P-au-P, 10 oct. 2024 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations de la diaspora et de défense des droits humains [1] ont dénoncé, « avec la plus grande fermeté », le racisme anti-haïtien généralisé dans certains pays d’Amérique du Nord et des Caraïbes, principalement en République Dominicaine, dans une note de protestation dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Elles s’élèvent contre les expulsions massives et discriminatoires des migrantes et migrantes originaires d’Haïti en République Dominicaine, qui s’accompagnent d’un usage excessif de la force et de violences, en particulier contre des femmes et des enfants démunis.
De telles expulsions sont contraires aux normes internationales, « qui exigent une évaluation individualisée de chaque Haïtienne et Haïtien, en vue de déterminer ses besoins de protection et les risques encourus en cas de retour en Haïti », critiquent-elles.
Ces modes d’expulsions constituent aussi une violation flagrante du principe de non-refoulement, inscrit dans plusieurs conventions internationales des droits humains, ratifiées par la République Dominicaine, ajoutent les organisations de la diaspora et de défense des droits humains.
Du mardi 1er au dimanche 6 octobre 2024, plus de 9 mille migrantes et migrants, originaires d’Haïti - ainsi que des Dominicains d’ascendance haïtienne (selon des témoignages de la mission permanente d’Haïti à l’Organisation des États américains / Oea et d’organismes de droits humains) - ont été expulsés du territoire dominicain, a indiqué la Direction générale de la migration dominicaine sur son site.
Ces opérations, officiellement annoncées depuis le mercredi 02 octobre 2024 par les autorités dominicaines, viseraient à rapatrier, par semaine, jusqu’à 10 mille migrantes et migrants originaires d’Haïti, qui se trouvent sur le territoire de la République Dominicaine, font savoir les autorités dominicaines.
Ces actes d’expulsions touchent même des Haïtiennes et Haïtiens en situation régulière, titulaires de cartes de résidence, a rapporté la Coalition nationale pour les migrations et les réfugiés, basée en République Dominicaine.
Cette situation « témoigne du caractère profondément raciste et discriminatoire de cette opération migratoire, dirigée contre les Haïtiennes et Haïtiens », soulignent les organisations de la diaspora et de défense des droits humains.
Elles exigent des autorités dominicaines la fin immédiate de ces rafles anti-haïtiennes et le respect de l’intégrité, de la dignité et des droits fondamentaux des personnes haïtiennes, conformément aux principes de non-discrimination et d’égalité.
Elles demandent également l’application stricte des dispositions de la Convention de Genève, relative au statut des réfugiés pour toute Haïtienne et tout Haïtien soumis à des mesures migratoires.
Ces organisations évoquent la situation désastreuse en Haïti, marquée par la criminalité, les actes de violences des gangs armés, le chômage et l’absence de perspectives, à l’origine de l’exode massif de nombreuses et de nombreux compatriotes.
Elles réclament des actions concrètes, de toute urgence, pour garantir la sécurité de la population, stabiliser l’économie, créer des opportunités de développement et restaurer la confiance des citoyennes et citoyens envers les institutions haïtiennes.
De telles mesures sont essentielles pour éviter que des milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens continuent à risquer leur vie, en quête d’un avenir meilleur à l’étranger, estiment ces organisations de la diaspora et de défense des droits humains.
La plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) a alerté sur une aggravation de la crise humanitaire à la frontière haïtienne avec la République Dominicaine, avec les récentes mesures de déportations massives de migrantes et migrants originaires d’Haïti, y compris des Dominicain-e-s d’origine haïtienne, adoptées par la République Dominicaine, dans une déclaration.
La plateforme Garr a déclaré être dépassée, notamment au niveau de son centre d’accueil à Belladère / Comendador, par la situation des déportations massives de migrantes et migrants originaires d’Haïti, en provenance de la République Dominicaine.
Du côté du gouvernement haïtien, un groupe de travail multisectoriel a été mis en place, en vue d’accueillir et de prendre en charger les migrantes et migrants haïtiens rapatriés.
Devant l’Organisation des États américains (Oea), la mission d’Haïti auprès de l’Organisation des États américains (Oea) a dénoncé les déportations « discriminatoires et autoritaires » de migrantes et migrants, originaires d’Haïti, incluant des Dominicain-e-s d’origine haïtienne, en République Dominicaine, qui s’inscrivent dans une logique d’ « épuration ethnique ». [emb rc apr 10/10/2024 10:50]
Consulter sur AlterPresse : https://www.alterpresse.org/spip.php?article30974
[1] Les personnalités et organisations signataires de la note de protestation sont Pradel-Osny Maisonneuve / Sant Karl Lévêque - Europe, Moise Eugene / Collectif haïtien de soutien aux migrants - Paris, Guerdie Paul / Hibiscus Haïti France- Paris, Huguette Marcelin / Alliance internationale des communautés haïtiennes (Aich) - Paris, Béatrice Bernard / La Voix des Femmes – Paris, Sadrac Charles / Haïti Monde - Paris, Moustapha Sissoko / Collectif des Étudiants Étrangers de l’Université Paris 8 - Paris, Jhonny Désir / Association Coordination Haïtienne Tet Kole - Guadeloupe.
