Par Elmano Endara JOSEPH *
Soumis à AlterPrese le 3 juin 2024
Née le 24 juin 1962 à Mexco, la scientifique [1] et femme politique mexicaine, Claudia Sheinbaum Pardo, 61 ans, du parti politique Mouvement de régénération nationale (Morena), ancienne cheffe du gouvernement de la ville de Mexico (5 décembre 2018 – 16 juin 2023), sera, à compter du 1er octobre 2024, la femme qui, depuis 1821, période postcoloniale, devrait changer le cours de l’histoire de la présidence du Mexique.
[Claudia Sheinbaum [2] ->https://fr.wikipedia.org/wiki/Claudia_Sheinbaum] a remporté largement, ce dimanche 2 juin 2024, l’élection présidentielle avec plus de 57% des voix.
C’est la première fois que cet événement fabuleux se produit dans l’histoire de la deuxième puissance économique de l’Amérique latine : une femme élue à la tête du Mexique pour la première fois dans l’histoire du pays de Miguel Hidalgo, de José María Morelos, de Vicente Guerrero et d’Agustín de Iturbide, ces ingénieux héros de l’indépendance mexicaine._
Favorite dans les sondages préliminaires, Claudia Sheinbaum, la candidate de gauche du régime d’Andrés Manuel López Obrador, a largement battu, ce dimanche 2 juin 2024, l’ancienne sénatrice Xóchitl Gálvez, de centre-droit, lors de l’élection présidentielle au Mexique.
Rebours
Claudia Sheinbaum Pardo devient la première femme présidente dans l’histoire du Mexique, selon les derniers chiffres du décompte des enquêtes de l’institut Enkoll, sortis des urnes, précédant la fermeture des bureaux de vote.
Il s’agirait d’un nouveau pas vers la lutte contre les exactions perpétrées a l’égard des femmes et des filles, ainsi que d’un nouveau regard vers le respect des droits des femmes.
Préliminaires
Avec plus de 57.8% des voix contre près de 28.01% pour l’ex-sénatrice de centre-droit Xóchitl Gálvez, Claudia Sheinbaum a largement remporté l’élection, selon les données préliminaires de l’enquête de l’institut Enkoll.
Jorge Álvarez Maynez, candidat du centre, aurait obtenu environ 11.4% des voix, arrivant loin derrière Xóchitl Gálvez.
La victoire est attribuée à la candidate du Mouvement pour la régénération nationale (Morena), parti écologiste mexicain, Claudia Sheinbaum, annoncent, sans toutefois fournir de chiffres, « Televisa » et « El Financiero » d’après leurs sondages.
Il est important de signaler que l’autorisation de ces enquêtes a été largement soutenue par les autorités de l’Institut national électoral (Ine).
Dans ce pays très riche en superficie, avec près de deux millions de km² et trois fuseaux horaires différents, les enquêtes ont été diffusées après la fermeture des derniers bureaux de vote à partir de 19:00 (heure de Mexico), selon une dépêche de la Tribune de Genève.
Les derniers chiffres des enquêtes préliminaires montrent que Claudia Sheinbaum prendra la parole en grande victorieuse et célébrera son succès, en soirée, sur la place publique centrale Zócalo, près du Palais national.
Claudia Sheinbaum, l’ex-mairesse de la capitale du Mexique, Mexico, siégera comme présidente du Mexique, du 1er octobre 2024 à 2030, succédant ainsi à Andrés Manuel López Obrador (en fonction depuis le 1er décembre 2018), le président sortant.
Pourquoi élire une femme présidente en pleine lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles ?
Claudia Sheinbaum Pardo devient la première femme présidente à pouvoir siéger dans l’histoire dn Mexique, un pays miné par un flot de crimes organisés et de trafics de stupéfiants, y compris l’accélération de la spirale de violences en plein jour faites aux femmes et aux filles.
Á l’automne 2023, le Mexique, voisin de la première économie mondiale, les États-Unis d’Amérique, enregistrait en moyenne dix assassinats de femmes par jour, d’après une estimation du Haut commissariat des Nations unies aux droits humains (Hcdh) en juillet 2023.
Ce rapport fait état, plus loin, de 1,7 million d’enquêtes criminelles pour coups, brûlures, strangulations ou blessures à l’arme blanche ou à l’arme à feu contre des femmes. Seulement 781 de ces affaires ont été considérées comme des tentatives de féminicides.
Dans ce dernier rapport, l’Organisation des Nations unies (Onu) a souligné combien 70% des adolescentes mexicaines et des femmes de moins de trente ans ont vécu, au moins une fois, les conséquences de cette escalade de violences dans leur vie quotidienne.
Exploit contre les féminicides
Gloria Piña, une jeune journaliste mexicaine, a décroché le prix « Breach/Valdez » de 2023 du journalisme et des droits humains pour son documentaire « Les survivantes : oubliées par la justice », dressant un tableau extrêmement sombre de cette envolée de violences faites aux femmes et aux filles.
« On entend beaucoup d’histoires sur les meurtres de femmes au Mexique, mais pas sur les femmes qui survivent à de tels actes d’une violence extrême », indique Gloria Piña, qui a gagné le prix, selon ledit rapport du Hcdh.
Réponses imagées
En votant pour Claudia Sheinbaum, c’est s’aventurer vers un « jour historique ». C’est la victoire contre les féminicides.
C’est un « jour historique » qui s’ouvre au Mexique, a signalé elle-même la candidate favorite.
Claudia Shenbaum Pardo a, d’ailleurs, confié ne pas avoir voté pour elle-même, mais pour une immortelle pionnière de la gauche du Mexique, Ifigenia Martha Martínez y Hernández [3], 93 ans, en hommage à sa grande lutte.
« Vive la démocratie » !, a crié Claudia Sheinbaum, la femme qui prendra la tête de la présidence du Mexique à compter du 1er octobre 2024.
Exploit et Engagement
Forte et captivante, avec son discours de tonnerre et son enthousiasme à enflammer la foule, Claudia Sheinbaum Pardo sait comment asseoir son discours. En bonne mesure, près de 66% des opinions lui sont favorables.
Ayant fui le rouleau compresseur du nazisme et l’énorme vulnérabilité en Lituanie et en Bulgarie, la femme qui ambitionne le pouvoir, Claudia Sheinbaum, est soutenue par la perspicacité et l’influence du président sortant, Andrés Manuel López Obrador, qui boucle son mandat avec au moins 66% d’opinions favorables pour son régime.
Claudia Sheinbaum Pardo profite de cette situation pour s’appuyer sur l’ancrage, construit par le régime en place et la crédibilité du parti au pouvoir (Morena) depuis près d’une décennie, avec une majorité parlementaire répondant aux exigences d’une législature adaptée, ainsi qu’une vingtaine d’États du Mexique.
Journée historique
Le dimanche 2 juin 2024 symbolise une Journée historique pour le Mexique.
Toute la presse internationale en parle. Le monde tourne les regards vers cette victoire. Nouvelle victoire, nouvelle donne et un havre de paix pour les exactions faites aux femmes et aux filles au Mexique
Le dimanche 2 juin 2024, les électrices et électeurs étaient également mobilisé-e-s pour renouveler les élu-e-s du Congrès et du Sénat.
Conformément à la Constitution en vigueur au Mexique, ils devaient choisir les gouverneurs dans neuf des 32 États et désigner des députés et des maires locaux.
Ce dimanche 2 juin 2024, au moins 98,3 millions d’électrices et d’électeurs, inscrits sur les listes électorales, se sont rendu-e-s aux urnes pour élire leurs différent-e-s représentant-e-s.
De Tijuana à Mexico, en passant par Guadalajara, c’était une véritable marée humaine.
Cette journée a été marquée par la volonté et le courage des Mexicaines et Mexicains, qui, en file indienne, s’exposaient devant les bureaux de vote sous le soleil ardent, selon une dépêche de l’Agence France Presse (Afp).
Climat d’énormes violences
Cependant, la journée du scrutin a été marquée par des violences accrues dans certaines régions du Mexique. Des bureaux de vote ont été scandalisés et vandalisés.
Deux personnes ont été tuées dans deux attaques sanglantes contre des bureaux de vote, notamment dans l’État de Puebla au centre du pays, a confirmé une source de sécurité du gouvernement local, citée par l’Afp.
L’escalade des violences politiques au Mexique est alarmante, avec des assassinats de candidats et des attaques contre les bureaux de vote. Ces actes compromettent gravement la démocratie et la stabilité du pays.
Il est crucial que les autorités prennent des mesures urgentes pour assurer la sécurité des candidates et candidats, des électrices et électeurs.
En ce qui concerne l’avenir du Mexique sous la direction de Claudia Sheinbaum Pardo, cela dépendra de sa perspicacité, de son engagement à adresser les défis pressants du pays, y compris la lutte contre les féminicides.
La situation politique et sécuritaire au Mexique est préoccupante, avec des assassinats de candidats et des actes de violences généralisées.
La victoire de Claudia Sheinbaum Pardo aux urnes, le dimanche 2 juin 2024, montre un désir de changement et de leadership féminin pour le bien de toutes et de tous.
L’avenir du Mexique, dirigé par une femme, dépendra de sa capacité à aborder les défis urgents, comme les violences politiques, les féminicides et la promotion de la sécurité et de la prospérité pour toutes et tous.
elmanoendarajoseph@gmail.com
*Étudiant finissant en communication sociale à la Faculté des sciences humaines (Fasch) de l’Université d’État d’Haïti (Ueh)
[1] Climatologue et spécialiste de l’efficacité énergétique, elle est membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) jusqu’en 2013. Elle a participé à l’écriture des quatrième et cinquième rapport d’évaluation du Giec.
Du 1er octobre 2015 au 6 décembre 2017, elle est cheffe de la délégation de Tlalpan, une des seize divisions territoriales de Mexico.
De 2015 à 2017, elle est membre du Comité des politiques de développement de l’Organisation des Nations unies (Onu).
Membre du Mouvement de régénération nationale (Morena), elle est cheffe du gouvernement de la ville de Mexico de 2018 à 2023. Candidate du Morena, elle remporte l’élection présidentielle de 2024, ce qui en fait la première femme élue présidente dans l’histoire du Mexique.
[2] Claudia Sheinbaum Pardo est la fille de Carlos Sheinbaum Yoselevitz, ingénieur chimiste, et de Annie Pardo Cemo, biologiste. Ses grands-parents paternels juifs ashkénazes sont arrivés au Mexique dans les années 1920, fuyant les persécutions antisémites en Lituanie, et ses grand-parents maternels juifs séfarades ont fui la Bulgarie dans les années 1940 pour les mêmes raisons. Ses parents sont athées2 et elle-même n’est d’aucune confession.
Elle fait des études de physique à l’Université nationale autonome du Mexique (Unam), puis passe un master en génie énergétique avant de poursuivre par un doctorat en sciences de l’environnement au Laboratoire national Lawrence-Berkeley (Californie) avec une bourse de l’Unam.
En 1995, elle devient la première femme mexicaine à obtenir un doctorat en ingénierie énergétique. Durant ses années d’étude, elle part, plusieurs fois, avec des amis installer des systèmes de cuisson plus performants dans des régions particulièrement pauvres, notamment dans le Michoacán.
Elle se décrit comme une « fille de 1968 », en référence au massacre de Tlatelolco, mouvement étudiant réprimé dans le sang par l’armée, auquel ses parents ont participé. Elle commence à militer durant ses études à l’Universidad nacional autónoma de México (Unam), lorsqu’elle participe à des mouvements de solidarité avec les luttes ouvrières et paysannes, ainsi qu’au mouvement de 1987 pour le maintien d’un enseignement universitaire gratuit. Elle milite aussi pour la campagne de Rosario Ibarra en 1982, alors première femme candidate à une élection présidentielle au Mexique, et figure de la défense des droits humains dans le pays.
En 1986, Sheinbaum rencontre Carlos Imaz Gispert, un universitaire et membre fondateur du Parti de la révolution démocratique, qu’elle épouse en 1987. Ils se séparent en 2016. Elle se remarie en 2023 avec Jesús Tarriba, un amour de jeunesse retrouvé en 2016. Elle a deux enfants, dont un fils issu d’une relation antérieure de son premier époux qu’elle a élevé comme son propre enfant1
[3] Née le 16 juin 1930 à Mexico, Ifigenia Martha Martínez y Hernández est une ancienne députée à l’Assemblée constituante de la ville de Mexico.
Elle a été députée fédérale en 3 occasions, sénatrice du Congrès de l’Union à 54e législature de 1988 à 1991, En 2017, elle fait partie de l’Assemblée Constituante de la Ville de Mexico. Depuis le 1er septembre 2018, elle est sénatrice au Congrès de l’Union pour la Liste nationale, comme présidente de la Table des anciennes et anciens.
Elle étudia la littérature en économie à l’Université nationale autonome du Mexiqque (Unam). Elle est la première Mexicaine à avoir obtenu une maîtrise en économie à l’Universite de Hravard, où elle est devenue doctorante. En 1950, elle fut cofondatrice de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal).