P-au-P, 03 sept. 2024 [AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh) demande à l’Institut du bien-être social et de recherches (Ibers) d’adopter des mesures immédiates de protection en faveur des enfants, déplacés en raison des violences des gangs armés à Port-au-Prince, dans une lettre en date du lundi 2 septembre 2024dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Des milliers de personnes déplacées, incluant des enfants, vivent dans des conditions infrahumaines dans les camps depuis plusieurs années. Nombreux sont les enfants évoluant dans les camps, qui vivent avec des traumatismes résultant des exactions qu’eux-mêmes ou leurs proches ont subies, signale la Pohdh.
Plusieurs de ces enfants ont assisté à l’incendie de leurs maisons, aux viols collectifs de leurs mères et sœurs, ou à l’assassinat de leurs parents, de leurs proches, dont certains ont été brûlés vifs, rapporte-t-elle.
« Des centaines d’enfants vivent dans les camps de personnes déplacées, sans aucun parent ou tuteur pour les accompagner et prendre soin d’eux. Et, malgré leur jeune âge, plusieurs d’entre eux sont déjà parents et/ou sont obligés d’endosser la fonction de chef (fe) de famille ».
L’État haïtien et l’Ibers ont abandonné les enfants dans les camps, coincés dans une spirale de violence interminable et ne participant à aucune activité socio-éducative, fustige la Pohdh.
De plus, les enfants ne reçoivent de l’État aucune assistance psychosociale dans l’objectif d’améliorer leur santé mentale.
Considérés comme des proies faciles, les enfants de rues sont enrôlés dans des gangs armés et exposés à la déscolarisation, la délinquance juvénile, la consommation de la drogue, la prostitution, signale la Pohdh.
Le nombre d’enfants déplacés à l’intérieur d’Haïti a augmenté d’environ 60 % depuis mars 2024 – soit l’équivalent d’un enfant par minute - en raison des violences continues causées par les groupes armés, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).
Au début du mois de juillet 2024, l’Unicef a appelé à une aide humanitaire d’urgence en faveur de près de 600 mille personnes déplacées à l’intérieur d’Haïti, dont plus de la moitié sont des enfants.
Insalubrité, promiscuité et augmentation des cas de tuberculose dans les camps
Les camps sont des espaces insalubres et surpeuplés, accueillant des personnes déplacées qui sont obligées de se loger dans des couloirs, sur les toits des immeubles, sur la cour, entre autres, expose la Pohdh.
L’organisation de défense des droits humains signale une augmentation des cas de tuberculose dans les camps.
Plus d’une centaine de personnes déplacées, qui sont atteintes de tuberculose dans le camp du Lycée Marie-Jeanne, ont été dépistées à la fin du mois de juin 2024, révèle la Pohdh.
Le regroupement d’organisations haïtiennes des droits humains exige une intervention immédiate de l’Ibers, en vue de recenser les différents enfants dans les camps de personnes déplacées, d’enquêter sur leur situation personnelle et d’intervenir efficacement pour le respect des droits fondamentaux à la vie, à la sécurité, à l’éducation, la santé, à l’alimentation, aux loisirs des enfants.
La Pohdh appelle au rétablissement des conditions minimales de sécurité, pouvant permettre aux enfants de réintégrer leurs communautés. [mff emb rc apr 03/09/2024 13:40]
Photo : Compte X du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies en Haïti (Ocha)