P-au-P., 5 sept. 2024 [AlterPresse] --- Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a pressé les autorités de la transition à s’engager rapidement vers des élections tout en appelant la communauté internationale à en faire plus pour financer la force internationale de sécurité en Haïti, où les gangs continuent de terroriser la population.
"C’est un moment de grand défi mais aussi d’espoir pour Haïti", a déclaré Antony Blinken. "La prochaine étape cruciale dont nous avons parlé est la mise en place d’un conseil électoral. Nous espérons qu’il sera bientôt mis en place", a-t-il souligné dans une déclaration à la presse en compagnie d’Edgar Leblanc Fils, président du Conseil présidentiel de transition.
Ce dernier a assuré qu’il espérait être en mesure de "présenter" le Conseil électoral provisoire d’ici la semaine prochaine. L’objectif est, selon lui, d’organiser des élections en novembre 2025, comme prévu, et un transfert de pouvoir en février 2026.
Plus haut responsable américain à se rendre en Haïti depuis près de 10 ans, Antony Blinken est arrivé à Port-au-Prince deux mois après que le Kenya a commencé à déployer des policiers dans le cadre d’une Mission d’appui à la sécurité (Mmas).
Au quartier général de la Mmas, le secrétaire d’État américain a discuté avec les responsables haïtiens et internationaux de la sécurité.
Lors de sa rencontre avec le Premier ministre intérimaire Garry Conille, il a estimé que le travail initial des forces internationales avec la police haïtienne constituait "des étapes très importantes et de réels progrès".
"La sécurité est la base de tout ce qui va arriver ensuite, y compris la préparation des élections de l’année prochaine, mais aussi pour fournir des services de base au peuple haïtien", a-t-il reconnu.
Le Premier ministre haïtien a lui reconnu que la situation était "extrêmement complexe" mais fait part d’un certain optimisme. "Si nos partenaires nous soutiennent et s’engagent à nos côtés, nous atteindrons nos objectifs.
Le secrétaire d’État a annoncé une nouvelle aide humanitaire de 45 millions de dollars, exhortant les autres pays à contribuer au financement de cette force soutenue par les États-Unis et les Nations-Unies pour appuyer la police haïtienne.
« En ce moment critique, nous avons besoin de plus de fonds. Nous avons besoin de plus de personnel pour soutenir et réaliser les objectifs de cette mission », a déclaré Antony Blinken lors d’une conférence de presse.
En dépit de l’intensification des actions de la police, la violence des gangs ne connaît pas de répit, aggravant la crise humanitaire et économique. Le gouvernement haïtien vient tout juste d’étendre, le 4 septembre, l’état d’urgence sécuritaire dans l’ensemble du pays.
Dans une déclaration transmise à AlterPresse, des organisations populaires haïtiennes et dominicaines, dont la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) et le Movimiento popular dominicano, ont exprimé leur « rejet total » de la présence de Blinken sur « notre île ».
Le secrétaire d’État américain s’est rendu, en fin de journée, en République dominicaine, pays qui partage l’île avec Haïti, alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas. Antony Blinken y rencontre vendredi 6 septembre le président nouvellement réélu Luis Abinader.
Il y a quelques jours, la République dominicaine a autorisé les États-Unis à saisir l’avion utilisé par le président vénézuélien Nicolas Maduro, dans le cadre des sanctions américaines imposées contre Caracas. [apr (avec agences) 05/09/2024 22 :00]