P-au-P, 31 oct. 2024 [AlterPresse] --- Le directeur de la recherche sur la race et la justice économique au Centre de recherche économique et politique (Cepr), Algernon Austin, souligne le poids des Américaines et Américains d’origine haïtienne dans l’économie des États-Unis d’Amérique, dans un document dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
À travers une fiche d’information, publiée à l’approche de l’élection présidentielle américaine du mardi 5 novembre 2024, le Cepr présente un aperçu rapide du statut socioéconomique des 1,2 million de personnes aux États-Unis ayant une identité haïtienne.
Concentration des Américano-Haïtien-ne-s dans la santé, la vente au détail, l’éducation et les services sociaux aux États-Unis
Très diversifiée-s, les Américaines et Américains d’origine haïtienne, dont près de la moitié d’entre eux vivent en Floride, travaillent dans tous les grands secteurs d’activités, avec une forte concentration dans la santé.
21.3 % des Américaines et Américains d’origine haïtienne travaillent dans la santé, précise le Cepr.
Beaucoup d’entre elles et d’entre eux sont des infirmières et infirmiers, des aides-soignantes et aides-soignants, des travailleuses hospitalières et travailleurs hospitaliers.
18.7 % des Américaines et Américains d’origine haïtienne œuvrent dans la vente au détail, au sens large, comme caissières et caissiers, cuisinières et cuisiniers, commises et commis aux stocks, ainsi que dans un large éventail d’autres emplois, ajoute le Centre de recherche économique et politique.
L’éducation et les services sociaux est la troisième plus grande catégorie d’industries pour les Américaines et Américains d’origine haïtienne.
15.3 % d’entre elles et d’entre eux sont employé-e-s dans ce secteur, notamment comme enseignantes et enseignants, assistantes et assistants d’enseignantes-enseignants.
En plus de fournir des soins dans les hôpitaux et les établissements de soins de santé, les Américaines et Américains d’origine haïtienne travaillent aussi en tant qu’aides-soignantes et aides-soignants à domicile.
Appel à un traitement rapide des permis de travail pour les migrantes et migrants haïtien-ne-s
L’organisation American Immigration Council s’est jointe à plus de 100 organisations commerciales, dont des chambres de commerce et des associations professionnelles des États-Unis, pour demander à l’administration de Joseph Robinette dit Joe Biden de s’attaquer aux retards dans le traitement des permis de travail, dans une lettre en date du vendredi 25 octobre 2024.
Elle exhorte l’administration Biden à donner la priorité au traitement des demandes initiales et de renouvellement de permis de travail.
« En éliminant les arriérés de permis de travail et en offrant un accès stable aux permis de travail, davantage de travailleuses et travailleurs peuvent se rendre au travail et donner aux propriétaires d’entreprises l’assurance que leur main-d’œuvre pourra continuer à contribuer pendant des années à venir », lit-on dans la lettre.
« Le retour à un meilleur équilibre du marché du travail est en grande partie dû au retour de l’immigration à des niveaux plus typiques de l’ère pré-pandémique », affirme le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell.
L’augmentation de l’immigration fera gonfler l’économie américaine de 7,000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie et réduira la dette nationale américaine de 900 milliards de dollars, estime le Congressional budget office, organisme non partisan.
Cette lettre a été rédigée en partenariat avec le Refugee Advocacy Lab et a été publiée parallèlement à un mouvement croissant à travers le pays, mené par des groupes, tels que l’ Asylum Seeker Advocacy Project et l’American Immigration Lawyers Association, appelant à des solutions administratives pour remédier à l’arriéré des permis de travail.
60 % des natives et natifs d’Haïti, qui émigrent aux États-Unis, sont nés en Haïti, selon les données fournies par le Centre de recherche économique et politique.
Le reste de la population se réclamant d’une ascendance haïtienne est né aux États-Unis.
Un peu moins de 2% de ces migrantes et migrants sont nés dans un autre pays qu’Haïti ou les États-Unis.
Une mobilité sociale ascendante intergénérationnelle
Le Centre de recherche économique et politique note une mobilité sociale ascendante intergénérationnelle des Américaines et Américains d’origine haïtienne.
Les Américaines et Américains d’origine haïtienne, nés aux États-Unis, ont un niveau d’éducation et des revenus plus élevés que la population née en Haïti, fait-il remarquer.
La part de la population née aux États-Unis, titulaire d’une licence ou d’un diplôme supérieur, est plus de deux fois supérieure à celle de la population née en Haïti, avance-t-il.
« Près des deux cinquièmes (37.6 %) des Haïtiennes et Haïtiens nés ont de faibles revenus, mais moins d’un tiers (29.9 %) des Américaines et Américains nés aux États-Unis en ont. Environ un cinquième (18.4 %) des Haïtiennes et Haïtiens nés ont des revenus élevés, mais plus d’un quart (26.9 %) des Américaines et Américains nés aux États-Unis ont des revenus élevés ».
Les Américaines et Américains d’origine haïtienne ont beaucoup en commun avec les autres communautés d’immigrantes et d’immigrants aux États-Unis, malgré la rhétorique politique troublante et dangereuse qui cible les communautés de Springfield, argue le directeur de la recherche sur la race et la justice économique au Centre de recherche économique et politique.
Les migrantes et migrants haïtiens vivant à Springfield, dans l’Ohio, sont accusés par des officiels américains et l’extrême droite aux États-Unis d’Amérique d’avoir volé et consommé des chats domestiques et des canards.
Ces allégations fausses et incendiaires ont « suscité de graves inquiétudes en matière de sécurité publique, notamment des menaces dirigées contre les écoles et les entreprises locales, et des débats dans les médias nationaux sur l’impact économique des immigrantes et immigrants nouvellement arrivés » aux États-Unis, regrette Algernon Austin.
Ces propos et idées « nuisibles, racistes et xénophobes » mettent en danger la vie de plusieurs milliers de migrantes et migrants haïtiens vivant à Springfield dans l’Ohio, a prévenu la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), dans une note d’avertissement le 12 septembre 2024. [emb rc apr 31/10/2024 15:30]