que les femmes puissent s’exprimer normalement et librement.

Elle évoque également le rôle du Conseil électoral, qui devrait mettre en place des processus favorisant la participation des femmes aux élections.

Kay Fanm encourage les femmes à s’engager dans la vie politique et à être actives dans le processus d’observation des élections.

Elle met aussi l’accent sur l’établissement de critères pour qu’une prétendante ) et qu’un prétendant aux élections puissent bénéficier de l’appui de l’État.

Elle appelle à revoir la loi sur les partis politiques, qui a été modifiée sous l’administration du président Joseph Michel Martelly en 2013.

« La loi sur les partis politiques doit tenir compte du quota constitutionnel d’au moins 30%, prévoyant la participation des femmes, et des lois de politiques publiques contre les violences faites aux femmes et en faveur de l’égalité homme-femme », insiste la sociologue Danièle Magloire.

L’article 17-1 de la version dite amendée de la Constitution haïtienne de 1987 a reconnu, en 2012, le principe d’un quota de 30% de femmes, à tous les postes de décision de la vie nationale, notamment dans les services publics.

Cette disposition exige de tenir compte d’une représentation minimale des deux sexes (femmes et hommes) dans les espaces de pouvoir.

Prochains thèmes à aborder

Les autres émissions, prévues une ou deux fois par semaine, seront réalisées sur les thèmes suivants :
- Revendications sociales des jeunes et élections ;
- Revendications sociales des paysans et élections ;
- Revendications sociales des ouvriers et travailleurs du secteurs informels et élections ;
- Revendications des personnes vivant avec des handicaps et élections ;
- Participation électorale et légitimité des élus ;
- Responsabilités de l’État, du Conseil électoral, des partis politiques et de la société civile pour garantir la validation de candidats qualifiés aux élections ;
- Rôle et responsabilité des acteurs (Conseil électoral, partis politiques, candidats, gouvernement, police, société civile, médias) dans la prévention de la violence électorale.



Également sur la question électorale, le Groupe Médialternatif, qui gère les médias AlterRadio et AlterPresse, est partie prenante du projet « Konbit pou bon jan demokrasi », appuyé par l’Union Europénne et l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif). [cj emb rc apr 05/11/2024 10:30]

Crédit Image Programme des Nations unies pour le développement (Pnud)