P-au-P, 26 août 2024 [AlterPresse] --- Plus d’un mois après le lancement du processus, qui devrait aboutir à la désignation de délégué-e-sau Conseil électoral provisoire (Cep), la majorité des secteurs demeurent toujours divisés sur le choix de leurs représentant-e-s respectifs au Cep, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Des suspicions de trafic d’influence, voire de magouilles, dans la perspective d’éventuelles élections en 2025, sont aussi dénoncées.
Pourtant, c’est ce lundi 26 août 2024 que devrait expirer le délai supplémentaire, accordé à ces secteurs pour soumettre au Conseil présidentiel de transition (Cpt) les noms de leurs représentantes et représentants à intégrer dans le prochain conseil d’administration du Cep.
Différentes contestations continuent d’entacher le processus de désignation des représentant-e-s des secteurs des droits humains, paysan, syndical, femmes, protestant, vodou et université, au sein du Cep.
Dans une lettre adresse en date du 23 août 2024 au Cpt, la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh) déclare se retirer formellement du processus de désignation d’un-e représentant-e du secteur des droits humains au Cep.
« Le processus, devant aboutir à la désignation d’un représentant ou d’une représentante du secteur des droits humains au Cep, a été vicié à la base », justifie-t-elle.
La Pohdh met en garde le Cpt contre la désignation d’une personnalité devant représenter le secteur des droits humains au Cep, qui risquerait de saper la crédibilité et la légitimité de l’organe électoral à venir.
Dans une correspondance en date du 8 juillet 2024, le Cpt avait désigné la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains pour conduire ledit processus, aux côtés de l’Organisation citoyenne pour une nouvelle Haïti (Ocnh).
La Pohdh informe avoir exprimé ses préoccupations au Cpt, notamment par rapport à l’ingérence du conseiller-président Frinel Joseph dans le processus.
Au départ, il existait entre la Pohdh et l’Ocnh des désaccords profonds, portant sur les critères de participation des organisations.
Sans nous consulter, le Rezo nasyonal peyizan ayisyen (Renapa) a décidé d’acheminer au Cpt le nom de Jacques Céus comme représentant du secteur paysan, s’insurge, pour sa part, la Plateforme des organisations paysannes 4 Je Kontre, dans une note en date du 21 août 2024.
Choisie pour assurer la coordination de ce processus avec le Renapa (une organisation peu connue en Haïti), la plateforme 4 Je Kontre rapporte avoir écrit plusieurs lettres au Cpt, pour l’alerter sur le mauvais déroulement du processus, mais sans obtenir de réponse.
« Le Renapa n’est pas une organisation paysanne, mais plutôt une organisation satellite du parti politique Pitit Desalin (de Jean-Charles Moïse), qui a représenté ledit parti auprès de la Communauté des Caraïbes (Caricom) dans des discussions, en mrs 2024, sur la crise en Haïti », fustige la plateforme 4 je kontre.
Cette indifférence montre clairement combien les organisations paysannes sont victimes d’un complot, fomenté au plus haut niveau, considère la plateforme des organisations paysannes 4 Je Kontre, regroupant Tèt kole ti peyizan ayisyen (Tk), Mouvman peyizan nasyonal kongrè Papáy (Mpnkp), Kowòdinasyon rejyonal òganizasyon . sidès (Kros), Mouvman peyizan Papáy (Mpp).
La plateforme 4 Je Kontre demande au Cpt de relancer le processus, avec de vraies organisations paysannes, pour le rendre fiable, honnête et démocratique.
Des divergences existent également au niveau des secteurs vodou, femmes, protestant, syndical, université, sur le mode de désignation d’un-e représentant-e au Cep.
Dans une note, le Cpt avait réitéré sa détermination à travailler sans relâche, en vue de terminer, d’ici la fin du mois d’août 2024, avec le processus de désignation des personnes devant faire partie du Cep.
Le délai annoncé, soit le mercredi 28 août 2024, pour finaliser ce processus, sera respecté, a promis le Cpt ayant pour mandat de mettre en place le Cep, afin d’organiser des élections générales pour doter le pays d’élus.es légitimes devant entrer en fonction le 7 février 2026.
Reste à savoir comment le Cpt, mis en cause dans le mode de choix d’organisations devant assurer la coordination des démarches pour le choix de délégué-e-s sectoriel-le-s, compte s’y prendre pour mettre en place le prochain Conseil électoral provisoire, sans la participation véritable de différents secteurs représentatifs dans la société en Haïti.
Ces élections pour renouveler le personnel politique n’ont pas pu être organisées depuis plusieurs années en Haïti.
La situation sécuritaire s’est détériorée sur le territoire national, particulierement dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, assiégée à plus de 80% par les gangs armés, et dans le département de l’Artibonite.
Plus de 600 mille personnes ont déjà été contraintes de se déplacer, depuis l’année 2023, à l’intérieur d’Haïti. [emb rc apr 26/08/2024 12:10]