Attention : Images choquantes
Par Ronald Colbert
Belladère (Haïti), 06 juil. 2024 [AlterPresse] --- Après son arrestation le mercredi 3 juillet 2024 à Duarte (Santo Domingo), Saint Mira Millien, une migrante haïtienne de 23 ans, originaire de Saut-d’Eau (département du Plateau central), a succombé, le jeudi 4 juillet 2024, dans un camion de la Direction générale (dominicaine) de la migration (Dgm), au moment où les autorités de la République Dominicaine tentaient de la déporter de Haina (Santo Domingo) vers la frontière El Carrizal de Comendador (province d’Elías Piña) avec Belladère.
La nouvelle de la mort de Sanit Mira Millien a été confirmée par l’Office national (haïtien) de la migration (Onm), rapporte la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
« Alors qu’elle était souffrante et en route pour Haïti, Saint Mira Millien a été appréhendée à Duarte (Santo Domingo) le mercredi 3 juillet 2024. On l’a placée en détention, sans accès à un minimum d’assistance médicale. Son état s’est vite détérioré et elle en a succombé dans l’indifférence, ce 4 juillet 2024, au cours de sa déportation. Les agents de la migration (dominicaine) ont quand même tenté de déposer le cadavre au niveau de la partie haïtienne sans explications, en la faisant passer pour une personne vivante, mal en point. Mais grâce à la vigilance des agents de protection à la frontière (de Belladère), la migration dominicaine a été contrainte de rebrousser chemin avec le corps, pour assurer les suivis nécessaires, comme l’exige le protocole d’accord sur les rapatriements dument signés entre Haïti et la République Dominicaine », dénonce la note de la plateforme Garr.
La ressortissante haïtienne Saint Mira Millien est morte « aux mains des autorités dominicaines », a également rapporté le média dominicain fotuto.net, dans un article daté de Santo Domingo le 6 juillet 2024 et relatant la brutalité des agents de la Dgm envers la ressortissante haïtienne malade.
Mais, malgré différents témoignages contraires, comme justification, les autorités migratoires dominicaines avancent l’hypothèse que la ressortissante haïtienne Saint Mira Millein serait morte à l’hôpital, au lieu d’un décès sur le chemin de sa déportation, dans un camion de la Dgm, de Haina vers la frontière El Carrizal de Comendador.
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Double assassinat à Paso Cena des ressortissants haïtiens Jean Duverssaint et Maurice Delia
Le mardi 2 juillet 2024, les ressortissants haïtiens Jean Duverssaint, 65 ans, et Maurice Delia, 49 ans, ont été « froidement abattus vers 6:00 pm » (22 :00 gmt) dans la zone de Paso Cena (Pedernales, non loin de la frontière avec Anse-à-Pitres).
Au moment des intempéries de début juillet 2024, dues au passage du cyclone Beryl (le premier ouragan majeur de la saison cyclonique 2024), les 2 victimes cherchaient du bois pour faire le feu, quand ils ont été tués par un familier dominicain, qui répondrait au nom de Hungria Diaz, selon les témoignages obtenus par la plateforme Garr.
« Ce crime (du 2 juillet 2024 à Pedernales) a plongé en émoi la population d’Anse-à-Pitres et perturbe le rapport de bon voisinage qui lie généralement les communautés frontalières ».
Malgré les démarches des proches des victimes auprès de l’État dominicain, les corps de Jean Duverssaint et de Maurice Delia « ont été enterrés dans le secret et avec empressement au cimetière municipal de Pedernales, après autopsie dont les résultats demeurent toujours inconnus ».
Halte à la chasse « comme des volailles » aux migrantes et migrants Haïtiens en République Dominicaine
La plateforme Garr fustige « l’inconsidération, le manque d’humanité et la brutalité, qui caractérisent les actions de la migration en République Dominicaine contre les migrantes et migrants Haïtiens ».
Elle attribue la cause de la mort, le jeudi 4 juillet 2024 en territoire dominicain, de la migrante Saint Mira Millien aux violations des droits humains, toujours perpétrées par les agents dominicains de la migration.
« Placer une personne migrante, souffrante, en prison, sans soins, relève d’une cruauté sans borne. Pire, cette chasse dirigée systématiquement contre les migrantes et migrants haïtiens, réguliers ou pas, s’apparente la plupart du temps à une entreprise pour extorquer ces derniers, lesquels font fructifier l’économie dominicaine ».
La plateforme Garr demande aux agents dominicains de la migration de cesser de considérer « les Haïtiennes et Haïtiens, présents en territoire dominicain » comme « de la volaille ».
« Il faut traiter avec respect les Haïtiennes et Haïtiens présents en République Dominicaine. Même les animaux ont droit à des traitements dignes », rappelle la plateforme Garr.
Le regroupement d’organisations haïtiennes de défense et de protection des migrantes et migrants s’insurge contre les pratiques d’impunité de l’État dominicain et de laxisme de l’État haïtien face à la multiplication d’actes répréhensibles (assassinats, traitements humains, divers types de violations, etc.) envers les ressortissantes et ressortissants Haïtiens en République Dominicaine.
« En République Dominicaine, les Haïtiennes et Haïtiens se font couramment abattre pour un rien. Quand ce ne sont pas des militaires dominicains qui en sont les auteurs, ce sont de simples citoyens qui s’octroient le droit de tuer des Haïtiennes et Haïtiens. La plupart du temps, quand les faits n’ont pas été dénaturés par les autorités dominicaines, ces dossiers ont été étouffés et les fautifs demeurent en liberté. Cela dit, le discours de haine, savamment distillé au sein de la population dominicaine par des groupes extrêmes, alimenté par l’impunité, favorise sans nul doute la multiplication de ces actes répréhensibles ».
« Afin que lumière soit faite et que justice soit rendue aux familles des victimes », les autorités de la République Dominicaine et d’Haïti, notamment le service diplomatique d’Haïti en République Dominicaine, devraient s’approprier du dossier de la migrante Saint Mira Millien, décédée le jeudi 4 juillet 2024 sur le chemin de sa déportation vers Belladère, ainsi que de celui de l’assassinat de Jean Duverssaint et de Maurice Delia, abattus par balles le mardi 2 juillet 2024 à Pedernales.
La plateforme Garr appelle de nouveau les organismes de défense des droits humains en Haïti et en République Dominicaine, ainsi que les organismes internationaux, à s’élever contre ces violations systématiques des droits des ressortissantes et ressortissants Haïtiens en république Dominicaine. [rc apr 06/07/2024 18:00]
Photos : Site dominicain fotuto.net et Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr)
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