L’intolérance et la violence l’ont encore emporté sur la sérénité dans la situation haïtienne : Une marche prévue contre le gouvernement par des associations socio-professionnelles et les partis politiques d’opposition a été violemment étouffée dans l’Å“uf, le 3 décembre, par des centaines de militants lavalas. Plus tôt dans la matinée, ils avaient investi une église à Port-au-Prince, où une messe était dite en mémoire du journaliste Brignol Lindor, à l’occasion du premier anniversaire de son assassinat. Pour protester contre cette situation, le patronat et les secteurs d’opposition appellent à la grève.
1] APPEL à€ LA GRàˆVE CONTRE L’INTOLERANCE ET LA VIOLENCE DES PARTISANS DE ARISTIDE
Le secteur privé a annoncé une grève de 24 heures pour ce 4 décembre. Les hommes et femmes d’affaires entendent ainsi protester contre les violences des militants du Parti Fanmi Lavalas (Famille Lavalas) à Port-au-Prince ce 3 décembre.
L’ordre de cessation des activités commerciales a été lancé quelques heures après un appel à la grève générale des partis d’opposition, pour les mêmes motifs.
Une marche prévue contre le gouvernement par des associations socio-professionnelles et les partis politiques d’opposition a été étouffée dans l’oeuf par des centaines de militants lavalas, sous la direction de membres influents du parti, dont Annette Auguste. Tôt dans la matinée, les partisans du pouvoir ont occupé le lieu prévu pour le départ de la marche (Bas de la Capitale - Ouest), sans que la police ne s’y soit opposée.
Lorsque des groupes de partisans de l’opposition commençaient à arriver peu avant 10 heures du matin, ils ont été violemment accueillis a coups de pierres, bâtons, barres de fer, jets d’urines… Bilan une dizaine de blesses dans les rangs des militants anti-Aristide.
Une ambiance pareille a régné au Cap-Haïtien (Nord), tandis que la police a interdit toute manifestation anti-gouvernentale à Saint-Marc (Centre-Ouest), tandis qu’à Jacmel (Sud-Est) et Mirebalais (Centre), des manifestations anti-lavalas se sont déroulées sans violence.
Les partisans d’Aristide ont également attaqué plusieurs etablissements universitaires de la capitale, dont la l’Ecole Normale Supérieure, les Faculté d’Ethnologie, de Médecine et des Sciences. Les étudiants avaient hissé des drapeaux noirs en signe de deuil.
Malgré l’interdiction formelle de la constitution, des policiers ont pénétré dans l’enceinte de plusieurs de ces facultés.
Le Comité Exécutif de la marche a dénoncé la complicité de la police avec les agresseurs. Selon le Comité le gouvernement aurait déboursé 450000 Dollars en faveur de ses partisans pour organiser les attaques mentionnées. Le pouvoir lavalas n’accepte "aucune forme de contestation", c’est "une tyrannie", a fait savoir le Comité.
Le Président Aristide qui recevait des handicapés au palais national, à l’occasion de la journée mondiale des handicapés, a demandé que la décision du peuple, lors des présidentielles de novembre 2002 soit respectée. Il a revendiqué ses 5 ans de mandat et affirmé que la voix du peuple c’est la voix de Dieu.
Cependant, pour la première fois depuis le début de la crise, la hiérarchie de l’Eglise Catholique n’a pas écarté la possibilité d’une sortie de l’impasse par la démission de Aristide. dans un communiqué rendu public le 2 décembre, les Evêques qui comparent le pays a un bateau ivre, considèrent 3 solutions possibles : " Renoncer volontairement au pouvoir pour le plus grand bien de la nation, écourter magnanimement la durée du pouvoir pour appeler à des élections générales anticipées, opérer des réformes en profondeur capables de rendre le pouvoir crédible et de rétablir la confiance".
Quatre institutions d’accompagnement dont l’Institut Culturel Karl Lévêque (ICKL) et l’Institut de Technologie et d’Animation (ITEKA) appuient, pour leur part, la demande de démission d’Aristide, qui a "trahi la lutte des masses". Cependant elles invitent à la vigilance, car depuis 1986, rappellent-elles, "le mouvement populaire s’est toujours prononcé contre les gouvernements aux ordres de l’impérialisme, les gouvernements vendeur de patrie, corrompus et qui accumulent des dettes afin de s’enrichir et d’acheter des armes pour réprimer le peuple".
2] PREMIER ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DU JOURNALISTE BRIGNOL LINDOR
Des manifestations diverses ont marqué le premier anniversaire de l’assassinat du journaliste Brignol Lindor à Petit-Goave, le 3 décembre 2002. Messes et manifestations anti-gouvernementales ont eu lieu dans plusieurs villes du pays.
A Petit-Goave la messe prévue a été célébrée sur le parvis de l’église Notre dame, le curé de la paroisse ayant décidé de maintenir les portes closes. Les parents, proches, confrères et consoeurs de Lindor ont pris part à cette cérémonie. Y ont également assisté, des personnalités politiques de l’opposition. La messe a été suivie d’une manifestation anti-gouvernementale et en faveur de la justice pour Brignol Lindor.
A Pétion-Ville, sur les hauteurs de Port-au-Prince, l’Association des Nationale des Médias Haitiens (ANMH) a fait chanter également une messe. Plusieurs secteurs de la société ont été représentés, ainsi que des diplomates et responsables d’organismes internationaux.
Des militants de base du parti au pouvoir Fanmi Lavalas ont fait irruption à l’église en jetant ca et la des photos du Président Jean Bertrand Aristide. Cette attitude a été condamnée par le responsable de l’ANMH, Hérold Jean Francois et le Secrétaire Général de l’Association des Journalistes Haïtiens (AJH), Guyler Delva.
Les stations de radio ont diffusé de la musique de circonstance et des spots de sensibilisation produits par l’ANMH et l’organisation internationale de défense des journalistes, Reporters Sans Frontières.