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Criminalité : L’Opc exige des changements au niveau du haut commandement de la Police nationale d’Haïti

P-au-P, 27 mai 2024 [AlterPresse] --- Face à l’incapacité des responsables de la Police nationale d’Haïti (Pnh) à contrecarrer la terreur des gags armés, l’Office de la protection citoyenne (Opc) exige des changements au niveau du haut commandement de l’institution policière, suite à l’assassinat, dans la soirée du jeudi 22 mai 2024, à Lizon, en Plaine du Cul de Sac (nord de la capitale, Port-au-Prince), de trois missionnaires, dont un couple américain Natalie (Baker) Lloyd et Davy Lloyd, ainsi qu’un Haïtien Jude Montis, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

De tels changements constitueraient la condition sine qua non à l’éradication des gangs armés en Haïti, considère l’Opc.

Les dirigeants de l’institution policière sont dépassés par les événements. De plus, la complicité existant entre des autorités de la police et les criminels opérant en toute impunité est dénoncée par certains analystes et défenseurs de droits humains, signale l’Opc.

Dans sa note, l’Opc invite les membres du Conseil présidentiel de transition (Cpt) à rétablir la sécurité sur toute l’étendue du territoire national avec le déploiement de la force multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti et la mise en place du Conseil national de sécurité (Cns).

L’Opc appelle les nouveaux dirigeants politiques à prendre des dispositions pour le renforcement de la justice et la création d’une commission justice et vérité, aux fins de poursuivre les auteurs des crimes et des assassinats spectaculaires perpétrés en Haïti.

« Depuis la date de l’installation des membres du Cpt, le (jeudi) 25 avril 2024, les gangs armés intensifient, aveuglément et cruellement, leurs actions criminelles, caractérisées par des cas d’assassinats, d’enlèvements, de viols sur les femmes et les filles, sans oublier les incendies des bâtiments publics, des commissariats et sous commissariats de police, relève l’Opc, comme pour exprimer sa déception vis-à-vis du Cpt, dont le principal mandat consiste à assurer la gouvernance de l’État en vertu d’un accord politique.

Au cours du mois de mai 2024, le Syndicat de la Police nationale d’Haïti (Spnh-17) a aussi demandé, dans une note, aux nouveaux dirigeants de la transition d’effectuer, en urgence, des changements au haut commandement de la Pnh et aux directions départementales, suite à une attaque armée, le mardi 7 mai 2024, ayant fait quatre morts par balles et plusieurs autres blessés dans la zone de Martissant, toujours sous contrôle de gangs armés depuis le 1er juin 2021.

Ces changements devraient permettre d’organiser des opérations dans les fiefs des gangs armés, pour récupérer les matériels volés de l’institution policière, insiste le Spnh-17.

Il a évoqué des manœuvres, qui viseraient à maintenir dans leurs postes des responsables de police véreux, corrompus et complices des gangs armés.

Le Syndicat des policiers nationaux haïtiens (Synapoha) réclame également des changements en profondeur au haut commandement de la Pnh.

Plus de 30 commissariats, sous commissariats et antennes de police ont été, depuis fin février 2024, vandalisés et incendiés par des bandits armés, regroupés au sein d’une coalition de gangs armés dénommée Viv ansanm (vivre ensemble), rappelle l’Opc.

Depuis début mars 2024, les gangs armés exécutent un plan visant à démolir plusieurs commissariats et sous-commissariats de police dans le département de l’Ouest, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

Dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 mai 2024, des bandits armés ont détruit le commissariat de Gran Ravin, sur les hauteurs de Martissant (dans la périphérie sud de la capitale, Port-au-Prince), après avoir chassé plusieurs personnes, qui utilisaient cet espace comme refuge.

Dans la soirée du mardi 21 mai 2024, les gangs armés ont vandalisé, de nouveau, l’espace du sous-commissariat de police à Martissant.

Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent les parties gravement endommagées du bâtiment, sous contrôle des gangs armés depuis juin 2021.

Le mardi 21 mai 2024, le sous-commissariat de police de Cesselesse (Lilavois, Bon Repos, nord) a été incendié par des malfrats.

Ces attaques contre les commissariats et sous-commissariats de police surviennent dans un contexte d’accélération du processus de déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haiti.

Le mardi 21 mai 2024, a eu lieu une séance de travail entre les membres du Cpt et le Haut état-major de la Police nationale d’Haïti (Pnh) autour du déploiement de la force multinationale.

« Haïti, à travers la Police nationale d’Haïti, aura le contrôle global en ce qui concerne les opérations, sur le terrain, de la Mmas, a précisé le Conseil présidentiel de transition (Cpt), dans une note.

Qu’il s’agisse de la composition, des objectifs, des règles d’engagement et du contrôle sanitaire des troupes, tout sera coordonné et supervisé par les autorités policières haïtiennes, fait savoir le Cpt.

Une délégation de responsables kenyans était en Haiti le lundi 20 mai 2024, en vue d’inspecter la construction de la base devant accueillir la Mission multinationale d’appui à la sécurité, située non loin de l’aéroport international de Port-au-Prince, a indiqué un article du journal américain Miami Herald.

Le premier contingent kenyan devrait être composé de quelques centaines de policiers et de personnel de soutien, selon des sources citées par le journal.

Le Cpt s’est penché, le mercredi 22 mai 2024, sur la mise en place d’un Conseil national de sécurité (Cns).

A ce sujet, une rencontre, qui a rassemblé des experts nationaux, des professionnels de la diaspora ainsi que d’autres personnalités, s’est déroulée, en vue de définir une réponse efficace aux divers aspects de la crise de sécurité, que traverse Haïti.

Selon un accord signé le 3 avril 2024, le Cns devrait être chargé de définir et de superviser les arrangements, relatifs à l’assistance internationale en matière de sécurité, conformément à la résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu). [emb rc apr 27/05/2024 12:11]