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Environ 70 personnes tuées par les gangs à Pont Sondé : L’église catholique demande de fermer le robinet de sang en Haïti

P-au-P, 04 oct. 2024 [AlterPresse] --- L’archevêque de Port-au-Prince, Max Leroy Mésidor, président de la Conférence des évêques d’Haïti (Ceh), appelle les autorités de la transition à prendre toutes les dispositions pour fermer le robinet de sang qui coule en Haïti, où environ 70 personnes ont été tuées le 3 octobre lors d’une attaque de gangs à Pont Sondé (Artibonite/Nord), selon l’Onu.

« Le peuple est à bout de souffle. Il demande le secours de l’État », lance Max Leroy Mésidor appelant les autorités de la transition à se mettre à l’écoute des souffrances de la population, dans une déclaration dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

La tuerie a été perpétrée, le jeudi 3 octobre 2024 à 3:00 am (7:00 gmt), par des membres du gang armé Gran grif de Savien (Petite Rivière de l’Artibonite) dans la localité de Pont Sondé, entre les communes de Saint-Marc et de l’Estère (département de l’Artibonite).

« Nous sommes horrifiés par les attaques d’un gang ce jeudi à Pont Sondé, dans le département de l’Artibonite, en Haïti. Des membres du gang « Gran Grif », munis de fusils automatiques, ont tiré sur la population, tuant au moins 70 personnes, dont environ 10 femmes et trois nourrissons », déclare dans un communiqué le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains, Thameen Al-Kheetan.

Au moins 16 personnes ont été grièvement blessées, dont deux membres du gang touchés lors d’un échange de tirs avec la police haïtienne.

Au cours de ces attaques, les assaillants auraient incendié au moins 45 maisons et 34 véhicules, forçant un certain nombre d’habitantes et d’habitants à fuir.

L’équipe de transition serait sur la même voie que ses prédécesseurs en reproduisant les mêmes erreurs du passé, relève le président de la Conférence des évêques (catholiques romains) d’Haïti, notant une absence de transition de rupture.



« Le pays est entièrement malade. Mais la situation dans l’Ouest et l’Artibonite, les deux plus grands départements, est pire », signale-t-il.

Existerait-il un complot ou un plan secret pour détruire ces deux zones en particulier et le pays en général, se demande le président de la Ceh, mentionnant qu’à chaque semaine, il y a des morts et des cris dans le pays.

« Depuis deux ans, la commune de Petite Rivière de l’Artibonite est abandonnée. Aucune présence policière. Idem pour la commune de Liancourt. Ces deux zones où la vie bouillonnait auparavant sont submergées à présent par le désespoir ».

L’archevêque de Port-au-Prince fustige l’indifférence des autorités qui n’ont pas répondu aux appels au secours lancés à plusieurs reprises par les communautés de Petite Rivière de l’Artibonite, Liancourt et Pont Sondé.

Des menaces répétées des gangs armés contre Pont Sondé, aucune disposition étatique n’a été prise pour éviter le carnage du mardi 3 octobre 2024, critique-t-il.

« Les criminels, responsables de ces actes abominables, seront traqués et traduits en justice, sans répit. Le gouvernement, en partenariat avec l’appui de la communauté internationale, est résolu à intensifier ses actions pour éradiquer ce type de menace et ramener la paix dans les zones les plus touchées par l’insécurité », a promis le gouvernement de transition de Garry Conille, dans une note d’indignation.

Les résidentes et résidents de Liancourt avaient été déjà contraints de fuir leurs domiciles, celles et ceux de Petite Rivière de l’Artibonite résistent encore, tout en observant les pillages quotidiens des gangs armés, déplore Max Leroy Mésidor.

Qui veille sur la population ? Pourquoi toutes ces réunions, tous ces voyages officiels en lien à la sécurité ? se demande-t-il au Conseil présidentiel de transition (Cpt), au gouvernement et au Conseil supérieur de la Police nationale (Cspn).

La situation a empiré malgré la présence de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, souligne-t-il.

L’archevêque de Port-au-Prince cite en exemple les zones de Mariani, Gressier, Ganthier et Pont Sondé, prises en otage par les gangs armés, tout en exprimant ses condoléances à toutes les familles victimes plongées dans la peine.

Les gangs armés continuent de semer la terreur dans les zones, comme Martissant, Carrefour, Gressier (au sud de Port-au-Prince), Carrefour-Feuilles (banlieue sud-est), bas de Delmas, Solino, Bel Air, Cité Soleil, Croix-des-Bouquets et Ganthier (vers le nord-est), Pernier, Torcelle (vers l’est), ainsi que dans les communes de Liancourt, Petite Rivière de l’Artibonite, L’Estère, dans le département de l’Artibonite.

Plus de 703,000 personnes ont été déplacées en raison des violences armées depuis l’année 2023, selon les derniers chiffres fournis par les Nations unies.

5,4 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë en Haïti, a alerté le dernier rapport d’analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (Ipc), publié par la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et le Programme alimentaire mondial (Pam). [emb apr 04/10/2024 12 :30]

Photo : Site de l’Archidiocèse de Port-au-Prince