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Crise/Migration : Les États-Unis poursuivent les déportations de migrant-e-s et réfugié-e-s vers Haïti

Par Pierre Philor Saint-Fleur

P-au-P, 07 juin 2024 [AlterPresse] --- Le département de la sécurité intérieure des États-Unis d’Amérique annonce la poursuite des déportations de migrantes et migrants clandestins, arrêtés en haute mer par les gardes-côtes américains, ainsi que de celles et ceux interceptés à la frontière sud des États-Unis.

« Les nouvelles mesures d’asile, récemment prises par le gouvernement des États-Unis, vont s’appliquer à nos frontières maritimes et à notre frontière sud », prévient le secrétaire adjoint du département de la sécurité intérieure des États-Unis, Blas Nunez-Neto, lors d’une conférence de presse sur Zoom sur la politique d’immigration étasunienne, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

« Nous encourageons toutes celles et tous ceux, qui veulent entrer aux États-Unis, d’utiliser les voies légales, mises à disposition spécifiquement pour les ressortissantes et ressortissants haïtiens ».

Au cours de l’année 2023, le département de la sécurité intérieure des États-Unis a expulsé ou renvoyé plus de 750,000 personnes.

Il déclare opérer plus de vols de rapatriement par semaine que jamais auparavant.

Le haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr) a exprimé sa profonde préoccupation, après les nouvelles mesures d’asile récemment adoptées par l’administration politique américaine, qui impose de sévères restrictions au droit de demander asile dans le pays.

« Les nouvelles mesures refuseront l’accès à l’asile à de nombreuses personnes, qui ont besoin d’une protection internationale et qui pourraient désormais se retrouver sans option viable pour rechercher la sécurité et même risquer d’être refoulées », fustige le Hcr.

« Toute personne, qui affirme craindre avec raison d’être persécutée dans son pays d’origine, doit avoir accès à un territoire sûr et faire évaluer sa prétention avant d’être expulsée ou expulsée », préconise l’agence des Nations unies pour les réfugiés, qui appelle le gouvernement des États-Unis à respecter ses obligations internationales.

Le Hcr exhorte le gouvernement américain à reconsidérer les restrictions, qui portent atteinte au droit fondamental de demander l’asile.

« Nous restons déterminés à soutenir les États-Unis dans leurs efforts de réforme plus larges, indispensables, notamment, pour améliorer l’équité, la qualité et l’efficacité de leur gestion des frontières et de leurs systèmes d’asile ».

Le 4 juin 2024, le président Joseph Robinette Biden dit Joe Biden a évoqué un décret, interdisant à toute personne, franchissant illégalement la frontière américaine, de demander l’asile aux États-Unis.

Ces dispositions non permanentes « seront en vigueur lorsque la frontière sud sera saturée. Elles permettront aux agents d’immigration d’expulser plus facilement les personnes, qui n’ont pas de base légale pour rester aux États-Unis », explique la Maison Blanche, dans un communiqué.

« Ces actions seront interrompues, lorsque le nombre de migrantes et migrants traversant la frontière entre les points d’entrée sera suffisamment faible, pour que le système américain puisse gérer les opérations frontalières de manière sûre et efficace ».

Elles comprennent également des exceptions humanitaires, similaires à celles incluses dans l’accord frontalier bipartisan annoncé au sénat américain, y compris celles pour les enfants non accompagnés et les victimes de traite.

Le Département d’État américain a également imposé des restrictions de visa à plus de 250 membres du gouvernement nicaraguayen, à des acteurs non gouvernementaux et aux membres de leurs familles immédiates, en raison de leur rôle de soutien au régime de Daniel Ortega/Rosario Murillo, qui vend des visas de transit à des migrantes et migrants venus de pays occidentaux et d’ailleurs.

Il avait aussi révoqué les visas des dirigeants des compagnies aériennes charter pour des actions semblables.

Le gouvernement des États-Unis d’Amérique a indiqué avoir pris des mesures pour imposer des restrictions, en matière de visa, aux dirigeantes et dirigeants de compagnies aériennes de vols Charters, qui faciliteraient la migration irrégulière vers le territoire américain, dans une note d’avertissement en date du lundi 12 mars 2024.

Ces mesures ont été décidées pour répondre à la tendance croissante des compagnies aériennes de vols Charters à proposer des vols vers le Nicaragua, principalement conçus pour les migrantes et migrants irréguliers, ont précisé les autorités américaines.

En novembre 2023, le département d’État étasunien avait déjà annoncé des restrictions de visa aux propriétaires, dirigeants et/ou hauts fonctionnaires d’entreprises proposant des vols charters dans la région, incluant Haïti, vers le Nicaragua, destinés principalement aux migrantes et migrants irréguliers.

Le lundi 30 octobre 2023, le gouvernement de facto en Haïti a décidé de suspendre tous les vols à destination du Nicaragua, dans un contexte où des milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens utilisaient ce pays d’Amérique centrale comme point de transit vers les États-Unis d’Amérique.

Les nouvelles mesures de restriction des visas « ciblent la pratique prédatrice des entreprises de transports, consistant à tirer profit des migrantes et migrants vulnérables, et à faciliter la migration irrégulière vers les États-Unis. Personne ne devrait profiter des migrantes et migrants vulnérables – ni les passeurs, ni les entreprises privées, ni les agents publics, ni les gouvernements » -, selon le gouvernement des États-Unis. [ppsf emb rc apr 07/06/2024 11:20]