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Crise : Inquiétude de l’Unfpa face à l’ampleur des abus et autres violences sexuelles contre les femmes et les filles en Haïti

P-au-P, 27 juin 2024 [AlterPresse] --- Le Fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) exprime beaucoup d’inquiétudes par rapport à l’ampleur des abus et autres violences sexuelles, utilisées par les gangs armés en Haïti, dans un article publié sur son site consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

Les violences sexuelles sont utilisées par les gangs armés comme tactique pour semer la peur et prendre le contrôle de quartiers entiers, signale l’Unfpa, qui dit relever une multiplication des signalements de viols et d’abus sexuels.

Ces signalements constituent une vaste sous-représentation de la véritable ampleur de ces crimes, nuance l’Unfpa.

« [Les survivantes] n’aiment souvent pas signaler les (viols dont elles sont victimes) , par peur principalement d’être à nouveau victimisées », a déclaré le Dr. Edrish Justilien, interviewé par l’Unfpa sur les risques alarmants, auxquels sont confrontées les femmes et les filles dans le contexte de la crise humanitaire actuelle en Haïti.

Âgé de 36 ans, Justilien est psychologue à l’hôpital Petite Place Cazeau de Port-au-Prince, la capitale haïtienne.

« Les cas de viols sont ceux que nous voyons le plus souvent, la plupart [commis] par des gangs armés », constate le psychologue, pour qui « l’un des plus gros problèmes est l’insécurité – et les violences physiques et sexuelles qui en découlent ».

Justilien invite toutes les jeunes filles, qui ont subi des abus et viols, à chercher à trouver un endroit pour se défouler, consulter un psychologue, en évitant de tenter de se suicider pour s’évader.

« Les services de protection et de réponses aux Violences basées sur le genre (Vbg) sont restreints ou suspendus, en raison de l’insécurité. L’accès aux soins de santé, aux services sociaux et à l’assistance psychologique est de plus en plus rare. De nombreux hôpitaux ont fermé ou réduit leurs opérations, parce qu’ils manquent de médicaments et de personnel », note l’Unfpa.

De plus, « moins de la moitié des établissements de santé de Port-au-Prince sont entièrement fonctionnels et la plupart sont complètement débordés ».

L’Unfpa souligne combien « les violences extrêmes, en particulier à Port-au-Prince, mettent en péril la vie et la santé de millions de personnes ».

« Contraintes d’abandonner leurs foyers et risquant la mort, le viol, l’enlèvement et des conditions de vie dangereuses et surpeuplées, plus de 578,000 personnes sont déplacées (en raison de l’escalade des violences armées) à l’intérieur du pays. Beaucoup souffrent d’une grave détresse psychologique, accompagnée d’une augmentation alarmante des tendances suicidaires ».

Accompagnement psychologique et sanitaire

L’Unfpa déclare avoir fourni des médicaments et des intrants, notamment pour la prise en charge clinique des actes de viols, dans 12 établissements de santé de la capitale et des zones environnantes.

Trois hôpitaux de Port-au-Prince ont été soutenus par l’agence des Nations unies pour assurer des services essentiels de santé maternelle.

« Des cliniques mobiles fonctionnent également sur huit sites de déplacement, pour soutenir la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles, tout comme des lignes d’assistance téléphonique pour les survivantes d’agressions sexuelles et des espaces sûrs offrant un soutien psychologique et médical ». [emb rc apr 27/06/2024 10:25]