P-au-P, 09 mai 2024 [AlterPresse] --- Le Syndicat de la Police nationale d’Haïti (Spnh-17) demande aux nouveaux dirigeants de la transition d’effectuer, en urgence, des changements au haut commandement de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et aux directions départementales, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Ces changements devraient permettre d’organiser des opérations dans les fiefs des gangs armés, pour récupérer les matériels volés de l’institution policière.
Aucune action n’a été posée jusqu’à présent pour récupérer un blindé de la Pnh, pris par des bandits armés du gang de Ti Bwa, ayant à sa tête Christ-Roi Chéry alias Krisla, lors d’une attaque perpétrée le 12 octobre 2022 contre une base de la Pnh à Martissant 23, rappelle le Spnh-17.
Plusieurs autres matériels de la Pnh ont été également volés, signale le syndicat de policiers nationaux.
Le blindé, volé par le gang de Krisla, serait responsable de la fusillade perpétrée, dans l’après-midi du mardi 7 mai 2024, aux environs de Martissant (périphérie sud de Port-au-Prince),contre un minibus assurant le trajet Carrefour/Port-au-Prince, dénonce le Syndicat de la Police nationale d’Haïti.
Cette attaque armée, le mardi 7 mai 2024, a fait quatre morts par balles et plusieurs autres blessés dans la zone de Martissant, toujours sous contrôle de gangs armés depuis le 1er juin 2021.
L’attaque armée sur ce véhicule de transport public aurait été orchestrée par un char blindé, selon la version du président de l’Association des propriétaires et chauffeurs d’Haïti (Apch), Méhu Changeux, qui déclare ne pas savoir si le véhicule blindé était occupé par des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) ou des bandits.
Contacté par AlterPresse/AlterRadio, le porte-parole de la Pnh, Garry Desrosiers, n’est pas encore en mesure de fournir une version officielle sur ce qui s’est passé dans l’après-midi du 7 mai 2024 à Martissant.
En novembre 2023, l’Association des propriétaires et chauffeurs d’Haïti (Apch) s’est élevée contre l’imposition continuelle, en toute impunité, depuis plusieurs années, par les gangs armés, de droits de passage en Haïti, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, au vu et au su des autorités étatiques, dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Les chauffeurs de transports publics connaissent des moments difficiles, en se faisant rançonner quotidiennement par ces bandits armés sur les routes nationales menant aux départements du grand sud et du grand Nord, avait fustigé l’Apch.
Des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) réclameraient entre 2,500.00 gourdes et 1,000.00 dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = + 160.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.70 gourdes en décembre 2022) comme paiement pour escorter, à l’aide de blindés de la dite institution, des citoyennes et citoyens ainsi que des convois dans certaines zones jugées dangereuses, avait aussi dénoncé le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans une correspondance adressée en décembre 2022 à l’Inspecteur général en chef de la Police nationale d’Haïti (IgPnh), Fritz Saint-Fort.
« Le droit de monter à bord du blindé s’achète (entre) deux mille cinq cents (2,500.00) gourdes au moins à cinq cents (500.00) dollars américains. Cette variation de prix repose sur le statut de la personne, qui achète le service, du simple citoyen-ne à l’entrepreneur-euse ».
Par ailleurs, le Spnh-17 évoque des manœuvres, qui viseraient à maintenir dans leurs postes des responsables de police véreux, corrompus et complices des gangs armés.
Il condamne le viol de nombreuses femmes et filles, l’assassinat de beaucoup de personnes, dont des policiers nationaux, et le déplacement forcé de milliers d’autres personnes, qui fuient la terreur et les violences des gangs armés dans différents quartiers, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
Le 24 avril 2022, des membres de la fédération de criminels, dénommée G-9 an fanmi e alye, montés à bord de plusieurs véhicules, dont un (1) blindé de la Pnh affecté au service de l’Unité départementale pour le maintien de l’ordre (Udmo), avaient prêté main forte à la base des Chen Mechan, lors du carnage perpétré à la Plaine du Cul-de-Sac, avait dénoncé le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans un rapport en date du 27 juin 2022.
191 personnes ont été assassinées, soit 107 hommes, 76 femmes, 6 filles et 2 garçons. Au moins 18 femmes ont été violées, au cours d’affrontements violents qui ont éclaté, du 24 avril au 6 mai 2022, entre les gangs armés des 400 Mawozo et Chen Mechan, a alors rapporté le Rnddh.
« 17 d’entre elles ont été exécutées par la suite. 81 maisons et 57 véhicules au moins ont été incendiés. De nombreuses personnes ont été blessées par balles ou à l’arme blanche et 158 enfants sont devenus orphelins ». [emb rc apr 09/05/2024 11:00]