P-au-P, 31 août 2024 [AlterPresse] --- Les autorités en Haïti disposeraient déjà des dossiers d’informations, liées aux sanctions des États-Unis d’Amérique contre l’ancien président Joseph Michel Martelly pour « trafic de drogue, blanchiment d’argent et parrainage de gangs ».
C’est en ces termes qu’a réagi, sur AlterPresse et AlterRadio, le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), Pierre Espérance, en rapport au partage d’informations supplémentaires, que voudrait solliciter le premier ministre de la transition Garry Conille auprès des États-Unis.
De telles informations sont déjà disponibles à la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj), en particulier au niveau de la Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants (Blts), en ce qui concerne notamment le trafic de drogue, grâce aux travaux accomplis conjointement avec l’administration antidrogue (Drug Enforcement Administration /Dea, une agence fédérale américaine d’application de la loi dépendant du département de la Justice des États-Unis, chargée de lutter contre le trafic et la distribution de drogues aux États-Unis), précise le Rnddh.
Il y a eu des enquêtes menées par les institutions étatiques en collaboration avec les États-Unis. Des rapports sur la corruption, le blanchiment des avoirs, l’argent PetroCaribe et le parrainage des gangs, se trouvent au niveau de la Dcpj, poursuit-il.
L’organisme de défense des droits humains fait état d’un rapport existant, qui montre combien Joseph Michel Martelly entretenait des relations de proximité avec l’ancien chef de gang, Arnel Joseph, mort par balles de la Police nationale d’Haïti (Pnh), le vendredi 26 février 2021, à l’Estère (Artibonite).
Martelly envoyait de l’argent à Arnel Joseph et communiquait avec lui, avait révélé ce rapport, rappelle le Rnddh.
La demande de partage d’informations du gouvernement haïtien auprès du gouvernement des États-Unis, concernant les sanctions contre Martelly, constitue une démagogie, aux yeux du Rnddh.
« Tout le monde est au courant : non seulement Michel Martelly parrainait des gangs armés, mais ill est aussi un trafiquant de drogue. Martelly a volé l’argent PetroCaribe, cela ne nous étonne pas que le gouvernement des États Unis le sanctionne à travers le Département du trésor ».
Cette sollicitation d’informations n’obtiendrait aucune réponse positive, anticipe le Rnddh.
De plus, aucun suivi judiciaire n’est possible avec l’actuel titulaire du Ministère la justice et de la sécurité publique (Mjsp), Carlos Hercule, qui serait « un pion de Michel Martelly et du Parti haïtien tèt kale (Phtk) ».
Hercule ne pourra pas mobiliser les parquetiers ainsi que les institutions travaillant sur la question des blanchiments d’argent et les crimes financiers,pour mener des enquêtes contre Martelly, reste pessimiste le Réseau national de défense des droits humains.
« Martelly dit avoir prêté de l’argent pour construire une maison sur la côte des Arcadins (au nord de Port-au-Prince) à hauteur de 9 millions de dollars. Or, quand il était président, son salaire était d’environ 4,5 mille dollars américains ».
Où a-t-il pu trouver de l’argent cinq années après, pour construire une maison à ce prix ?, se demande-t-il.
Les enfants de Martelly ont également construit de grandes maisons à Pétionville (municipalité à l’est de Port-au-Prince), toujours avec l’argent issu du trésor public.
Interdiction est faite aux institutions financières américaines d’accorder des prêts ou des crédits à Martelly sanctionné pour « trafic de drogue, blanchiment d’argent et parrainage de gangs », a souligné le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (Ofac) du Département du trésor des États-Unis d’Amérique, dans un communiqué publié le mardi 20 août 2024.
« Toute transaction de change, soumise à la juridiction des États-Unis d’Amérique et dans laquelle Martelly a un intérêt, est interdite ».
Ces sanctions des États-Unis d’Amérique, contre l’ancien président d’Haïti, Joseph Michel Martelly, sont saluées à l’échelle internationale, notamment par le gouvernement du Canada.
Dans un tweet, le gouvernement du Canada a rappelé avoir joué, en novembre 2022, un rôle de premier plan en sanctionnant les élites politiques, qui ont contribué à la terreur en Haïti.
« Il est essentiel que nous fassions pression sur les individus responsables, pour qu’ils mettent fin à leur violence insensée. Nous devons lutter collectivement contre la corruption et tenir responsables celles et ceux, qui terrorisent le pays et le peuple haïtien », a estimé le gouvernement canadien. [mff emb rc apr 31/08/2024 16:30]