Par Gotson Pierre
P-au-P., 21 août 2024 [AlterPresse] --- « Pepe Mujica, Nelson Mandela et Haïti », c’est un film de 2023, projeté le mardi 20 août 2024 à Pétionvlle (périphérie est de la capitale Port-au-Prince) pour inviter à la « réflexion sur la transparence dans la gouvernance étatique ».
Le film est réalisé par le cinéaste Arnold Antonin et l’initiative de la projection pour les hauts cadres de l’État, dans ce contexte de crise multidimensionnelle marquée par des scandales de corruption, est prise par le bureau de l’Unesco en Haïti.
Ancien président de l’Uruguay (2010-2015), Jose (Pépé) Mujica a passé 14 ans de sa vie en prison, dont deux dans un puits.
L’ancien guérillero libéré, conduit avec succès son parti à la victoire électorale en 2010. Ses politiques sociales sont exemplaires. Son succès est reconnu internationalement.
A Montevideo, Arnold Antonin l’écoute et le suit, tout en faisant référence à l’ancien président sud-africain et prix Nobel de la paix Nelson Mandela.
Emprisonné pendant plus de 27 ans, Mandela, exemple emblématique d’intégrité, saura par la suite libérer son pays de l’apartheid et établir les bases de la démocratisation de l’Afrique du Sud.
Les deux hommes partagent une vision commune de la « vie simple ».
« Simplicité », gage de « liberté »
Durant 61 minutes, Mujica expose avec enthousiasme son approche du pouvoir et sa philosophie de vie, ancrée dans la sobriété.
Pour Pepe Mujica, la « simplicité » est gage de « liberté ». C’est celle-là qui libère de l’enfermement des besoins matériels insatiables, conduisant inévitablement à la corruption.
Le plus important dans la vie, dit-il entre les lignes, ce n’est pas une accumulation de biens. « Vivre c’est avoir une cause pour laquelle lutter ».
Ce « président atypique », estime Antonin, « pense au bonheur de son peuple ». Dans ce petit « pays pauvre » d’Amérique du Sud, de 3,5 millions d’habitants pour un territoire de 176 215 km2, il mène « une politique austère » afin de satisfaire les besoins de sa population.
S’adressant aux jeunes Haïtiennes et Haïtiens, Pepe Mujica met l’emphase sur l’exigence de l’honnêteté dans l’exercice des fonctions politiques.
« Pour faire de la politique il faut être honnête », dit-il en substance.
Avec cet esprit, revoir l’approche de l’administration publique et réinventer la conception de la bonne gouvernance : tel est l’idée qui sous-tend l’initiative de l’Unesco, décèle-t-on à travers les propos de Tatiana Villegas, représentante de l’organisme onusien à Port-au-Prince.
Y a-t-il un lien entre l’expérience douloureuse des deux hommes en prison et le choix de la simplicité comme philosophie de la vie, se demande un spectateur.
Dans la salle, le public montre un intérêt marqué pour l’expérience de Pépé Mujica. Plusieurs intervenants entrent dans un échange dynamique avec le cinéaste.
Un échange qui commence en présence du conseiller-président Smith Augustin, qui a représenté la présidence collégiale haïtienne (Conseil présidentiel de transition de 9 membres) à cette séance cinématographique.
Augustin est lui-même, avec deux autres conseillers-présidents, Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire, éclaboussé par un scandale de tentative de corruption de l’ancien président du conseil d’administration de la Banque nationale de crédit (Bnc), Raoul Pierre-Louis, aujourd’hui renvoyé.
Un Groupe de personnalités éminentes (Gpe) de la Communauté des Caraïbes (Caricom), qui observe l’évolution de la transition, a appelé, le même jour, à une résolution rapide de cette affaire de corruption.
Coïncidence, c’est aussi le mardi 20 août 2024 que l’ancien président haïtien Michel Martelly est sanctionné par les États-Unis pour « trafic de drogue, blanchiment d’argent et parrainage de gangs ». [gp apr 21/08/2024 14:00]