P-au-P, 23 avril 2024 [AlterPresse] --- La représentante spéciale du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), l’Équatorienne Maria Isabel Salvador, exprime sa préoccupation par rapport à « certains des pires scénarios » devenus réalités en Haïti, ces derniers temps, lors d’un exposé par visioconférence devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le lundi 22 avril 2024, suivi par AlterPresse.
Au début du mois de mars 2024, les gangs armés ont perpétré plusieurs attaques coordonnées, ciblant des infrastructures clés de l’État, notamment plusieurs commissariats de police et deux des principales prisons de Port-au-Prince, ainsi que des établissements d’enseignement et de santé et des sites religieux, rapporte le Binuh.
Dans la nuit du samedi 20 avril 2024, ces criminels ont pillé la Faculté de médecine de l’Université d’État d’Haïti (Ueh), emportant panneaux solaires, véhicules ainsi qu’un nombre indéterminé de divers matériels.
Il s’agit d’une « spirale de violence dramatique, sans précédent et sans fin » en Haïti, évoque le Binuh.
De nombreuses victimes ont été enregistrées lors de ces attaques régulières, lancées par les gangs armés contre l’espace du palais présidentiel, donnant lieu à de violents affrontements avec la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Les attaques des gangs armés contre des infrastructures de l’État « ont encore affaibli les institutions étatiques et aggravé les défis déjà critiques au rétablissement de l’État de droit », relève le Binuh.
En dépit d’immenses efforts déployés par la Police nationale d’Haïti (Pnh), aidée par les modestes Forces armées d’Haïti (Fad’h) et conseillée par le Binuh ainsi que d’autres partenaires internationaux pour contenir la spirale de violence dans le pays, « la gravité de la crise actuelle souligne les lacunes en matière de capacités au sein des structures nationales et le besoin urgent d’une aide internationale, notamment par le biais du déploiement immédiat de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, signale le Binuh.
La cheffe du Binuh insiste sur la nécessité d’aider Haïti dans ses efforts pour rétablir la sécurité, tout en soulignant l’importance du déploiement urgent de la Mmas, autorisé par le Conseil de sécurité des Nations unies depuis le lundi 2 octobre 2023.
Cette autorisation fait suite à une demande d’assistance robuste, formulée le 7 octobre 2022 par le gouvernement de facto en faveur de la Police nationale d’Haïti (Pnh) dans la lutte contre les gangs armés.
Tout en encourageant la communauté internationale à continuer d’être solidaire du peuple haïtien, le Binuh exhorte tous les États membres de l’Organisation des Nations unies (Onu) à continuer de financer le plan de réponse humanitaire, à ce moment très critique et unique pour Haïti, sans plus tarder, pour confirmer les contributions nécessaires au déploiement de la mission multinationale en Haïti.
« Le régime de sanctions est également un outil efficace pour décourager les tentatives de déstabilisation des fauteurs de troubles et des criminels, en faveur d’un progrès politique et démocratique transparent ».
Le Conseil de sécurité de l’Onu a voté à l’unanimité, le vendredi 21 octobre 2022, une résolution établissant « un régime de sanctions spécifiques, ciblant les chefs de gangs armés qui opèrent en Haïti et tous ceux qui les soutiennent », en finances et en armes.
Au cours du premier trimestre de l’année 2024 (janvier à mars 2024), environ 2,500 personnes ont été tuées ou blessées à cause de la violence des gangs, soit une augmentation de 53% par rapport au trimestre d’octobre à décembre 2023, selon un rapport du Binuh, publié le vendredi 19 avril 2024.
Depuis le 8 mars 2024, en quête de sécurité, près de 100,000 Haïtiennes et Haïtiens ont quitté Port-au-Prince pour aller se réfugier dans différents départements, particulièrement le grand Sud d’Haïti, fuyant la violence des gangs, déplore la représentante spéciale du secrétaire général de l’Onu. [emb rc apr 23/04/2024 10:45].