P-au-P, 03 juil. 2024 [AlterPresse] --- La représentante spéciale du secrétaire général en Haïti et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), Maria Isabel Salvador, exprime sa préoccupation face à l’extension régulière de la « violence aveugle » au-delà de la capitale, Port-au-Prince, vers d’autres zones du pays, lors d’une intervention à une réunion du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), sur la crise en Haïti, ce mercredi 3 juillet 2024, observe l’agence en ligne AlterPresse.
« Les attaques récurrentes des gangs depuis le 29 février (2024) ont gravement entravé les efforts nationaux et internationaux visant à accélérer le processus de recrutement de nouveaux policiers et les taux d’attrition au sein de la police nationale restent élevés », déplore-t-elle.
Malgré les progrès réalisés, sur le plan sécuritaire, le niveau alarmant de violence demeure une source de grande préoccupation, ajoute-t-elle.
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De nouvelles offensives ont été lancées par des gangs dans les communes de Gressier et de Carrefour (périphérie sud de Port-au-Prince), une semaine après l’arrivée de la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haiti.
Des membres de gangs armés ont de nouveau pris d’assaut, le dimanche 30 juin 2024, le commissariat de police de Gressier, avant de le saccager.
Une intervention musclée, dans l’après-midi du lundi 1er juillet 2024, d’un « task force » policier du Grand Sud a permis de reprendre le contrôle du commissariat de Gressier partiellement endommagé par ces bandits.
Peu de temps après cette opération, le sous-commissariat de police de Saint-Charles à Carrefour, abandonné depuis avril dernier, a été partiellement incencié par des membres de gangs dans la nuit du lundi 1er juillet.
Le Binuh signale la poursuite, à des niveaux alarmants, des violations des droits humains et des atteintes à ces droits.
Il cite, parmi les incidents recensés, les fusillades de masse et les assassinats ciblés, les viols collectifs, les enlèvements, les incendies et les pillages de maisons et d’entreprises, ainsi que la destruction intentionnelle d’installations gérées par des prestataires de services sociaux, notamment des hôpitaux et des écoles.
Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti dit rester profondément troublé par la violence aveugle et les graves abus perpétrés par des bandes armées contre des enfants ainsi que la fréquence des menaces et des attaques contre les défenseurs des droits humains, les journalistes et les membres du système judiciaire.
Beaucoup de ces professionnels ont été contraints de limiter ou d’arrêter leur travail, voire de fuir le pays, dit-il.
Il relève aussi une dégradation continuelle de la situation humanitaire en Haïti où 578 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, soit une augmentation de 60 % depuis mars 2024.
« Les taux de violences et d’abus sexuels restent préoccupants. Seuls 20 % des établissements de santé fonctionnent normalement ».
Environ 3.000 femmes enceintes font face à des difficultés d’accès aux services de santé maternelle, à cause de la fermeture des hôpitaux et des établissements de santé, a averti le Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa).
L’escalade de la violence des gangs armés continue de provoquer une rareté des soins de santé en Haïti, ont souligné des organisations et institutions de santé, selon le site Onu info consulté par AlterPresse.
« Nous sommes confrontés à des défis permanents, qui exigent un soutien et une action sans faille pour garantir des soins de santé stables et accessibles aux personnes qui en ont besoin », a déclaré le représentant de l’Organisation panaméricaine de la santé (Ops) de l’Organisation des Nations unies (Onu), Dr Oscar Barreneche. [emb gp apr 03/07/2024 13 :15]