P-au-P, 03 juin 2024 [AlterPresse] --- Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) exhorte la communauté internationale à accélérer ses efforts pour protéger les enfants, pris au piège de la violence des gangs armés en Haïti, dans une alerte dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
L’Unicef demande de veiller à ce que la mission de sécurité, soutenue au niveau international, « accorde la priorité à la protection des enfants et à la sécurité des civils, et s’engage à faire respecter le droit humanitaire ainsi qu’à obtenir l’espace nécessaire aux interventions humanitaires ».
Il encourage à soutenir « les initiatives visant à prévenir les violations graves commises contre des enfants et à y mettre fin, notamment en veillant à la protection des écoles, des hôpitaux et d’autres installations, dont dépendent les enfants, ainsi qu’à la préservation des espaces humanitaires ».
Il faut également appuyer davantage « les actions entreprises, sur le territoire national, pour garantir un accès humanitaire prévisible, durable et sans entrave à grande échelle, y compris le déplacement sûr des travailleuses et travailleurs humanitaires, et de première ligne ainsi que la fourniture des services et articles essentiels aux communautés dans le besoin ».
L’Unicef recommande d’augmenter, sans attendre, les financements souples pour répondre aux besoins, en matière d’aide humanitaire et de protection des personnes les plus vulnérables, à mesure que la situation évolue.
Il convient de garantir que l’aide atteint les enfants concernés le plus vite possible, y compris celles et ceux qui se sont enfuis ou qui ont été libérés par des groupes armés.
Depuis le début de l’année 2024, plus de 2,500 décès, blessures ou enlèvements ont été recensés dans l’escalade des violences des gangs armés dans le pays, a indiqué l’Organisation des Nations unies (Onu).
De janvier à date (juin 2024), plus de 400 violations graves ont été perpétrées contre des enfants, alors que les violences continuent de contraindre des milliers de familles à se déplacer.
À ce jour, plus de 180,000 enfants sont déplacés à l’intérieur du pays, selon l’Onu.
30 % à 50 % d’enfants feraient partie des groupes armés et sont « victimes de coercition, d’abus et d’exploitation dans un contexte persistant de fragilité sociale, économique et politique, alimentée par la violence incessante, qui a plongé diverses zones d’Haïti dans le chaos », selon l’Unicef.
Un nombre croissant d’enfants du pays se voient contraints de grossir les rangs des groupes armés, faute d’autres moyens de survie ou de protection. Ce qui constitue une violation manifeste de leurs droits, dénonce-t-il.
Pris dans un cercle vicieux de souffrance, les enfants en Haïti sont poussés à rejoindre les groupes armés « par pur désespoir, notamment en raison de la violence, de la pauvreté et de l’effondrement des systèmes, qui devraient les protéger », a déploré l’Americaine Catherine Mary Russell, directrice générale (depuis le 1er février 2022) de l’Unicef.
« Le recrutement et l’utilisation d’enfants par les groupes armés constituent une violation grave de leurs droits, et l’enrôlement d’enfants de tout âge dans des groupes armés est une infraction manifeste au droit international », rappelle le Fonds des Nations unies pour l’enfance.
Face à cette situation dramatique, l’Unicef préconise de prendre des mesures concrètes, visant à garantir en priorité la protection et le bien-être des enfants en Haïti, en agissant notamment pour mettre un terme, en toute sécurité, « à l’association de ces derniers aux groupes armés, veiller à leur réintégration dans la société et leur fournir un accès sûr aux services et aux soutiens essentiels ». [emb rc apr 03/06/2024 10:55]
Photo : site du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef)