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Haïti-Crise : Le Conseil présidentiel de transition installé au palais présidentiel

P-au-P., 25 avril 2024 [AlterPresse] --- Le Conseil présidentiel de transition, composé de 9 membres, a été installé, tôt dans la matinée de ce jeudi 25 avril 2024, au Palais national, a appris AlterPresse d’une source au sein de l’organe.

La cérémonie a débuté après 8:00 du matin (12:00 gmt) avec la participation des membres du Conseil et celle du premier ministre intérimaire, Michel Patrick Boisvert, en présence de membres du gouvernement de facto et de personnalités issues de divers secteurs représentés au Conseil présidentiel de transition.

Il s’agissait, selon notre source, d’une cérémonie de prestation de serment, qui a pris fin aux environs de 9:00 am (13:00 gmt), et les membres du Conseil présidentiel de transition se sont dirigés vers la Villa d’accueil à Musseau (est de la capitale) pour une autre cérémonie préalablement annoncée.

L’hymne présidentiel et l’hymne national ont été exécutés par la fanfare du palais, en l’honneur des 9 membres du Conseil présidentiel de transition.

Le mandat du Conseil de transition, défini dans le cadre d’un accord politique, est de 22 mois, jusqu’à l’entrée en fonction, en février 2026, d’un président issu des urnes. Ce délai ne peut être prolongé en aucun cas.

Durant la cérémonie, des tirs ont été quand-même entendus dans les parages du palais, cible depuis plusieurs jours d’attaques de la part des gangs. Aucun effet particulier sur l’évènement n’a été noté.

Le palais présidentiel n’a finalement pas été mentionné dans le cadre des cérémonies de passation des pouvoirs entre le gouvernement de facto sortant et les nouveaux dirigeants.

De ce fait, la cérémonie ayant eu lieu au siège de la présidence a provoqué la surprise.



La suite des activités du jour se déroule à la Villa d’Accueil, ancienne résidence privée, devenue propriété d’État, qui a servi, entre autres, de bureau du Conseil électoral provisoire (Cep) dans les années 1990, puis de bureau des premiers ministres, second lieu de référence du pouvoir exécutif.

Les membres du Conseil de transition sont : les votants Smith Augustin, Louis Gérald Gilles, Fritz Alphonse Jean, Edgard Leblanc fils, Laurent St Cyr, Emmanuel Vertilaire, Leslie Voltaire, et les observateurs Régine Abraham et Frinel Joseph.

Le 24 avril 2024, Ariel Henry a signé sa démission en tant que premier ministre, dans une lettre adressée au Conseil des ministres et datée de Los Angeles.

« Prenant acte de l’état de fait, je présente la démission de mon gouvernement », écrit-il.

Juste avant de démissionner, Ariel Henry et les ministres ont procédé à la nomination par arrêté de Michel Patrick Boisvert au poste de premier ministre intérimaire, en attendant la formation d’un nouveau gouvernement, pour assurer la continuité de l’État.

Titulaire du Ministère de l’économie, Boisvert jouait déjà le rôle depuis le départ d’Haïti, en février 2024, d’Ariel Henry.

Un large accord politique est à la base de cette évolution de la situation politique en Haïti.

Ses parties prenantes sont : Accord du 21 Décembre 2022 (coalition gouvernementale sortante), l’Accord du 30 août 2021 dit Accord de Montana, le Collectif des partis politiques du 30 janvier 2023, l’Organisation politique Fanmi Lavalas, le parti politique Pitit Desalin, la Plateforme Résistance démocratique/Engagés pour le développement (Red/Ede) et le regroupement politique Compromis historique, les associations patronales et regroupements d’hommes et de femmes d’affaires haïtiens, le Groupe de la Société civile et le Rassemblement pour une entente nationale (Ren)/Inter-Foi.



Les enjeux sont énormes et les conditions générales de mise en œuvre de la prochaine transition extrêmement difficiles. Les obstacles de tous ordres, qui jalonneront le parcours de l’administration durant les 22 mois à venir (jusqu’au 7 février 2026) ne sont pas à minimiser.

Le prochain gouvernement aura à initier le processus de redressement de l’administration publique, garantir le fonctionnement des institutions juridictionnelles, relancer la vie économique et sociale, établir et maintenir un climat de paix sociale propice à la tenue de la Conférence nationale et des élections générales.

La zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince est actuellement paralysée par les gangs armés, qui y sèment la terreur, surtout depuis le jeudi 29 février 2024.

De janvier à mars 2024, environ 2,500 personnes ont été tuées ou blessées à cause de la violence des gangs armés, soit une augmentation de 53% par rapport au trimestre d’octobre à décembre 2023, selon un rapport du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), publié le vendredi 19 avril 2024.

Les violences ont déjà provoqué, depuis l’annee 2023, le déplacement d’environ 400,000 personnes, la plupart à la capitale.

Dans les zones infestées de gangs, notamment l’Artibonite (Nord) et la zone métropolitaine de la capitale, les écoles sont pratiquement fermées, tout comme diverses branches d’activités économiques et sociales. La production agricole est gravement affectée, la faim tenaille environ 5 millions d’Haïtiennes et d’Haïtiens (près de la moitié de la population), selon les chiffres de l’Organisation des Nations unies (Onu). [25/04/2024 08:40]

Photo : Compte X / Péguy Jean