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Haïti-Médias : Le Comité pour la protection des journalistes dénonce les menaces d’un chef de gang contre un journaliste d’AyiboPost

P-au-P, 02 oct. 2024 [AlterPresse] --- Le Comité pour la protection des journalistes (Cpj) se dit préoccupé par les menaces proférées contre le journaliste et rédacteur en chef d’AyiboPost, Widlore Mérancourt, par le chef de gang haïtien Jimmy Chérizier dit « Barbecue », dans une alerte dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Je viens te chercher. Retiens bien mes mots : il y a des gens avec qui tu ne veux pas avoir affaire. Tu pourrais être dans ta salle de bain et une voiture pourrait te percuter », a menacé Jimmy Chérizier, dans une vidéo publiée le mercredi 25 septembre 2024, ciblant Mérancourt.

Mérancourt, collaborateur du Washington Post, a déclaré craindre pour sa sécurité, tout en exhortant le gouvernement haïtien et ses partenaires internationaux à « protéger tous les journalistes en Haïti, à mettre fin à la culture de l’impunité et à veiller à ce que les responsables d’actes répréhensibles soient tenus responsables de leurs actes ».

Jimmy Chérizier, dit « Barbecue », a été déjà sanctionné par le gouvernement des États-Unis d’Amérique et les Nations unies pour des violations présumées des droits humains.

Ces menaces à l’encontre de Mérancourt font suite à un article, qu’il a publié sur des journalistes de Reuters qui auraient offert à « Barbecue » des cagoules, de l’alcool et des cigarettes, rappelle-t-il.

« Nous sommes très préoccupés par les menaces proférées contre le rédacteur en chef d’AyiboPost, Widlore Mérancourt, par le chef de gang haïtien Jimmy « Barbecue » Chérizier », a déclaré Katherine Jacobsen, coordonnatrice du programme du Cpj pour les États-Unis, le Canada et les Caraïbes.

Tout en évoquant des conditions incroyablement difficiles, dans lesquelles évoluent les journalistes haïtiens, le Cpj affirme que ces derniers « ne devraient pas être intimidés, simplement parce qu’ils font leur travail et couvrent des questions d’importance publique ».

Le Cpj revient sur l’article du 18 septembre 2024, écrit par Mérancourt, rédacteur en chef du site d’information indépendant haïtien AyiboPost, décrivant comment Chérizier a publié sur sa chaîne WhatsApp, le 14 septembre 2024, une vidéo, dans laquelle il se vantait des cadeaux.

La vidéo a depuis été supprimée par Jimmy Chérizier.

À travers son article, Mérancourt a remis en question l’éthique de l’offre de cadeaux à Cherizier, qui dirige une fédération de gangs armés dénommée Viv Ansanm.

Reuters, l’un des plus grands fournisseurs d’informations multimédias au monde, a déclaré à AyiboPost qu’il avait « un code de conduite strict » pour son personnel et que les cadeaux étaient « une erreur de jugement », qui faisait l’objet d’une enquête.

En rapport à ce dossier de cadeaux offerts par deux journalistes de Reuters, Adrees Latif et Sarah Kinosian à « Barbecue », le journaliste de carrière et entrepreneur Ives-Marie Chanel et le docteur en communication publique, Wisnique Panier, encouragent une pratique journalistique responsable en Haïti, au regard de l’éthique et la déontologie, dans des interviews accordées à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.

Haïti est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les médias, rappelle le Comité pour la protection des journalistes.

Haïti est classée au troisième rang de l’Indice mondial d’impunité 2023 du Cpj, qui met en lumière les pays où les assassins de journalistes ont le plus de chances d’être libérés. [emb rc apr 02/10/2024 10:55]

Photo/Archives : Manifestation de journalistes à Port-au-Prince le 28 mars 2018