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A l’agenda d’une prochaine visite de Blinken en Haïti, changement envisagé de la Mmas en opération de maintien de la paix de l’Onu

P-au-P., 4 sept. 2024 [AlterPresse] --- La transformation de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti en opération de maintien de la paix des Nations Unies est à l’ordre du jour, à la veille de la visite cette semaine à Port-au-Prince du secrétaire d’État américain Antony Blinken.

Le quotidien américain Miami Herald, consulté par AlterPresse, confirme que le haut responsable américain prévoit de se rendre à la capitale haïtienne cette semaine pour rencontrer le premier ministre Garry Conille et le président du Conseil présidentiel de transition, Edgard Leblanc Fils.

Il rencontrera également une poignée de dirigeants de partis politiques impliqués dans la mise en place du conseil présidentiel, éclaboussé par un scandale de corruption où trois des ses sept membres votants, Smith Augustin, Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire, sont indexés.

L’’accent devrait être mis surtout sur la sécurité et la Mmas, dont le renouvellement devrait être étudié par le Conseil de sécurité de l’Onu à la fin du mois de septembre 2024.

La mission dirigée par le Kenya a été autorisée pour la première fois par le Conseil de sécurité de l’Onu en octobre 2023 pour un an. Mais, maintes péripéties ont retardé son déploiement, qui ne s’est fait finalement qu’en juin 2024.

Plus de deux mois après l’arrivée des premiers contingents de policiers kenyans en Haïti pour diriger cette force de sécurité multinationale largement financée par les États-Unis, l’administration Biden étudie donc la possibilité de la transformer en une opération traditionnelle de maintien de la paix des Nations Unies.

Face à la pénurie de financement et d’équipement, le département d’État a réfléchi à la possibilité de transformer la mission et en a informé les parlementaires américains, selon le Miami Herald, citant une source familière avec le dossier.

Un responsable du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche a confirmé que des plans sont à l’étude pour modifier la nature de la force.

Cette perspective de changement prend en compte les difficultés de l’administration Biden à attirer des contributions volontaires pour la mission, qui a un budget d’environ 200 millions de dollars tous les six mois, et l’incapacité à rétablir rapidement l’ordre en Haïti malgré les déclarations publiques selon lesquelles il y a eu des progrès depuis l’arrivée des Kenyans.

Une opération traditionnelle de maintien de la paix de l’ONU mettrait fin aux problèmes de financement de la mission, car elle serait payée par les contributions régulières des pays membres. Elle disposerait également de plus d’équipements comme des hélicoptères, ce qui manque à la mission actuelle dirigée par le Kenya, et peut-être même d’un hôpital capable d’effectuer des opérations chirurgicales.

De plus, les Nations Unies seraient en mesure de mobiliser les forces militaires, plutôt que de simples policiers, ce que les États-Unis n’ont pas pu faire avec l’actuelle Mmas.

Les États-Unis restent le plus grand contributeur financier de la mission en cours. L’administration Biden a fourni plus de 300 millions de dollars qui ont, entre autres, payé pour la construction d’une base près de l’aéroport international de Port-au-Prince et des dizaines de véhicules blindés pour les policiers étrangers.

Le Canada a récemment envoyé sa contribution de 59 millions de dollars canadiens à un Fonds fiduciaire créé pour les opérations de la mission du Kenya.

Une mission de maintien de la paix aurait certainement besoin de l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU. La question se pose maintenant de savoir si les membres de ce Conseil, en particulier la Chine et la Russie, soutiendraient l’idée de transformer l’actuelle mission en opération de maintien de la paix.

La Chine et la Russie, d’une part, et les États-Unis, d’autre part, éprouvent des difficultés à s’entendre sur le dossier haïtien. Disposant de droit de véto au conseil de sécurité, la Chine et la Russie sont très critiques vis-à-vis des États-Unis pour la responsabilité que les Américains auraient dans la crise haïtienne, en n’ayant pas stoppé l’afflux d’armes vers Haïti en provenance de leur territoire. [apr 04/09/2024 11 :00]

Photo : capture d’écran