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Haïti-Criminalité : La peur commence à changer de camp à Anse d’Hainault

Anse d’Hainault (Grande Anse, Haïti), 13 août 2024 [AlterPresse] --- Depuis le lynchage, dans la nuit du samedi 10 au dimanche 11 août 2024, d’une quinzaine de présumés bandits à Anse d’Hainault, dans le département de la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest d’Haïti), la peur commence à changer de camp, selon les témoignages recueillis par AlterPresse auprès de Dario Louis, président du Conseil d’administration de la section communale (Casec) de Boudon, deuxième section communale d’Anse d’Hainault.

Une quarantaine de maisons ont été incendiées, en relation aux derniers événements violents survenus à la deuxième section communale d’Anse d’Hainault.

Le jeudi 12 août 2024, deux bandits ont été tués par la population d’Anse d’Hainault.

Identifiées comme des personnes ayant des liens avec de bandits, deux femmes ont été appréhendées, puis remises à la police.

Une autre femme enceinte a été relâchée, à cause de son état.

Vie troublée à Anse d’Hainault

Le niveau de criminalité, qui prévalait depuis quatre ans (depuis l’année 2020) dans la deuxième section communale d’Anse d’Hainault, s’est aggravé il y a environ deux mois, fait savoir à la plateforme AlterPresse/AlterRadio Dario Louis, président du Conseil d’administration de la section communale (Casec) de Boudon.

35% des habitantes et habitants de Boudon ont dû abandonner cette zone, à cause des bandits armés, qui assassinaient, violaient, bastonnaient et pillaient les biens des paysannes et paysans, souligne le Casec de Boudon.

En provenance de Chambellan et d’autres lieux de la capitale, Port-au-Prince, ces malfrats, des jeunes pour la plupart, sont venus occuper, pendant plusieurs mois, une dizaine de kilomètres de territoires dans une zone dénommée Decotelette, dominée par des mornes.

Ils y faisaient régner un climat de terreur, en tuant, violant et volant les têtes de bétail des paysannes et paysans déjà vulnérables.

« Quand ils tuent une personne, ils exigent des fois à la famille de la victime de verser une somme d’argent pour avoir le cadavre. Ils décapitent et enlèvent le cœur des victimes, avant de remettre leurs corps », confie Louis.

« Ces bandits ont été rejoints par des riverains mal intentionnés, augmentant leur nombre à plusieurs centaines. Ils étaient auparavant une quinzaine de bandits, qui se sont multipliées au fil des ans ».

Ils ont ensuite continué, au fur et à mesure, à étendre leurs zones d’influences jusqu’à occuper une bonne partie de la deuxième section communale d’Anse d’Hainault.

Moron, Chambellan, Dame Marie, Anse d’Hainault et les Irois sont 5 communes du departement de la Grande Anse, qui étaient sous la coupe et les manœuvres criminelles (divers types de rackets) de ces malfrats, ces derniers mois.

Munis d’armes à feu et d’armes blanches, dont des machettes et des bâtons, ces bandits armés rançonnaient habituellement les gens dans les marchés publics, où ils liquidaient aussi le bétail volé.

Des agents de l’Unité départementale de maintien de l’ordre (Udmo) avaient saisi un fusil d’assaut M4 entre les mains de ces bandits.

Des gangs armés imposent leurs lois criminelles dans plusieurs autres départements, dont l’Ouest et le département de l’Artibonite.

Résister pour survivre

Devant la persistance des horreurs atroces, infligées par les bandits aux riveraines et riverains à Anse d’Hainault, les paysannes et paysans ont décidé, en juin 2024, de s’organiser, en constituant des brigades de vigilance, armées de machettes, bâtons et sacs de pierres pour contrecarrer les bandits, rapporte le président du Casec de Boudon.

Leur nombre avait considérablement progressé, passant de 40 à plus de 600 paysannes et paysans, constituant une énorme brigade d’autodéfense.

Suite au lynchage de plusieurs d’entre eux, les autres bandits, pris de peur, ont dû chercher refuge un peu partout dans des zones reculées de la Grande Anse.

Cette chasse aux bandits a accru le dévouement et la détermination de la population d’Anse d’Hainault, a applaudi Louis, soulignant aussi combien l’absence de réseaux de télécommunications empêche de poursuivre la traque de ces bandits.

Le Conseil d’administration de la section communale de Boudon appelle à une assistance du pouvoir central en faveur de nombreuses familles, affectées par les violences des gangs à la deuxième section communale d’Anse d’Hainault.

A la veille de la prochaine rentrée des classes, la population est totalement démunie, ayant perdu la plupart de ses ressources, dilapidée par les bandits. Il en est ainsi de leurs maisons, bétails et jardins. [emb rc apr 13/08/2024 13:00]

Capture d’écran / vidéo amateur