La Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa) déplore la détérioration continue des conditions de sécurité alimentaire, qui résulterait, entre autres, de la violence persistante des gangs armés perturbant sévèrement les chaînes d’approvisionnement Pour faire face à ces niveaux préoccupants de faim, les communautés sont ainsi contraintes de recourir à des stratégies désespérées, comme acheter à crédit et s’endetter, vendre des animaux, des semences et d’autres biens afin de survivre, rapporte le Programme alimentaire mondial (Pam) Les chocs, dus à la criminalité, subis par les ménages, ont induit une « baisse significative et continue des revenus des ménages dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince »
P-au-P, 28 mai 2024 [AlterPresse] --- Deux tiers des ménages, résidant dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, ne mangent pas assez, relève le Programme alimentaire mondial (Pam), dans un rapport dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
65% des ménages dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, n’ont pas une consommation alimentaire suffisante pour « satisfaire leurs besoins en macro et micro-nutriments », souligne le Pam.
Les communes de Cité Soleil (nord), Croix-des-Bouquets (nord-est) et Carrefour (sud) sont les plus touchées en mai 2024 par cette insuffisance de consommation alimentaire.
Deux ménages sur trois dans la zone métropolitaine de la capitale haïtienne ont eu une consommation alimentaire insuffisante.
« Le faible niveau de consommation alimentaire est principalement dû à une pénurie de denrées alimentaires importantes, notamment la viande et le poisson, les produits laitiers, les vivres et autres denrées de première nécessité », explique le Pam.
Dans un contexte d’aggravation de la crise sécuritaire, des niveaux records de faim ont été enregistrés en Haïti, suivant le dernier rapport du Cadre intégré de la classification de la sécurité alimentaire (Ipc) publié fin mars 2024 par la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa).
Près de cinq millions de personnes, soit près de la moitié de la population en Haïti, étaient confrontées à une situation de « faim aiguë », avait alerté la Cnsa.
Près de 5 millions de personnes sont confrontées à des niveaux de « crise » ou plus élevés d’insécurité alimentaire aiguë (phases 3+ de l’Ipc), dont 1,64 million de personnes confrontées à des niveaux « d’urgence » (phase 4 de l’Ipc).
La Vallée de l’Artibonite - le grenier à blé du pays – figurait parmi les zones les plus gravement frappées.
La Cnsa a appelé à des actions urgentes pour aider près de 5 millions de personnes, presque la moitié de la population haïtienne, affectées par des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë en Haïti, pour la période de mars à juin 2024, dans un document publié le samedi 23 mars 2024 sur son site.
Des dispositions doivent être prises pour combler leurs déficits de consommation alimentaire et protéger leurs moyens d’existence, a recommandé la Cnsa.
Elle déplore la détérioration continue des conditions de sécurité alimentaire, qui résulterait, entre autres, de la violence persistante des gangs armés perturbant sévèrement les chaînes d’approvisionnement.
Des stratégies pour survivre
Pour faire face à ces niveaux préoccupants de faim, les communautés sont ainsi contraintes de recourir à des stratégies désespérées, comme acheter à crédit et s’endetter, vendre des animaux, des semences et d’autres biens afin de survivre, rapporte le Pam.
La réduction du nombre de repas pris par jour, la baisse de la taille des portions des repas et la restriction de la consommation des adultes, pour permettre aux jeunes enfants de manger, sont parmi les multiples stratégies utilisées par les familles, fait-il savoir.
Au moins 4 ménages sur 5 ont adopté des stratégies d’adaptation négatives, en raison du manque de nourriture, poursuit le Pam.
Baisse des revenus des ménages, hausse des prix des produits
Depuis le début de l’année 2024, le coût d’un panier alimentaire a augmenté de 27 %, rendant la nourriture inaccessible pour des millions d’Haïtiennes et d’Haïtiens, insiste le Pam, signalant combien cette augmentation serait principalement due à la hausse des prix de l’huile, du riz, des haricots noirs et rouges.
« Les difficultés actuelles d’importation restent la cause principale de cette situation. Le recours au marché noir pour acheter du carburant à des prix élevés (40 à 50 % de plus que le prix à la pompe) est de plus en plus fréquent ».
Deux tiers des familles en Haïti ont perdu leurs emplois et leurs revenus, depuis la dernière vague des violences des gangs armés en mars 2024, entraînant comme conséquences une montée des prix des carburants et des denrées alimentaires déjà élevés, mentionne le Pam.
Plus de 40 % des ménages dans la zone métropolitaine de la capitale haïtienne ont subi un choc, lié à la criminalité (un niveau élevé d’’insécurité), alors que 9 % ont été confrontés à des chocs liés à la perte d’emploi et à des difficultés commerciales, note-t-il.
Le Pam évoque comme conséquence une « baisse significative et continue des revenus des ménages dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince ».
Plus de 60 % des ménages ont connu une baisse de leurs principales sources de revenus, dont 46% avec une baisse de plus de la moitié de leurs revenus. [emb rc apr 28/05/2024 14:10]
Photo : site de l’Onu info