P-au-P, 24 mai 2024 [AlterPresse] --- Le prochain déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, qui devrait être dirigée par le Kenya, viserait à écraser les gangs armés qui ravagent ce pays, a déclaré, le jeudi 23 mai 2024, le président kenyan William Ruto, cité par l’Agence France presse (Afp), consultée par l’agence en ligne AlterPresse.
Le Kenya et les autres pays, qui déploieront leurs troupes en Haïti, auront à « sécuriser ce pays et à briser les gangs et les criminels qui ont causé des souffrances indicibles dans ce pays », insiste-t-il.
Ruto s’est exprimé ainsi, en conférence de presse aux côtés du président américain Joseph Robinette Biden dit Joe Biden, lors d’une visite d’État à Washington, États-Unis d’Amérique.
La mission multinationale traiterait, « de manière ferme et décisive », « dans le cadre de la loi », les gangs et les criminels, qui n’ont ni statut ni religion, affirme Ruto.
Pour sa part, louant les « capacités de premier ordre » du Kenya, Joe Biden a affiché son optimisme quant à la résolution de la crise en Haïti.
Biden a aussi salué la volonté d’aide du Kenya et promis l’appui du gouvernement des les États-Unis en renseignements et équipements, dans l’espoir de stabiliser la situation d’Haïti en difficultés.
Ayant été autorisé par le Conseil de sécurité des Nations unies depuis le lundi 2 octobre 2023, le déploiement de la Mmas en Haïti fait suite à une demande d’assistance robuste, formulée, le vendredi 7 octobre 2022, par le gouvernement de facto d’Ariel Henry en faveur de la Police nationale d’Haïti (Pnh), dans la lutte contre les gangs armés.
Les retards et une procédure judiciaire en cours, principaux obstacles au déploiement de la Mmas
Les retards et une procédure judiciaire en cours, qui cherche à interdire le déploiement de la Mmas, pourraient faire dérailler l’intervention, prévient l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (en anglais : Global Initiative against Transnational organized crime).
L’arrivée, initialement prévue des policiers kenyans en Haïti le jeudi 23 mai 2024, a été brusquement reportée sans explication officielle, selon l’organisation indépendante de la société civile.
Une équipe exploratoire avait trouvé Haïti mal préparé pour le déploiement et que la construction de la caserne destinée à accueillir le contingent kenyan était incomplète, rapporte-t-elle citant des sources au sein du ministère de l’Intérieur du Kenya.
L’arrivée du contingent kenyan avait été programmée pour coïncider avec la visite du président kenyan William Ruto à Washington, la première visite d’État d’un chef d’État africain depuis 2008, rappelle-t-elle.
Ruto est arrivé, le lundi 20 mai 2024, à Atlanta, aux États-Unis d’Amérique, dans le cadre de cette visite d’État historique, au cours de laquelle des discussions ont eu lieu avec l’administration Biden sur le déploiement de cette force en Haïti.
Une délégation de responsables kenyans est aussi arrivée, le lundi 20 mai 2024, en Haïti, en vue d’inspecter la construction de la base devant accueillir la Mission multinationale, située non loin de l’aéroport international de Port-au-Prince, a indiqué un article du journal américain Miami Herald.
Le premier contingent kenyan devrait être composé de quelques centaines de policiers et de personnel de soutien, selon des sources citées par le journal Miami Herald.
Un premier groupe d’officiers kenyans devrait préparer le terrain pour l’arrivée du prochain groupe, plus important, selon un haut responsable du ministère kenyan de l’intérieur.
En conférence de presse conjointe, le jeudi 23 mai 2024 à Washington, les présidents Biden et Ruto ont réaffirmé leur engagement en faveur du déploiement de la Mmas, sans fournir de détails sur les retards, ni sur la date officielle d’arrivée du premier contingent de la force, relate l’Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée.
Frein juridique au déploiement de la Mmas
Une nouvelle plainte a été déposée, le vendredi 17 mai 2024, devant la Haute Cour du Kenya, par le chef du parti politique kenyan Thirdway Alliance, Ekuru Aukot, ancien candidat à la présidentielle kenyane et opposant de Ruto contre le déploiement de la Mmas.
En déployant la police kenyane en Haïti, le gouvernement kenyan ne tient pas compte d’une ordonnance du tribunal de janvier 2024, qui a qualifié d’inconstitutionnel et d’illégal ce déploiement en Haïti, dénonce le requérant, invoquant un outrage au tribunal et d’autres irrégularités.
La date de l’audience a été fixée au 2 juin 2024 par la Haute Cour du Kenya.
Une première audience, tenue en janvier 2024, avait temporairement bloqué le déploiement, au motif qu’il était inconstitutionnel.
Un accord de réciprocité entre le Kenya et Haïti a été alors requis par le juge Chacha Mwita, pour permettre le déploiement de la police kenyane à l’étranger.
Suite à la décision du tribunal kenyan, Ruto et le premier ministre haïtien de facto de l’époque, Ariel Henry, ont signé, en mars 2024, un accord bilatéral pour contourner cet obstacle juridique.
La Mmas sous contrôle global de la Police nationale haïtienne
Haïti, à travers la Police nationale d’Haïti, aura le contrôle global en ce qui concerne les opérations, sur le terrain, de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas), a précisé le Conseil présidentiel de transition (Cpt), dans une note.
Une séance de travail a eu lieu entre les membres du Cpt et le Haut état-major de la Police nationale d’Haïti (Pnh) autour du déploiement de la force multinationale.
Qu’il s’agisse de la composition, des objectifs, des règles d’engagement et du contrôle sanitaire des troupes, tout sera coordonné et supervisé par les autorités policières haïtiennes, souligne le Cpt.
Intensification des attaques armées contre des commissariats de police, dans un contexte de déploiement de la Mmas
Différentes attaques de gangs armés contre les commissariats et sous-commissariats de police se poursuivent en Haïti, dans un contexte d’accélération du processus de déploiement de la Mission multinationale sur le terrain
Depuis début mars 2024, les gangs armés exécutent un plan, visant à démolir plusieurs espaces de commissariats et sous-commissariats de police dans le département de l’Ouest, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
Dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 mai 2024, des bandits armés ont détruit le commissariat de Gran Ravin (sud de la capitale, Port-au-Prince), après avoir chassé plusieurs personnes qui utilisaient cet espace comme refuge.
Dans la soirée du mardi 21 mai 2024, les gangs armés ont vandalisé de nouveau l’espace du sous-commissariat de police, à Martissant.
Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent les parties gravement endommagées du bâtiment, sous contrôle des gangs armés depuis juin 2021.
Le mardi 21 mai 2024, le sous-commissariat de police de Cesselesse (Lilavois, Bon Repos, nord) a été incendié par des malfrats.
De janvier à mars 2024, plus de 2,500 personnes, dont au moins 82 enfants, avaient été tuées ou blessées dans les violences des gangs armés en Haïti, selon les Nations unies. [emb rc apr 24/05/2024 11:40]