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Haïti-Droits humains : La Fjkl dénonce des exécutions sommaires de détenus à la prison civile de Saint-Marc

Saint-Marc (Haïti), 04 sept. 2024 [AlterPresse] --- Des détenus sans défense auraient été exécutés sommairement dans leurs cellules, en présence des autorités judiciaires chargées de garantir leurs droits, lors du « carnage » survenu le vendredi 16 août 2024 à la prison civile de Saint-Marc (Artibonite/Nord), suite à un mouvement de protestations, révèle l’organisme de droits humains Fondasyon je klere (Fjkl), dans un rapport daté du mercredi 3 septembre 2024 dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Le calme était revenu à la prison, quand certains détenus sont exécutés froidement », selon la version des faits présentés notamment par le vice-délégué de Saint-Marc, Walter Montas, corroborée par d’autres témoignages recueillis par la Fjkl.

Les détenus auraient été enterrés rapidement, parce que plusieurs d’entre eux auraient reçu une balle à la tête, ajoute la Fjkl, demandant de sanctionner la violation du droit au respect de la protection des morts.

« De tels actes ne doivent pas restés impunis. Les responsabilités doivent être fixées », exige-t-elle, tout en recommandant l’ouverture d’une enquête administrative pour sanctionner les auteurs de ces graves violations de droits humains.

En ce sens, elle interpelle l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti (Igpnh) et la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj), pour assurer ce suivi.

« Comment des détenus peuvent être tués dans leurs cellules sans une réaction de l’État » ?, se demande la Fjkl, condamnant l’usage abusif de la force armée des autorités pour réprimer la protestation de détenus, affamés par une grève sauvage d’agents pénitentiaires pour exiger le versement de leurs primes de risque.

Ces détenus réclamaient leur droit à l’alimentation, en raison d’une grève des agents pénitentiaires qui les condamnait à mourir de faim, note-t-elle.

« Les événements de la prison civile de Saint-Marc témoignent de l’état de dégradation accélérée des institutions étatiques et du non-respect du droit à la vie en Haïti », fustige-t-elle, soulignant combien l’État a failli à sa mission de garantir le droit à l’alimentation des détenus, le droit à la vie, le droit au respect des morts.

Il n’y pas eu de tentative d’évasion à la prison civile de Saint-Marc, comme le prétendaient des informations circulant sur les réseaux sociaux, insiste la Fjkl, qui rejette cette hypothèse.

Aucune intervention de force externe n’a été effectuée pour tenter de libérer des détenus, ni de détenus armés à l’intérieur de la prison pour faire face aux forces de l’ordre, avance l’organisme de défense des droits humains, soulignant combien il s’agiraitt d’une juste protestation des détenus pour exiger le respect de leur droit à l’alimentation.

Au moins 14 morts, 7 blessés dans le massacre à la prison civile de Saint-Marc

Au moins 14 morts, 7 blessés, un (1) évadé et de dégâts matériels importants ont été enregistrés dans le massacre du 16 août 2024 à la prison civile de Saint-Marc, comprenant plus de 500 détenus, a documenté la Fjkl.

6 cellules ont été endommagées sur 19 et d’autres espaces (administration, cuisine, dépôt, archives) ont été incendiés.

Des fautes administratives et pénales graves

La Fjkl évoque des fautes administratives et pénales à la base du massacre survenu dans la prison civile de Saint-Marc.

Elle critique une gestion inefficace du personnel pénitentiaire, entrainant une situation d’indiscipline grave au niveau des agents, l’irrespect des règlements généraux de la Police nationale d’Haïti (Pnh) interdisant le droit de grève aux policiers, l’usage disproportionné de la force et le manque de professionnalisme des forces de l’ordre à l’origine du drame.

« Si ces règlements étaient respectés, le drame survenu à la prison civile de Saint-Marc (le vendredi 16 août 2024) aurait pu être évité. Il s’agit là d’une question à résoudre une fois pour toutes, pour éviter la répétition de tels drames ».

« Un seul fusil 12 était en possession d’un détenu, qui avait désarmé un agent. Les détenus n’étaient pas armés », relève le rapport d’enquête de l’organisme de droits humains Fondasyon je klere. [emb rc apr 04/09/2024 13:15]