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Haïti - Justice : Le cabinet d’instruction remet son ordonnance dans le dossier de la Scierie

P-au-P, 12 août 05 [AlterPresse] --- La juge d’instruction, Cluny Pierre Jules, a bouclé son dossier d’enquête autour des évènements sanglants survenus à la Scierie (localité de Saint Marc, à 96 kilomètres au nord de la capitale) le 11 février 2004, a appris AlterPresse de source digne de foi.

AlterPresse a essayé en vain de contacter les responsables concernés, qui demeuraient introuvables jusqu’à l’après-midi de ce 12 aout.

Dans un entretien téléphonique avec AlterPresse, Thomson Charliénord, coordonnateur de l’Association des Victimes du Génocide de la Scierie (AVIGES), a interprété la remise de l’ordonnance du juge d’instruction comme une « petite victoire » et « un pas important vers la recherche de la vérité ».

Le Parquet du Tribunal civil de Saint-Marc dispose légalement d’un délai de 5 jours pour analyser le contenu du document et produire ses conclusions.

Une première ordonnance a été rendue dans cette affaire le 17 juin dernier. Le Parquet du Tribunal civil de Saint-Marc avait demandé au cabinet d’instruction de compléter le document.

Le responsable de l’AVIGES a fait savoir que les victimes resteront mobilisées afin que justice leur soit rendue.

Ce développement intervient au moment où des voix de la communauté internationale et du gouvernement de transition demandent ouvertement la libération de Neptune.

Ce 12 aout, l’ambassadeur américain James Foley a considéré l’emprisonnement de Neptune comme un cas « violation des droits de l’homme » et menacé les fonctionnaires ayant une responsabilité dans ce dossier de se voir refuser l’entrée aux Etats-Unis. « Les responsables de ce cas judicaire, qui sont, à notre sens, impliqués dans une violation des droits de l’homme, (...), ne seront pas les bienvenus dans mon pays » a-t-il averti.

Le 9 aout, le chef de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH), Juan Gabriel Valdés, avait déclaré ne pas « trouver de raisons valables pour retenir en prison aussi longtemps un premier ministre ». Pour sa part, le ministre de la justice Henry Dorléans avait affirmé que « quand on n’est pas en mesure de juger une personne pendant des mois et des mois, il faut la relâcher ».

Thomson Charliénord a dénoncé les tractations de plusieurs secteurs, dont le gouvernement intérimaire et une partie de la communauté internationale, en vue de la libération pure et simple de Yvon Neptune.

« Au niveau de l’AVIGES, nous avons du mal à comprendre certains secteurs qui nous avaient offert 500.000 dollars américains pour faciliter l’obtention d’une main levée au bénéfice de Neptune », a martelé le coordinateur de cette association. « Nous ne sommes pas à vendre et si nous étions à vendre, Jean Bertrand Aristide nous aurait acheter », a-t-il ajouté.

Thomson Charliénord a, une nouvelle fois, appelé la justice à sévir contre les dignitaires de l’ancien régime, dont l’ancien premier ministre Neptune, l’ancien ministre de l’Intérieur Jocelerme Privert, l’ancien député Amanus Mayette et tous ceux-là soupçonnés de participation au crime du 11 février 2004 à Saint Marc. [do gp apr 12/08/2005 20:00]