P-au-P, 23 avril 2024 [AlterPresse] ---Le Sud d’Haïti représente, en particulier, une zone de préoccupation croissante en matière de trafic de drogue et d’armes à feu, compte tenu de l’espace aérien mal surveillé et du littoral incontrôlé, renouvelle la directrice exécutive de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), l’Égyptienne Ghada Fathi Ismail Waly, citant le dernier rapport de l’Onudc
« Les violences des gangs, rendues possibles par l’afflux continu d’armes à feu en Haïti et soutenues par la corruption, ont augmenté en fréquence et en intensité. Elles s’étendent géographiquement », signale Ghada Waly, lors d’une intervention devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), le lundi 22 avril 2024, à laquelle a assisté AlterPresse.
Entrant également par les côtes Sud d’Haïti, les armes à feu et les munitions sont transportées directement vers Port-au-Prince, par des itinéraires qui seraient contrôlés par des gangs affiliés à la fédération de gangs criminels, dénommée Gpèp, révèle l’Onudc.
Il pointe d’éminentes personnalités politiques et économiques, qui sont soupçonnées d’implications dans ces marchés criminels.
L’Onudc dénonce un trafic d’armes et de munitions, largement dirigé depuis l’étranger.
Il y a une augmentation considérable de la puissance de feu des gangs armés en Haïti, relève l’Onudc, avançant comme preuves les dernières attaques coordonnées des gangs contre des infrastructures clefs du pays.
Depuis le jeudi 29 février 2024, des attaques coordonnées de gangs armés ont ciblé des infrastructures clés de l’État, notamment plusieurs commissariats de police et deux des principales prisons de Port-au-Prince, ainsi que des établissements d’enseignement et de santé et des sites religieux.
83 institutions et/ou entreprises privées et publiques ont été attaquées, vandalisées et/ou incendiées à Port-au-Prince et dans les communes avoisinantes, dont 19 postes de police et 5 tribunaux de paix et un (1) tribunal de première instance, a recensé le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans un rapport en date du mercredi 10 avril 2024, qui couvre la période allant de janvier à mars 2024.
L’Onudc alerte sur une augmentation des risques de trafic de migrantes et migrants, et de traite des êtres humains, en raison des déplacements croissants et des situations d’extrême vulnérabilité.
Face à cette détérioration générale, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime demande de renforcer les capacités nationales d’Haïti en matière de réglementation des armes à feu, ainsi que les capacités frontalières et douanières, en particulier dans les ports et aux points frontaliers entre Haïti et la République Dominicaine.
En l’absence de déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, mandatée par le Conseil de sécurité de l’Onu, parallèlement à une solution politique à long terme, « la situation restera extrêmement difficile », avertit l’Onudc.
Le déploiement de la Mmas a été autorisé par le Conseil de sécurité des Nations unies depuis le lundi 2 octobre 2023, suite à une demande d’assistance robuste, formulée, le vendredi 7 octobre 2022, par le gouvernement de facto d’Ariel Henry en faveur de la Police nationale d’Haïti (Pnh) dans la lutte contre les gangs armés.
L’Onudc appelle la communauté internationale à rester aux côtés des institutions, des citoyennes et citoyens haïtiens, pour faire face aux violences armées, à la corruption et au chaos.
De janvier à mars 2024, environ 2,500 personnes ont été tuées ou blessées à cause de la violence des gangs armés, soit une augmentation de 53% par rapport au trimestre d’octobre à décembre 2023, selon un rapport du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), publié le vendredi 19 avril 2024. [emb rc apr 23/04/2024 12:35]