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Haïti-Corruption : Des regroupements politiques exigent des mesures conservatoires contre trois conseillers présidentiels

P-au-P, 12 août 2024 [AlterPresse] --- Le Bureau de suivi de l’accord du 30 août 2021 (Bsa), appelé accord de Montana, et le Collectif des partis politiques du 30 janvier 2023 réclament des mesures conservatoires contre les trois conseillers présidentiels (Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles), indexés par le président du Conseil d’administration de la Banque nationale de crédit (Bnc), Raoul Pascal Pierre-Louis dans une affaire de tentative de corruption.

Ces regroupements politiques ont formulé cette demande, dans une lettre conjointe datée du 9 août 2024, adressée au coordonnateur des actions au Conseil présidentiel de transition (Cpt) et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Cette mesure permettra à la justice de suivre sereinement son cours, de rétablir la confiance du peuple haïtien dans la présidence, symbolisée aujourd’hui par le Conseil présidentiel de transition, et de garantir le succès de la transition ».

Ces regroupements politiques exhortent à diligenter une enquête interne, pour prévenir d’autres actes de corruption au sein du Cpt et du gouvernement de transition, et à lutter contre l’impunité en sévissant contre les auteurs et co-auteurs d’actes de corruption dans l’administration publique, dans cette correspondance signée par Magali Comeau Denis du Bsa et Jean André Victor du Collectif des partis politiques du 30 janvier 2023.

L’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc) a auditionné, le lundi 6 août 2024, le président du Conseil d’administration de la Bnc, dans le cadre du scandale de corruption, qui éclabousse les trois conseillers présidentiels Emmanuel Vertilaire, Louis Gérald Gilles et Smith Augustin.

Les conseillers présidentiels Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire lui auraient exigé un paiement de 100 millions de gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = + 140.00 gourdes ; 1 euro = 143.00 gourdes ; 1 dollar canadien = 96.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes aujourd’hui) pour conserver son poste, avait fait savoir Raoul Pascal Pierre-Louis, dans une lettre adressée en date du 24 juillet 2024 au premier ministre Garry Conille.

Le conseiller présidentiel Smith Augustin avait sommé Raoul Pascal Pierre-Louis, pour qu’il fasse retrait de ces propos diffamatoires à son encontre.

Idem pour le parti politique Pitit Desalin, qui avait demandé, dans une sommation, à Raoul Pascal Pierre-Louis de fournir des preuves des accusations de corruption visant Emmanuel Vertilaire, son représentant au Cpt.

Des allégations faisant croire que trois des conseillers-présidents seraient impliqués dans des actes de corruption constituent un « scandale », qui est « de nature à discréditer certains membres » du Cpt, avait admis Edgard Leblanc Fils, président de cette instance, la plus haute du pouvoir exécutif haïtien.

« L’institution haïtienne (Unité de lutte contre la corruption/ Ulcc), chargée de lutter contre ce fléau, a été saisie officiellement par l’avocat du plaignant en la personne du président du Conseil d’administration d’une banque d’État », avait indiqué Leblanc dans un discours à la 47e réunion ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (Caricom), déroulée à la Grenade du dimanche 28 au mardi 30 juillet 2024.

« Une enquête est diligentée en vue d’éclaircir ce scandale, qui est de nature à discréditer certains membres du Cpt », avait-il déclaré, dans ce discours cité dans un message sur son compte X.

Le Bsa et le Collectif des partis politiques du 30 janvier 2023 demandent d’initier un audit général de l’administration publique, incluant les organismes et institutions autonomes, les représentations diplomatiques, et toutes les institutions publiques génératrices de revenus.

Ils appellent à prendre des dispositions au niveau du Cpt pour mettre résolument en application le projet consensuel de transformation pacifique de la société, porté par l’accord du 3 avril 2024 signé par différents protagonistes pour une issue à la crise multidimensionnelle en Haïti.

Ces mesures devraient se manifester dans la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, de l’organe de contrôle de la transition, du Conseil national de sécurité (Cns), soulignent ces regroupements politiques.

Ils plaident aussi en faveur de l’installation d’un comité consensuel de pilotage de la Conférence nationale, de la réforme constitutionnelle, de la formation d’une Commission vérité, justice et réparation, de consultations transparentes pour la mise en place d’un Conseil électoral provisoire (Cep) crédible et l’organisation d’élections apaisées, inclusives et transparentes d’ici au 7 février 2026. [emb rc apr 12/08/2024 12:25]