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Haïti-Crise : « Nous n’avons pas le droit à l’échec », dixit Clarens Renois du parti politique Unir

P-au-P, 24 avril 2024 [Alter Presse] --- Le parti politique Union nationale pour l’intégrité et de la réconciliation (Unir) appelle tous les secteurs à s’engager dans le processus de transition en cours, à le soutenir et veiller à ce qu’il apporte des résultats.

« Il y a une exigence de stabilité. Nous n’avons pas le droit à l’échec », déclare le coordonnateur du parti politique Unir, Jean Clarens Renois à l’émission TiChèzBa, diffusée sur AlterRadio 106.1 F.m. et suivie par AlterPresse.

Haïti exige plus de dignité dans sa gestion et plus d’indépendance par rapport à l’influence de la communauté internationale, soutient-il.

C’est pour la première fois que le pays essaie d’expérimenter un gouvernement collégial, réunissant différents partis politiques, et c’est intéressant, estime-t-il.

Des partis politiques, qui étaient autrefois très opposés, se retrouvent à présent dans les mêmes cercles de discussions et consolident une occasion de travailler ensemble, applaudit le parti politique Unir, faisant aussi remarquer combien il sera difficile de corrompre 7 ou 9 membres d’un Conseil en même temps.

Haïti est capable de retrouver sa dignité et sa souveraineté dans cette nouvelle expérience que le pays s’apprête à faire. Cette possible conquête pourrait permettre aux Haïtiennes et Haïtiens d’avoir confiance dans l’État et d’accorder un certain crédit aux dirigeantes et dirigeants, et aux élites, espère-t-il.

« C’est une expérience à accompagner, à encourager pour construire une nouvelle société ».



Le jeudi 25 avril 2024 est la date retenue pour l’installation, à la Villa d’Accueil, située dans les hauteurs de Bourdon/Musseau (secteur est), des membres du Conseil présidentiel de transition, nommés le 16 avril 2024, a confirmé pour AlterPresse une source de cet organe.

Cette ancienne résidence privée, devenue propriété d’État a servi, entre autres, de bureau principal du Conseil électoral provisoire (cep), de bureau des premiers ministres, second lieu de référence du pouvoir exécutif.

L’action coordonnée et intense des gangs, qui occupent environ 90% de la capitale, a poussé à abandonner l’idée d’organiser la cérémonie d’installation au palais national, situé au Champ de Mars, principale place publique au centre de la capitale.

Le gouvernement de facto a procédé, dans la soirée du mardi 16 avril 2024, à la publication formelle de l’arrêté reproduit de nomination des 9 membres dudit Conseil.

La question des gangs armés

Il faut trouver une assistance auprès de la communauté internationale, afin de combattre les gangs armés et non de les amnistier, insiste le parti politique Unir.

Toute amnistie équivaudrait à donner une prime à la criminalité, met en garde le parti politique Unir, tout en demandant à la justice de sévir contre toutes celles et tous ceux qui financent, distribuent les armes, de l’argent, pour que les gangs, qui tuent, violent et volent, puissent proliférer.

Toutefois, Clarens Renois suggère de penser à la réhabilitation et l’insertion sociale des jeunes qui, dans un moment de folie et d’euphorie, ont intégré des groupes de gangs.

Le parti politique Unir exige de la prison pour celles et ceux qui le méritent, après jugement.

Après une démonstration de force des gangs armés, qui ont contraint Ariel Henry à démissionner le lundi 11 mars2024, se retrouvant bloqué à Porto Rico depuis le mardi 5 mars 2024, l’ancien officier de police Guy Philippe - [1], qui déclare prôner une « révolution » dite « pacifique », a avancé qu’il serait prêt à implémenter un programme d’amnistie pour les chefs de gangs en Haïti, une fois élu président, dans une interview avec le journal Reuters.

L’aggravation, depuis le jeudi 29 février 2024, de la situation sécuritaire à Port-au-Prince place les gangs armés au cœur des préoccupations actuelles.

Une escalade de violences, provoquées depuis le jeudi 29 février 2024 dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, par les gangs armés et des pressions américaines ont contraint le premier ministre de facto, Ariel Henry à annoncer sa démission, le lundi 11 mars 2024.

« Les gangs ont des forces politiques, qui les soutiennent encore. Ils veulent installer quelqu’un au pouvoir. Donc, le rétablissement de la sécurité ne sera pas une tâche facile, d’autant que la police est très affaiblie », avance le parti politique Unir.

« L’un des problèmes réside dans le fait que nous n’avons pas de force de sécurité efficace pour reprendre le contrôle de la capitale, Port-au-Prince et d’autres communes de l’Artibonite sous la domination des gangs armés », considère le parti politique Unir, qui encourage une coopération internationale agissante, à travers les Nations unies. pour relever les défis de sécurité en Haiti.

Défi majeur, la sécurité inclut le contrôle des frontières, l’établissement de relations avec les puissances étrangères, la création d’opportunités pour les jeunes et la cessation des liens entre les gangs armés et les secteurs privés et politiques, explique Clarens Renois.

Le déploiement d’une Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti a été autorisé par le Conseil de sécurité des Nations unies depuis le lundi 2 octobre 2023.

Il fait suite à une demande d’assistance robuste, formulée, le vendredi 7 octobre 2022, par le gouvernement de facto d’Ariel Henry en faveur de la Police nationale d’Haïti (Pnh), dans la lutte contre les gangs armés.

De janvier à mars 2024, environ 2,500 personnes ont été tuées ou blessées à cause de la violence des gangs armés, soit une augmentation de 53% par rapport au trimestre d’octobre à décembre 2023, selon un rapport du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), publié le vendredi 19 avril 2024. [mff emb rc apr 24/04/2024 16:00]

Photo : capture d’écran


[1Ayant purgé une peine d’emprisonnement de 6 ans, aux États-Unis d’Amérique, pour blanchiment d’argent lié au trafic illicite de drogue, après son arrestation à Pétionville le jeudi 5 janvier 2017, Guy Philippe a été déporté des États-Unis le jeudi 30 novembre 2023, à bord d’un vol avec plus d’une douzaine d’autres personnes.