P-au-P, 07 mai 2024 [AlterPresse] --- Plusieurs expert-e-s de l’Organisation des Nations unies (Onu) [1] déclarent ệtre alarmés sur les violences sexuelles, que continuent de subir les femmes et les filles, premières victimes de la crise qui ravage Haïti, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Ces expertes et experts onusiens dénoncent les gangs criminels, qui continuent d’utiliser la violence sexuelle contre les femmes et les filles comme principale tactique pour instiller la peur, extorquer de l’argent, prendre le contrôle du pouvoir, ainsi que pour punir les communautés locales.
« Les femmes et les filles déplacées à l’intérieur du pays, qui vivent dans des sites de déplacement inadéquats et précaires, sont particulièrement vulnérables à la violence sexuelle », ont déclaré, le lundi 6 mai 2024, ces expert-e-s onusiens, cités par le site Onu info consulté par AlterPresse.
Une mise en garde est également lancée contre l’augmentation des risques et la prévalence de la traite des femmes et des filles, à des fins d’exploitation sexuelle et d’esclavage sexuel.
Les femmes et les filles continuent de subir, de manière disproportionnée, les conséquences de la crise en Haïti.
De plus, les inégalités préexistantes et la discrimination sexiste aggravent la situation, signalent ces expert-e-s onusiens, soulignant combien les droits des femmes et des filles font l’objet de violations généralisées « en toute impunité ».
Elle/ils évoquent une flambée de violence sans précédent en Haïti, qui met en péril le droit à l’intégrité physique et mentale, voire à la vie.
Cette violence a entraîné la perte des moyens de subsistance et l’insécurité alimentaire de la population, des déplacements généralisés et multiples, l’effondrement de l’éducation, et la défaillance des services de santé et d’autres services essentiels, énumèrent les expertes et experts.
Elles/ils déplorent aussi le manque d’accès à la justice, dû à la peur des représailles et au manque d’opportunités économiques.
Les expert-e-s de l’Onu pointent du doigt l’incapacité grave et persistante des autorités à protéger et à faire respecter les droits des femmes et des filles dans cette situation de crise.
Les survivantes de la violence ne peuvent toujours pas recevoir l’assistance et la protection dont elles ont besoin, fustigent-ils, appelant les bandes criminelles à mettre fin immédiatement à toute forme de violence sexiste.
1,169 femmes et filles sont victimes de violences sexuelles, alors que 679 sont victimes de violences physiques, de janvier à novembre 2023 en Haïti, a relevé l’organisation féministe Nègès Mawon, dans un rapport.
Entre mai 2022 et mars 2023, au moins 652 femmes et filles ont été victimes de viols individuels et collectifs dans les zones contrôlées par les gangs, a-t-elle enregistré.
De janvier à mars 2024, 2,505 personnes ont été tuées et blessées, dans les violences liées aux gangs armés en Haiti, d’après un rapport du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), en date du vendredi 19 avril 2024.
Ces cas de meurtres et de blessures ont augmenté de plus de 53 % par rapport à la période allant d’octobre à décembre 2023. Ce qui signifie que les trois premiers mois de l’année 2024 représentent la période la plus violente, depuis au moins le début de 2022, note le Binuh. [emb rc apr 07/05/2024 11:10]
[1] Les experts de l’Onu sont Dorothy Estrada Tanck (présidente), Claudia Flores, Ivana Krstić, Haina Lu, et Laura Nyirinkindi, groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles ; Margaret Satterthwaite, rapporteure spéciale sur l’indépendance des juges et des avocats ; Tlaleng Mofokeng, rapporteure spéciale sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible ; Alice Jill Edwards, rapporteure spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ; Tomoya Obokata, rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences ; Paula Gaviria Betancur, rapporteure spéciale sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays ; Siobhán Mullally, rapporteure spéciale sur la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants ; Mama Fatima Singhateh, rapporteure spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants ; Reem Alsalem, rapporteure spéciale sur la violence contre les femmes et les filles, ses causes et ses conséquences ; Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; Michael Fakhri, rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation.