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Haïti-Corruption : Un regroupement d’organisations de droits humains sollicite une enquête sur les biens des Martelly

P-au-P, 05 sept. 2024 [AlterPresse] --- Le regroupement d’organisations de droits humains Ensemble contre la corruption (Ecc) sollicite, auprès de l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc), une enquête sur les biens meubles et immeubles accumulés par l’ancien président Michel Joseph Martelly, des membres de sa famille ainsi que ses proches collaborateurs, dans une lettre ouverte dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Cette investigation devrait permettre d’obtenir des informations précises sur le niveau de pillage des fonds du trésor public par Martelly et ses complices, le jugement des comptes des personnes impliquées et de leurs complices ainsi que leur condamnation par devant une juridiction répressive, souhaite le regroupement Ecc, dans cette correspondance adressée au directeur général de l’Ulcc, Hans Jacques Ludwig Joseph.

Pour justifier cette enquête, il se réfère à la loi du 12 mars 2014 portant prévention et répression de la corruption et au décret du 30 avril 2023 sanctionnant le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes de destruction massive en Haïti, respectivement publiés dans le journal officiel « Le Moniteur », les 9 mai 2014 et 4 mai 2023.

« Les institutions publiques haïtiennes, ayant pour vocation de participer à l’intégrité des fonds publics, n’ont pas bougé, malgré les allégations de corruption faites par les médias en Haïti et les nombreuses manifestations des rues, au cours desquelles des centaines de milliers de citoyennes et de citoyens ont dénoncé le pillage systématique des fonds publics sous la gouvernance de Joseph Michel Martelly », s’insurge le regroupement Ecc.

Pourtant, différents rapports de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca) révèlent la gestion calamiteuse des fonds du programme PetroCaribe, notamment au cours de la présidence de Joseph Michel Martelly, argue-t-il.

Ce dernier avait aussi décidé de faire, de son fils et de son épouse, des comptables de deniers publics au cours de son mandat, rappelle-t-il.

« Et sans surprise aucune, l’instruction ouverte au tribunal de première instance de Port-au-Prince, autour de la dilapidation des fonds PetroCaribe, a été étouffée par les autorités judiciaires, qui devraient pourtant défendre les intérêts de l’État ».

Le moment est venu de défendre valablement les intérêts de l’État haïtien, estime le regroupement d’organisations de droits humains Ensemble contre la corruption, qui demande à l’Ulcc de passer les instructions formelles et immédiates en vue d’investiguer sur les biens meubles et immeubles accumulés par Joseph Michel Martelly, sa conjointe et son fils, qui ont occupé des postes à responsabilités publiques et accumulés par ses proches collaborateurs.

En date du 20 août 2024, le Bureau de contrôle des actifs étrangers (Ofac) du Département du trésor des États-Unis a sanctionné l’ancien président haïtien, Joseph Michel Martelly, pour trafic de drogues et parrainage de gangs.

Ces sanctions ont pour conséquences directes l’interdiction de toutes transactions en devises étrangères, soumises à la juridiction des États-Unis dans lesquelles Michel Martelly aurait un intérêt.

L’interdiction est faite à toutes institutions financières américaines de faire des prêts ou de fournir du crédit à Joseph Michel Martelly ainsi que pour toute personne américaine d’investir ou d’acheter des montants significatifs d’instruments de capitaux propres ou de dettes de Martelly.

Ces sanctions américaines font suite à celle, qui avait été adoptée en date du 20 novembre 2022 par le Canada contre Joseph Michel Martelly, qui « profite directement du travail des gangs armés et est associé à un système de corruption ».

Toutes transactions financières entre Martelly et les institutions et ressortissants.es du Canada sont interdites.

Lorsque Martelly était président d’Haïti du 14 mai 2011 au 7 février 2016, il s’est servi des gangs armés, en vue d’accroître son influence, en a financé plusieurs et est impliqué dans le scandale des fonds PetroCaribe, pour la dilapidation desquels les pires détournements ont été enregistrés au cours de son mandat présidentiel, a indiqué un groupe d’experts des Nations unies, dans un rapport final publié le 15 septembre 2023. [mff emb rc apr 04/09/2024 14:25]