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Edgard Leblanc Fils demande « des réparations justes et appropriées » pour Haïti, en relation à la dette imposée par la France

P-au-P, 26 sept. 2024 [AlterPresse] --- Devant l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (Onu), ce jeudi 26 septembre 2024, le président du Conseil présidentiel de transition (Cpt), Edgar Leblanc Fils, a exigé la mise en œuvre de « réparations justes et appropriées » pour (les séquelles du passé colonial à) Haïti, en rapport à la dette de l’indépendance imposée à Haïti, par la France, un pays colonisateur, lors d’une intervention dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Cette position du Cpt survient moins d’une année avant le bicentenaire (17 avril 2025) de l’ordonnance du roi Charles X , en date du 17 avril 1825, exigeant aux habitantes et habitants d’Haïti le « paiement, en cinq termes égaux d’année en année, le premier échéant le 31 décembre 1825, de cent-cinquante millions de francs, somme destinée à dédommager les anciens colons », en contrepartie de « ces conditions, nous concédons l’indépendance pleine et entière de leur gouvernement ».

De telles réparations permettront au peuple haïtien « de se libérer des chaînes invisibles de ce passé injuste », souligne Leblanc, tout en appelant aussi à la reconnaissance d’une dette morale et historique.

Des travaux exhaustifs sur ce sujet ont été déjà entrepris par un comité national de restitution et réparation, en collaboration avec la commission des réparations de la Communauté des Caraïbes (Caricom), rappelle-t-il, comme pour expliquer combien sa démarche « est résolument engagée, structurée et bien documentée ».

Le Conseil exécutif de l’Université d’État d’Haïti (Ueh) a mis en place un groupe de travail sur la problématique de la restitution de la dette de l’indépendance, imposée à Haïti, et des rançons versées aux XIXe et XXe siècles, d’après un document publié en mai 2024.



Une étude, publiée en février 2023, par le journal « New York Times, avait évalué la dette envers Haïti entre 21 et 115 milliards de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = + 140.00 gourdes ; 1 euro = 147.00 gourdes ; 1 dollar canadien = 98.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes aujourd’hui).

Le montant s’élèverait à 150 milliards, 200 milliards ou plus, a avancé la Dre. Jemina Pierre (Professor of Global race in the Institute of race, gender, sexuality and social justice / Grsj at the University of British Columbia), à l’occasion du forum permanent de l’Onu pour les personnes d’ascendance africaine (Pfpad), déroulé en avril 2024 à Genève (Suisse).

La rançon, imposée sous menaces, en 1825, à Haïti, en échange de la reconnaissance de son indépendance, a siphonné ses ressources, « la plongeant dans un cycle infernal d’appauvrissement, dont elle peine toujours à sortir », souligne Edgard Leblanc Fils, applaudi par l’assistance à plusieurs moments.

La dette, injustice historique, a non seulement retardé le développement du pays, mais aussi marqué son peuple d’un fardeau dont les répercussions se font encore sentir, fustige-t-il.

Leblanc a salué « des propositions, formulées par un certain nombre de gouvernements et également certaines agences des Nations unies, pour des actions concrètes, en vue de la reconnaissance, la réparation et la restitution des torts du passé ».

Edgard Leblanc Fils a attiré l’attention de l’Assemblée générale des Nations unies « sur les séquelles du passé colonial et des rançons, payés à certaines puissances qui ont largement hypothéqué le développement d’Haïti ».

« Haïti a confiance sans réserve dans l’Organisation des Nations Unies, dont les piliers sont la lutte pour l’égalité entre les peuples et le maintien de la paix entre les nations, pour jouer son rôle, notamment dans la mise en place de mécanismes appropriés pour faciliter le dialogue entre les pays victimes de la colonisation et les anciennes puissances coloniales », dit-il. [emb rc apr 26/09/2024 14:10]