P-au-P, 14 oct. 2024 [AlterPresse] --- Il n’y a pas encore de structures officielles étatiques d’accueil des migrantes et migrants, expulsé-e-s par milliers depuis début octobre 2024 par les autorités de la République Dominicaine, en différents points de la frontière, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Ces milliers de migrantes et migrants ont été déporté-e-s, sans avoir eu la possibilité de récupérer les biens acquis sur le territoire de la République Dominicaine, informe l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), soulignant avoir fourni de l’argent, des vêtements et d’autres produits à plusieurs parmi les personnes migrantes transportées sur la frontière.
Appel du gouvernement haïtien pour une solidarité internationale face aux abus à l’encontre des Haïtiennes et Haïtiens
Le Conseil présidentiel de transition (Cpt) sollicite l’appui et la solidarité de la communauté internationale, face aux multiples violations et abus commis par les autorités dominicaines contre les migrantes et migrants haïtiens, lors de leurs déportations de la République Dominicaine, dans une note dont a pris connaissance AlterPresse.
Le Cpt demande aux autorités de la République Dominicaine de respecter ses engagements internationaux, dans le cadre de ces rapatriements forcés, et de mettre fin à ses opérations d’expulsions brutales et empreintes de racisme.
Il exhorte l’État dominicain au respect des clauses du protocole d’accord sur les rapatriements de 1999 et de celles des différentes conventions internationales, auxquelles il a souscrit.
Le Cpt déclare rester attaché à un dialogue constructif, à travers les canaux diplomatiques, en vue de restaurer une politique de bon voisinage.
A partir du mercredi 02 octobre 2024, les autorités dominicaines ont décidé de procéder aux rapatriements massifs de jusqu’à 10 mille ressortissantes et ressortissants haïtiens par semaine.
Du mardi 1er au jeudi 10 octobre 2024, la Direction générale de l’immigration dominicaine informe avoir expulsé et rapatrié plus de 13,703 migrantes et migrants haïtiens en situation irrégulière, originaires d’Haïti, y compris des Dominicains d’origine haïtienne.
Depuis janvier 2024, environ 195,907 Haïtiennes et Haïtiens ont été rapatriés en différents points de la frontière.
Un chantage associé à une guerre psychologique sous le couvert d’une guerre de chiffres, analyse le professeur Hancy Pierre
« Sans aucune intention de marginaliser l’importance de la migration haïtienne vers la République Dominicaine, les actuelles opérations de rapatriements massifs tiennent lieu de chantage associé à une guerre psychologique sous le couvert d’une guerre de chiffres pour faire montre de la surprenante « invasion pacifique des Haïtiens », affirme le spécialiste en relations internationales, Hancy Pierre, dans un document daté du 11 octobre 2024.
Une stratégie d’épuration ethnique, selon le gouvernement haïtien
Devant l’Organisation des États américains (Oea), la mission d’Haïti auprès de l’Organisation des États américains (Oea) a dénoncé les déportations « discriminatoires et autoritaires » de migrantes et migrants, originaires d’Haïti, incluant des Dominicain-e-s d’origine haïtienne, en République Dominicaine, qui s’inscrivent dans une logique d’ « épuration ethnique ».
Dans une déclaration, la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) a alerté sur une aggravation de la crise humanitaire à la frontière haïtienne avec la République Dominicaine, avec les récentes mesures de déportations massives d’Haïtiennes et d’Haïtiens, adoptées par la République Dominicaine.
Les droits des Haïtiennes et Haïtiens, bafoués
Le Conseil présidentiel de transition s’élève contre la violation systématique du protocole d’accord sur les rapatriements, signé en 1999 entre les deux États.
Des opérations ont été réalisées à n’importe quelle heure de la nuit, contrairement aux dispositions de ce protocole d’accord, qui stipulent qu’aucun rapatriement ne peut être effectué de nuit, c’est-à-dire entre 6:00 pm (22:00 gmt) et 8:00 am (12:00 gmt), ainsi que le dimanche et les jours fériés, rappelle le Cpt.
Les samedi 5 et dimanche 6 octobre 2024, près de 3,500 personnes ont été ex- pulsées aux points frontaliers de Belladère (Plateau central) et de Ouanaminthe (Nord-Est), sans communication préalable d’aucune liste aux missions diplomatiques et consulaires haïtiennes, déplore-t-il.
Cette action constitue une violation des clauses convenues dans ce protocole, pointe le Cpt, relevant de multiples irrégularités et cas d’abus lors de ces rapatriements forcés.
Ces faits sont mentionnés et documentés, par des institutions nationales, internationales et non gouvernementales, avance-t-il.
Les migrantes et migrants rapatriés sont arrivés, dépouillés de tous leurs biens et effets personnels accumulés durant de rudes années de dur labeur, tandis que ce même protocole fait obligation aux autorités dominicaines de permettre aux personnes rapatriées de récupérer leurs effets, rappelle le Conseil présidentiel de transition.
« Beaucoup ont été dépossédés de leurs documents d’identité, passeports ou cartes d’identité nationale. Des traces de traumatismes physiques ont été relevées sur plusieurs personnes rapatriées ».
De plus, des cas de mineurs non accompagnés ont été enregistrés.
Les représentants diplomatiques et consulaires haïtiens ont été même interdits d’accès aux centres de détention provisoire, ajoute le Cpt.
Des réunions pour quelles retombées ?
Le Conseil présidentiel de transition indique avoir engagé des consultations stratégiques de haut niveau avec les autorités nationales et le corps diplomatique accrédité en Haïti.
Des démarches sont également entreprises au niveau de plusieurs capitales étrangères et des principales organisations internationales.
Une réunion extraordinaire a eu lieu, le 8 octobre 2024, entre le Cpt et des membres du gouvernement pour s’informer de l’état de la situation, évaluer les interventions en cours et définir les stratégies appropriées pour y faire face.
Le Cpt s’est réuni, le 10 octobre 2024, avec le corps diplomatique accrédité en Haïti pour exposer la gravité de la situation. [emb rc apr 14/10/2024 12:10]
