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Haïti-Corruption : Garry Conille demande au Cpt de trancher sur le dossier des trois conseillers-présidents « inculpés »

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P-au-P, 04 nov. 2024 [AlterPresse] --- Le premier ministre Garry Conille exhorte le Conseil présidentiel de transition (Cpt) à trancher, une fois pour toutes, sur les cas des trois conseillers-présidents, inculpés dans une affaire de corruption liée à la Banque nationale de crédit (Bnc), suite à la publication d’ un rapport d’enquête de l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc).

C’est l’un des points que le Cpt doit prendre en compte pour faciliter une harmonisation des relations avec le gouvernement de transition, laisse entendre Conille, qui reconnait l’existence de différends avec l’exécutif, lors d’un forum citoyen organisé le samedi 2 novembre 2024 dans la commune de Kenscoff (périphérie est de Port-au-Prince), suivi par AlterPresse.



L’Ulcc a demandé d’engager des poursuites judiciaires contre les conseillers-présidents, Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, pour abus de fonction, versement de pots-de-vin et corruption passive, lors d’une déclaration de presse, le mercredi 02 octobre 2024.

Les inculpés auraient sollicité 100 millions de gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = + 140.00 gourdes ; 1 euro = 144.00 gourdes ; 1 dollar canadien = 95.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes aujourd’hui) pour la reconduction du président d’alors du Conseil d’administration de la Bnc, Raoul Pascal Pierre-Louis.

Le juge Benjamin Félismé a été désigné pour instruire le dossier de la Bnc, transféré au cabinet d’instruction par Me. Lionel Constant Bourgouin, chef du parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince.

Une convocation est déjà émise contre le conseiller-président, Louis Gérald Gilles, pour le mardi 19 novembre 2024, en ce qui concerne ce scandale de corruption à la Bnc.

« Les 3 conseillers-présidents ne remplissent plus les conditions légales pour faire partie du Cpt. En effet, l’article 2 du décret du 12 avril 2024, portant création du Conseil présidentiel, est clair et sans équivoque : nul ne peut faire partie du Conseil présidentiel de transition s’il fait l’objet d’une poursuite pénale », a écrit, le 28 octobre 2024, Me. Michel André, sur son compte X.

« La mise à l’écart des 3 conseillers-présidents inculpés doit être effective le plus vite possible, pour ne pas entraver le processus transitionnel. Des concertations politiques doivent être engagées immédiatement entre les parties prenantes et les 2 chefs de l’exécutif pour redresser la situation », ajoute Me. André.

Les autres exigences de Garry Conille au Cpt

Par ailleurs, Garry Conille recommande également au Conseil présidentiel de transition de faire publier l’accord du 3 avril 2024, pour une transition pacifique et ordonnée », signé entre différents protagonistes en Haïti.

Cet accord politique constitue l’épine dorsale de la transition, souligne-t-il.

Le Cpt doit permettre le dialogue entre les secteurs et faire publier l’organe de contrôle de l’exécutif, dénommé Organe de contrôle de l’action gouvernementale (Ocag), préconise le chef du gouvernement.

L’Ocag devrait être constitué sur la base de larges consultations du Cpt avec les organisations haïtiennes de la société civile dans la capitale, Port-au-Prince, les autres départements géographiques et la diaspora, selon l’accord du 3 avril 2024.

L’Ocag sera composé de quinze (15) membres, dont deux désignés par la diaspora, deux par les organisations de défense des droits des femmes et de jeunes, deux pour le département de l’Ouest et un pour chaque autre département géographique, dispose l’article 10 dudit accord.

« Nous demandons au Cpt d’accélérer la mise en place du Conseil national de sécurité (Cns) qui garantit une plus grande participation dans la question de sécurité et une plus grande visibilité et d’opinion dans la manière de gérer la sécurité », déclare Garry Conille.

Il appelle aussi le Conseil présidentiel de transition à accélérer la nomination des directrices genérales ou directeurs généraux, des délégué-e-s et vice-délégué-e-s, arguant que 48% des communes font face à des dysfonctionnements au niveau des mairies.

Garry Conille s’est expliqué sur la question du remaniement ministériel, souhaité par le Cpt.

« Nous ne sommes pas contre un remaniement, mais nous avons un ensemble de principes que nous voulons voir respecter », affirme-t-il, soulignant avoir proposé à ce sujet au Cpt d’évaluer, dans la transparence, la performance de chaque ministre au cas par cas. [emb rc apr 04/11/2024 11:20]