P-au-P, 1er oct. 2024 [AlterPresse] --- La rentrée scolaire, officiellement prévue ce mardi 1er octobre 2024, a démarré timidement dans beaucoup de quartiers dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, alors que, dans d’autres, la situation est différente, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Un nombre indéterminé, surtout de familles déplacées par les violences des gangs armés, ne peuvent pas encore aller en classes...
Au centre-ville de Port-au-Prince, notamment à l’avenue Martin Luther King communément appelée Nazon, de très rares élèves ont été vus en uniformes sur le chemin de l’école.
Les embouteillages habituels, constatés généralement lors de rentrée officielle des classes, ne sont pas remarqués à Nazon.
Par contre, à Pétionville (municipalité à l’est de Port-au-Prince), beaucoup d’élèves, filles et garçons, se sont rendu-e-s en classes ce 1er octobre 2024.
Un embouteillage considérable est signalé au niveau de la commune de Pétionville, où une concentration des activités, notamment commerciales, est observée depuis plusieurs mois.
La réouverture des classes arrive dans un contexte, caractérisé par un climat de criminalité, instaurée par des gangs armés, et la vie chère sur le territoire national.
Une bonne partie des territoires dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince ,continue d’être sous le contrôle de gangs lourdement armés, qui ne cessent point de mener des offensives contre les forces de l’ordre en opérations dans différents quartiers, dont Solino, bas de Delmas et Bel Air.
Les activités scolaires, au cours de l’année académique 2023-2024, ont été paralysées pendant les mois de février, mars et avril 2024, en raison d’une intensification des actes de violences armées dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
À cause des violences des gangs armés, qui terrorisent la population, de nombreuses écoles ont été contraintes de garder leurs portes fermées, dans diverses zones, comme Martissant, Carrefour, Gressier (au sud de Port-au-Prince), Carrefour-Feuilles (banlieue sud-est), bas de Delmas, Solino, Bel Air, Cité Soleil, Croix-des-Bouquets et Ganthier (vers le nord-est), Pernier, Torcelle (vers l’est), ainsi que dans les communes de Liancourt, Petite Rivière de l’Artibonite, L’Estère, dans le département de l’Artibonite.
Plus de 703,000 personnes ont été déplacées en raison des violences armées depuis l’année 2023, selon les derniers chiffres fournis par les Nations unies.
En outre, plus de 5 millions d’Haïtiennes et d’Haïtiens se trouvent en situation d’insécurité alimentaire, soit près de la moitié de la population.
La Cneh et l’Upeph dénoncent une absence de dispositions institutionnelles
La Confédération nationale des éducatrices et éducateurs d’Haïti (Cneh) et l’Union des parents d’élèves progressistes haïtiens (Upeph) critiquent une absence de dispositions étatiques pour faciliter la réouverture effective des classes, fixée au mardi 1er octobre 2024, dans des interviews accordées à la plateforme AlterPressse/AlterRadio.
Aucune disposition réelle n’est prise par les autorités de la transition pour garantir la sécurité des élèves, particulièrement dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, où plusieurs territoires sont occupés par des gangs armés, fustige la secrétaire générale de la Cneh, Rose Thérèse Magalie Georges.
Des écoles sont contraintes de fermer leurs portes à cause des violences des gangs armés, d’autres parce que leurs salles de classes sont occupées par des personnes déplacées, relève la Cneh.
Les violences des gangs armés ont poussé 400 écoles dans l’Ouest et 150 autres dans l’Artibonite à suspendre, pour une durée indeterminee, les cours depuis le début de l’année 2024, selon les premiers résultats d’une enquête préliminaire en cours de la Cneh.
De nombreuses écoles n’arrivent pas à fonctionner, parce qu’elles sont bondées de familles déplacées.
Beaucoup d’autres, détruites dans le séisme dévastateur du mardi 12 janvier 2010, n’ont jamais été reconstruites.
La Cneh signale un manque d’accompagnement de l’État aux familles haïtiennes, notamment celles les plus vulnérables dans le pays, où le taux d’inflation s’élève à environ 50%.
Elle dénonce le mépris total, affiché par les autorités étatiques face au cahier de charges des syndicats d’enseignantes et d’enseignants, déposé au Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp).
Elle réclame l’application du statut particulier du personnel enseignant, afin d’établir une grille salariale pour les enseignantes et enseignants, la régularisation de leur assurance et l’octroi de crédits en leur faveur.
La Cneh préconise de prendre des mesures pour remplacer les enseignantes et enseignants, qui ont abandonné leurs postes pour divers motifs.
A cause de la terreur entretenue par les gangs armés, plus de 1,500 écoles sont fermées dans le département de l’Ouest, selon des chiffres plus alarmants fourmis par le secrétaire général de l’Union des parents d’élèves progressistes haïtiens (Upeph), Léo Litholu, interrogé par la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Rien n’est fait pour permettre la réouverture des classes pour toutes les écolières, déplore l’Upeph.
« Les écoles ne peuvent pas fonctionner normalement, pendant que les gangs armés contrôlent des territoires. La solution consiste à reprendre le contrôle de tous les quartiers, occupés par les bandits ».
Par ailleurs, l’Union des parents d’élèves progressistes haïtiens dit relever une hausse des prix des livres et des matériels classiques, soulignant combien les parents se trouvent aux abois.
Les mesures annoncées par le gouvernement
Le titulaire du Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), Augustin Antoine, a annoncé une série de mesures relatives à la rentrée scolaire 2024, lors d’un point de presse en date du 6 août 2024.
Il est prévu un appui financier de 15 à 20 mille gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = + 140.00 gourdes ; 1 euro = 148.00 gourdes ; 1 dollar canadien = 98.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes aujourd’hui) à 280 mille parents d’élèves, fréquentant des écoles fondamentales publiques, des écoles communales et communautaires.
Le Menfp envisage aussi la distribution de manuels scolaires pour les classes de 1re à la 4e année fondamentale, de kits scolaires, d’uniformes et de bancs.
Il y aura un renforcement et une extension du programme de cantines scolaires à travers les dix directions départementales d’éducation, en mettant à contribution les produits agricoles locaux.
Des réformes au niveau de l’enseignement public et du curriculum, le renforcement des Directions départementales d’éducation (Dde) dans un cadre de micro-planification, la mise en œuvre de la politique nationale de la petite enfance, figurent par les projets ciblés.
Le Menfp a promis d’inaugurer 17 écoles publiques et de réhabiliter 111 autres écoles publiques, de régulariser le statut du personnel administratif et du personnel enseignant, et de mettre en place l’Agence nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Anesrs). [emb rc apr 1er/10/2024 10:20]